04 février 2019

L'actualité sous le filtre de ma (presque) mauvaise foi. 4 février 2019

En bandeau : une actualité débordante, où l'on trouve le sujet fort du moment aux États-Unis : ce teint blanc tellement seyant est dû aux bons gènes, sans allergène, de l'Agent Orange. Êtes-vous pour ou contre ?

Christiane Taubira avait trouvé la formule ni-ni-de-de appropriée pour désigner le numéro 8 des présidents de la cinquième république, Emmanuel Jean-Michel Frédéric Macron, alias Yslapeth, bistouquet, Son Emanation, celui sans qui Jupitérien, mais avec c'est bien pire.

Bref, il nous a habitué à plein de choses nouvelles, mais il faut du temps pour arrêter de décoder quand même.

Ces derniers temps, il était enlisé à l’Élysée encerclé par les gilets jaunes, il est en train de les jeter comme des kleenex à la corbeille des inutiles, à moins de ne pas le laisser faire, ce qu'il est en train de tenter de pondre, ma poule, les bouseux qui jouent avec des karchers font figure de dinosaures leptoniques.


Un bref petit séjour chez Sissi, non ! pas l'impératrice, patate, Abdel Fattah al-Sissi, le chef du moment des égyptiens, lui aura donné à coup sûr le sentiment de pouvoir reprendre l'initiative, les astres doivent être avec lui, il ne peut en être autrement. Passer de la  pyramide du Louvre aux vraies, d'abat cymbales à Abou Simbel , de shampouinons à Champollion, c'est quand même, dans une petite tête en construction, un sacré progrès.

A peine rentré au bercail, l'arabesque éloignée des moucharabiés, voici notre Shoukranedeuf pris la main dans le sac à tester l'idée d'un référendum qui serait associé aux élections européennes. (shoukran signifiant merci, et notre Phare présidentiel en ayant visiblement beaucoup à rendre des mercis jusqu'au jour où il rendra aussi des comptes)

C'est à coup sûr une tentation de noyer le poisson pour effacer les erreurs du passé. Si les élections européennes devaient en même temps faire l'objet de questions multiples pour savoir si les français sont d'accord pour la poursuite de l'expérience 80 km/h, des prothèses dentaires remboursées à 100%, ou de l'interdiction de la vente de viande de cheval dans les hamburgers de bœuf en même temps que le choix d'un projet pour l'avenir de l'Europe, ce serait une très belle réussite, sur le papier d'une agence marketing, mais un sacré gâchis sur le plan politique.

Il n'est pas certain que les partenaires européens voient d'un très bon œil une gestion intérieure aussi merdique. Et vu le tollé que suscite l'idée d'un référendum conjoint au scrutin pour les législatives européennes, y compris dans l'entourage de Macron, il est probable que l'idée d'un référendum sur des questions intérieures à la France soit mise de côté, ou replacée après les européennes. Probable. Faut voir. Avec le petit faut quand même se méfier.

Mais il avait bien dit, il y a peu, que le grand débat n'était pas un référendum, qu'il n'était pas question ni de référendum, ni de dissolution, et que les changements de cap appartenaient aux mythes, et aux mites.

On nous laisse comprendre qu'on pourrait avoir donc un grand débat, un référendum, et donc, parce qu'il ne faut pas pousser mémère quand même, un de ces quatre, on nous fera tester aussi l'idée, quand toutes les autres seront faisandées, une dissolution à venir ?

Et si pour économiser un pognon dingue on se faisait un référendum maintenant avec une seule question : voulons-nous continuer de cette politique qu'on a maintenant ? Une simple réponse oui ou non, sans autre décoration et artifice pour y voir vraiment clair.

Parce que dans le fond, les procéduriers aux contours orduriers qui font durer les déplaisirs, ça commence à bien faire. On ne sait toujours pas si Benalla est un voyou ou un super-flic diplômé par le fait du prince, mais ce qu'on sait c'est qu'il n'est ni honnête, ni éligible en raison d'une réussite à un examen. Le seul qu'il risque de réussir au rythme où on nous pond les facéties peu glorieuses des "hommes du président" est une mise en examen tôt ou tard pour avoir obéit, semble t-il aux instructions reçues.

