La dialectique du fou
Tout
le monde connaît la diagonale. Ce truc qui en travers permet
d'atteindre l'autre bout du miroir sans passer par les autres sommets.
Je
voudrais vous faire partager mes élucubrations lexicales, celles de mes
succès et de mes échecs. C'est la raison de ce titre thématique.
Et
je poursuis cette série, qui connaîtra les épisodes que je saurai y
ajouter, "à demain si vous le voulez bien", comme disait un monsieur
loyal radiophonique, mais aussi si je le peux bien.
Les voraces et les coriaces
A
la base de ma pensée du jour se trouve la légende des Horaces et des
Curiaces. D'après Tite-Live, durant le règne de Tullus Hostilius, selon
la tradition, troisième roi de Rome entre 673 et 641 avant Jésus-Christ,
les conflits entre Rome et Albe la Longue trouvèrent une issue dans un
combat qui fut décidé entre trois champions de chacune des cités.
Plutôt
que de lever des armées entières, les champions, en nombres égaux,
devaient se rencontrer ... pour se tarter. La légende nous apprend que
les Horaces romains mirent la pâtée aux Curiaces albains. Mais deux des
romains périrent. Tous trois blessés les albains décidèrent de se
relever et de partir en chasse vers le romain resté valide.
Ils partirent séparément et en désordre, toutefois, en raison de leur état. Baffes prises ne rendent pas vivacité d'esprit.
Publius
Horatius, le survivant qui rentrait vers Rome, vit que ses trois
adversaires le poursuivaient. Il fit volte face et put transformer les
albains déjà éparpillés (façon) en puzzle, il y a pas si longtemps on aurait dit à la Volfoni.
La
soeur de Publius Horatius était fiancée à l'un des Curiaces, et à son
retour à Rome, il la tua alors qu'elle pleurait son fiancé, car, selon
lui, il fallait « qu'ainsi périsse toute Romaine pleurant un ennemi ».
Condamné à mort, il fut acquitté devant l'Assemblée du Peuple mais dut
passer sous le joug, symbole de la soumission à la loi romaine.
La gens Horatia fut dès lors soumise à des cérémonies purificatrices.
Ouich. C'est pas top en fait ce truc. Ca se termine quand même en jus de boudin pour pas mal de gens.
De
cette histoire il nous faut comprendre plusieurs choses. La première
est que les lois qui régissent la Cité, les cités, la société en
général, sont faites pour permettre au peuple de comprendre ce qui est
possible et ce qui ne l'est pas.
Il
n'est pas possible de traîner des conflits qui n'en finissent pas donc.
Il faut bien en découdre. Et si on veut éviter la guerre, cette guerre
qui décime les peuples, on peut toujours choisir la médiation.
Bon.
La médiation à la romaine d'époque, c'est encore le système Pierrafeu
avec gourdins et sauve-qui-peut. Les diplomates ne sont pas encore
éduqués pour travailler au Quai d'Orsay.
La
Rome antique c'était pas toc pourtant. Juste une question de temps pour
arriver à de meilleurs usages. Je vous parle de ça, et ça remonte à
plus de 25 siècles.
Mais
en fait pourquoi se foutait-on sur la gueule à l'époque ? Et bien pour
des questions de fric, de cul, pardon : d'alliances improbables, de
comportements imbéciles ... mais oui, une beuverie qui se termine mal,
un geste déplacé et la mer se met à bouillonner. Ou la mère, ce qui fait
que le père, les frères et les soeurs, si j'avais un marteau ... vous
voyez rien n'a changé.
Donc on se baffait pour les mêmes raisons qu'aujourd'hui, mais les lois étaient pas les mêmes.
De
tous temps, la société a fonctionné comme ça. Il y a les voraces, qui
par envie ou par besoin veulent prendre des trucs qui sont pas les leurs
à la base, et les coriaces qui se laissent pas faire.
Et
pour mettre tout le monde d'accord, pour essayer de limiter le bain de
sang, on se rencontre, on s'asseoit, on papote, on se met d'accord et on
écrit sur un beau papier le texte qui permet à tous et à chacun de
savoir ce qu'on peut faire ou ne pas faire.
La loi permet donc de mettre à peu près d'accord les voraces et les coriaces. Ca sert à ça.
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