Pendant que les gens s'interrogent sur ce qu'ils vont pouvoir compter pour boucler les fins de mois, Shoukrandeuf et sa clique se drapent en Vuitton au frais d'un employeur qui fait partie des très rares personnes qui s'enrichissent beaucoup. Ce qui fait plus qu'interroger Ginette, qui, depuis, Mourenx, et sans paraphraser Ducros, se décarcasse pour payer les frais de Noël en cagnottant sur plusieurs mois (on en parle plus bas dans les articles).

Le même président inflige, un peu vite au goût d'une partie des chefs d'états européens, un camouflet à Maduro en lui signifiant qu'il n'est plus président du Venezuela, ce qui est en partie le souhait de beaucoup de gens, mais ne s'agit-il pas là d'un manque de respect des procédures, d'une ingérence dans les affaires d'une puissance constituée ?

Nombreux sont les exemples de la transformation récente de la France qui s'enorgueillissait de son Bureau international des poids et mesures, BIPM, à Saint Cloud, et qui est devenue très nettement le paradis des deux poids et deux mesures.

Faut dire que Saint-Cloud n'est pas la capitale de l'intelligence scientifique et culturelle, certains occupants n'y font pas que beau au passé.

Ne sent-on pas dans ce contexte délétère l'emprise croissante d'un pouvoir schizophrène qui ne trouve plus aucun complexe à instrumentaliser les institutions pour son seul maintien ? Perquisitions dans les médias, interdiction de porter préjudice aux intérêts des entreprises, mêmes les plus crapuleuses, limitation des droits d'expression, manifestations, liberté de parole, et par dessus tout destruction lente mais certaine de tout l'ensemble du bien commun.

N'y a t-il pas un signal d'alarme éloquent quand on voit que le Conseil d’État est appelé pour revenir à la raison sur l'usage d'armes dans le maintien de l'ordre public, et que le même Conseil d’État ne trouve rien à y redire si les consignes qui sont données aux forces de l'ordre respectent la procédure prévue ? Et quand on constate que tous les boxeurs de rue n'ont pas un traitement identique ?

Il est plus que temps de se rassembler pour s'opposer frontalement à un pouvoir déliquescent. Parce que l'Histoire montre combien la mémoire des peuples est fragile à se souvenir bien d'où ils viennent, et que les dirigeants sont forts à utiliser cette fragilité pour refaire les mêmes imbécilités.


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Europe 1 (4/2/2019) : Ginette, habitante de Mourenx en colère contre Emmanuel Macron : "Ça sert à quoi de discuter avec un mec qui ne veut pas nous entendre ?"
https://www.dailymotion.com/video/x71ssym#tab_embedAu mois de novembre, Ginette, une habitante de Mourenx d'une cinquantaine d'années, partageait avec Europe 1 les difficultés qu'elle rencontrait au quotidien. Aujourd'hui, "il n'y a rien qui a changé", explique-t-elle à Nikos Aliagas.

La colère de Ginette n'est pas retombée. Au mois de novembre dernier, cette habitante de Mourenx, âgée d'une cinquantaine d'années, confiait sur Europe 1 qu'elle regrettait avoir voté pour Emmanuel Macron à la présidentielle. Elle avait même accroché un gilet jaune à son balcon en guise de soutien au mouvement, son handicap l'empêchant d'aller manifester. "J’ai toujours mon gilet jaune sur le balcon. (...) Pour moi, il n'y a rien qui a changé", assure-t-elle lundi au micro de Nikos Aliagas.

"Je ne demande pas la lune." "Ça sert à quoi d’aller se faire taper dessus tous les samedis ? Ça ne fait pas avancer les choses. Ça sert à quoi de discuter avec un mec qui ne veut pas nous entendre, qui va nous enfumer avec sa lettre ? Je ne vois pas ce que je peux lui dire", juge-t-elle en faisant référence à Emmanuel Macron et sa lettre aux Français appelant à participer au "grand débat national". Et quand l'idée d'interpeller le président de la République à l'occasion de ce "grand débat national" lui est suggérée, elle répond qu'il n'est pas accessible.

Si Ginette avait l'occasion de s'adresser à lui, elle lui dirait tout simplement : "Monsieur le président, relevez les salaires." "Je ne demande pas la lune. (...) Je veux un peu plus d’argent à la fin du mois pour pouvoir vivre, pour pouvoir faire plaisir à mes petits-enfants, à mes enfants. C’est ma seule richesse. Ma seule richesse, c’est ma famille. Et ma famille, je veux pouvoir la gâter." Faire plaisir à sa famille, elle a réussi à le faire à Noël en se serrant la ceinture mais "maintenant, on va le payer sur plusieurs mois", se lamente-t-elle.

Et oui, il y a plein de gens pour lesquels Noël est un truc qui se prend à crédit, sans l'aide de la banque, en achetant un peu moins de ci ou un peu moins de ça pour garder un peu la tête haute et ne pas trouver que la misère gronde. Rien à voir avec les ors de la République, et même si il est raisonnable de trouver que le train de vie de l’État mérite qu'on y contribue tous, le train de con du chef est beaucoup moins plébiscité.

Mediapart (3/2/2019) : Alexandre Benalla tend un miroir à la Macronie

Maud Assila

Ce sera peut-être l’affaire qui marquera le quinquennat. Qui sait, celle qui pourrait faire tomber Macron ou ses collaborateurs les plus proches : l’affaire Benalla, dont les épisodes et les soubresauts sans fin ont de quoi stupéfier les plus farouches opposants au pouvoir en place. Mais enfin, comment cet homme a-t-il pu obtenir une position aussi haute, des fonctions aussi cruciales au plus près du Président de la République et cumuler autant d’avantages et de privilèges de toutes sortes ? Droit d’entrée à l’Assemblée nationale, autorisation de port d’armes et, au bout du bout, droit d’enfreindre les règles les plus fondamentales, comme montrent la quasi-impunité dont Alexandre Benalla a pu jouir après s’être fait passer pour un policier pour mieux frapper les manifestants du 1er mai, ou encore tout récemment, les révélations sur son utilisation de passeports diplomatiques alors même qu’il avait été licencié, sous la pression médiatique.

Tous ces éléments ont déjà de quoi plonger dans des abîmes d’interrogation. Mais ils font vaciller lorsqu’on prend connaissance de la conversation que l’ancien garde du corps a eue avec Vincent Crase, gendarme lui aussi mis en examen pour avoir participé à la sortie du 1er mai et frappé à l’occasion. Dans ce dialogue révélé par Médiapart et retranscrit depuis par de nombreux médias - et pour cause -, non seulement les propos eux-mêmes, mais aussi le ton, les rires, la vulgarité, ont de quoi laisser pantois. On entend A. Benalla expliquer, hilare, que toute cette histoire l’amuse bien, que tout le monde ne peut pas se targuer d’avoir provoqué autant de remous au niveau national et d’enquêtes[1] et commissions d’enquête parlementaires à seulement 26 ans.

Fait lui aussi marquant, il se vante d’avoir l’appui du Président (c’est le fameux « tu vas tous les bouffer »). Que ce dernier veuille sincèrement encourager son ami, que ce soit une manipulation de sa part ou que Benalla cherche alors à impressionner un Vincent Crase qu’on sent bien déconfit en inventant le soutien tout en gniac de Macron, peu importe. Ce qui frappe, ce qui doit interpeller, c’est ce que cet enregistrement révèle de ce personnage – oui, c’est le terme – semblant tout droit sorti d’une émission de télé-réalité, et enregistré depuis l’angle de la salle de bain collective en train de raconter à Jeff comment il va réussir à sortir avec Kenza tout en mettant Jean-Christophe hors d’état de nuire grâce aux indices que lui a donnés, à lui et à lui seul, la Voix. Et de toute façon, à la fin, c’est lui qui sortira vainqueur et pourra partir se dorer la pilule au Club Med…

Dans cette courte scène – la vraie cette fois, la version non scénarisée par la production -, Benalla dit tout, absolument tout de lui et de son monde : les copinages, les mensonges, le sentiment de surpuissance et d’impunité, l’amour de l’argent, l’absence de morale, le côté « petite frappe » dénué de classe, sans noblesse de cœur, celui, totalement bling-bling, d’un homme pour qui le bonheur consiste à pouvoir aller au Maroc et se faire servir par les employés locaux dans des hôtels de luxe (je développe le propos mais n’invente rien).

Alors oui, vraiment, comment a-t-«on» pu donner autant à un tel homme ? Et en si peu de temps ? Sérieusement, quelle naïveté a permis de faire confiance à une caricature dont il suffit d’entendre quelques mots pour comprendre qu’il n’est ni solide, ni sérieux, ni malin, ni fidèle ? Alors, quand on regarde rétrospectivement les images du gorille se faisant plaisir en portant comme un trophée un brassard de policier, donnant des coups de genou et de coude à des étudiants qui font la moitié de sa taille et le tiers de son poids, tout devient soudain évident. Tout était comme écrit d’avance.

Reviennent alors à la mémoire ces incroyables films de Scorsese, où les mafieux ne s’avèrent pas davantage guidés par un hypothétique code de l’honneur qu’ils ne font preuve de pragmatisme et de froideur devant l’altérité, mais se montrent simplement bêtes, bêtes à pleurer, hargneux, imbus d’eux-mêmes et capables de se tirer une balle dans le pied sur un coup de sang. Alors, à la lumière de toute cette histoire qui, pour notre personnage, reste « un film, [...] quand même, hein ? », la révélation d’un contrat passé entre lui, encore à l’époque conseiller de l’Élysée, V. Crase et sa société Mars (nom donné en hommage à Jupiter, cela non plus ne s’invente pas), avec un milliardaire russe pour assurer sa sécurité ne peut qu’apporter une touche encore plus sordide au scénario, déjà peu glorieux, de Magouilles et compagnie. Évidemment, la question qui se pose est celle de la connaissance, voire d’une éventuelle complicité au sommet de l’État.

Rien à faire, cette affaire est terrible pour le pouvoir en place. Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es, semble-t-elle nous dire. Et si cet adage est juste, Macron serait ainsi à la tête d’une sorte de bande très mal organisée de caïds auxquels ne manquent que dents et chaînes en or pour briller en société à leur juste mesure. Non, les costumes élégants, les diplômes prestigieux, les références à de grands philosophes et les citations de romans classiques n’y feront rien : Macron s’inscrit dans la droite ligne des Chirac, Balkany et Sarkozy tels qu’ils ont été racontés dans le livre French Corruption. Évidemment, ce fonctionnement clanique d’une oligarchie se prélassant dans l’autosatisfaction, le cynisme et l’impunité est à mettre en regard de la violence qui s’abat sur la population qui manifeste depuis désormais plus de 4 mois.

De ce point de vue, l'affaire Benalla agit comme un révélateur de la nature du pouvoir exécutif. Elle interroge aussi sur le traitement réservé à certains, à certains seulement. Pourquoi en effet n’y a-t-il pas de comparution immédiate pour celui qui est sans doute, et je le dis sans malice, le plus célèbre des boxeurs de rue ? Décidément, il y a quelque chose de pourri dans la Vème République.

[1] Pour le moment, il est sous le coup de 3 mises en examen.

Un bon article, plein de mesure pour dire le trouble dans lequel un peuple est jeté face à un pouvoir interlope.

20 Minutes (4/2/2019) : Affaire Benalla: Le parquet ouvre une enquête pour «atteinte à la vie privée» après la diffusion des enregistrements par MediapartJeudi 31 janvier, le site d’information « Mediapart » publiait des enregistrements dans lesquels Alexandre Benalla se réjouissait du « soutien » apporté par Emmanuel Macron

Alexandre Benalla, le 19 septembre 2018
devant la Commission d'enquête du Sénat.
Alain JOCARD / AFP
Une nouvelle affaire dans l'affaire. Publiés jeudi 31 janiver par Mediapart, les enregistrements de conversation entre Alexandre Benalla et son ami Vincent Crase - visiblement réalisés à leur insu et que Médiapart dit avoir authentifiés - sont désormais au cœur d’une nouvelle enquête. Le parquet a ouvert une enquête pour « atteinte à la vie privée », a appris 20 Minutes ce lundi, auprès de sources judiciaires.

Ces extraits audios seraient datés du 26 juillet, soit quelques jours après la mise en examen des deux protagonistes pour « violences en réunion par personne chargée d’une mission de service public » suite à leur présence aux côtés des policiers lors de la manifestation parisienne du 1er mai. Leur contrôle judiciaire leur interdisait pourtant de rentrer en contact.

Atteinte au secret des sources

Ce lundi matin, le compte Twitter officiel de Mediapart a publié ce message : « Deux procureurs, accompagnés de trois policiers, ont voulu perquisitionner ce matin, à 11h10, les locaux de Mediapart dans le cadre d’une enquête ouverte par le parquet pour (notamment) atteinte à la vie privée de M.Benalla suite à nos révélations de la semaine dernière. Cette enquête, qui vise les enregistrements révélés par Mediapart, est susceptible d’atteindre le secret des sources de notre journal. C’est pourquoi nous avons refusé cette perquisition, un acte inédit — et particulièrement grave — dans l’histoire de Mediapart ».

Selon nos informations, le parquet de Paris aurait reçu des « éléments » justifiant l’ouverture d’une enquête préliminaire pour « atteinte à l’intimité de la vie privée et de détention illicite d’appareils ou de dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d’interception de télécommunications ou de conversations ». Dans les documents audio révélés jeudi, l’ancien conseiller d’Emmanuel Macron se targuait notamment du soutien du président de la République après sa mise en examen pour les violences du 1er-Mai.
https://twitter.com/Mediapart/status/1092378595870367744?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1092378595870367744&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.20minutes.fr%2Fjustice%2F2443355-20190204-affaire-benalla-parquet-ouvre-enquete-atteinte-vie-privee-apres-diffusion-enregistrements-mediapart
Vidéo sur la page de l'article
«Il y a des diligences pour trouver nos sources, c'est une situation particulièrement inquiétante», a dénoncé auprès de l'AFP Fabrice Arfi, co-responsable des enquêtes du journal en ligne. «Comme on est dans le cadre d'une enquête préliminaire, nous avons le droit de refuser une perquisition et nous l'avons donc évidemment refusée, en nous permettant de commenter cette situation inédite dans l'histoire du journal, et que nous considérons comme particulièrement grave pour le journal», a également expliqué M. Arfi. Une conférence de presse doit se tenir ce lundi à 16h dans les locaux de la rédaction de Mediapart. 

L'atteinte à la vie privée, comme motif de perquisition, devra être un peu étayé pour permettre à des procureurs de passer les portes d'un bureau d'enquête de presse. Les procureurs n'ont-ils pas, comme tout fonctionnaire dépositaire d'une autorité publique, le devoir de s'inquiéter en premier lieu d'une atteinte bien plus grave au droit, puisque les deux compères Benalla et Crase violent de toute évidence l'obligation qui leur est faite de ne pas entrer en contact l'un avec l'autre. Ceci est très maladroit de la part de procureurs qui ne manqueront pas d'ajouter aux troubles de l'opinion face à cette énorme pantalonnade d'état.

La Cimade (2/1/2019) : 3 mois d’enfermement en rétention : 2019 marque un tournant dans la répression des personnes étrangères

Du 2 janvier au 1er avril 2019, La Cimade témoigne quotidiennement de la nouvelle durée de rétention. Pendant 90 jours, depuis l’intérieur des centres de rétention, une chronique de la honte se déroule via un fil Twitter : #3MoisDerrièreLesBarbelés

Le 2 janvier 2019, la durée maximale d’enfermement en rétention des personnes étrangères a doublé. L’administration a désormais 90 jours, contre 45 auparavant, pour expulser du territoire les personnes privées de liberté dans les centres de rétention administrative (CRA). Cette disposition de la loi Asile et Immigration, très controversée jusqu’au sein des rangs de la majorité présidentielle, marque un tournant répressif sans précédent.

Pas moins de 50 000 personnes subissent la privation de liberté en rétention chaque année en France ; elles sont désormais menacées de trois mois d’enfermement sans avoir commis aucun délit. Les familles avec enfants sont également concernées. Ceci dans un contexte où le nombre de personnes emmenées de force dans ces prisons qui ne disent pas leur nom explose[1]. Un contexte marqué par un niveau de tensions, de violences, de violations des droits que les intervenant·e·s en rétention n’avaient jamais constatées auparavant. Les traumatismes que cette violence institutionnelle implique seront considérablement amplifiés par cette nouvelle durée délétère.

Les chiffres démentent le gouvernement : une rétention plus longue n’a jamais permis d’expulser plus. Mais la France banalise désormais la privation de liberté sous prétexte de faux arguments d’efficacité.

Ce doublement de la durée maximale de rétention a été voté sans prendre en compte l’analyse des organisations non gouvernementales ou des autorités administratives indépendantes pourtant unanimement critiques[2], sans prendre en considération les éléments objectifs à disposition, et sans évaluation sérieuse. Elle est dictée par l’obsession de dissuader les personnes étrangères, de réprimer plutôt que de protéger. Cette politique revendique une amélioration du taux d’expulsion des personnes étrangères visées par une mesure d’éloignement, sans tirer aucune leçon du passé :
  • entre 1981 et 2011, la durée maximale de rétention est passée de 7 à 45 jours sans que ce taux ne varie sensiblement ;
  • au contraire, en 2011, après son augmentation de 32 à 45 jours, le nombre de personnes expulsées depuis les CRA de métropole a baissé (31 % en 2010, puis 20 à 29 % entre 2012 et 2016).
Alors que le Conseil d’État s’était interrogé sur la pertinence de cette mesure[3], la commission des lois du Sénat était plus explicite dans son analyse du projet de loi : « cette mesure d’affichage ne s’attaque pas à la véritable cause des taux dérisoires d’éloignement : la mauvaise volonté de certains pays tiers pour accueillir leurs ressortissants et leur délivrer des laissez-passer consulaires. En 2016 sur l’ensemble des laissez-passer consulaires demandés (5 859), ce n’est que dans 3 % des cas que les documents de voyage sont arrivés trop tard (170), alors que dans 50 % des cas le pays n’a tout simplement jamais répondu ».

Des milliers de personnes vont ainsi subir ce qui s’apparente à une véritable peine de prison. Alors que la France est déjà le pays européen qui prononce le plus de « mesures d’éloignement » (plus de 100 000 obligations de quitter le territoire par an), c’est aussi le pays européen qui enferme le plus, au mépris des droits. Ainsi, le taux d’annulation des procédures par les juges frôle les 40 % : autant de personnes enfermées illégalement par l’administration.

https://twitter.com/lacimade/status/1080491375030865923?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1080491375030865923&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.lacimade.org%2F3-mois-denfermement-en-retention-2019-marque-un-tournant-dans-la-repression-des-personnes-etrangeres%2FEntrer en France, avoir le droit d’y résider, renouveler un titre de séjour, est toujours plus difficile. L’enfermement, le contrôle, la répression prennent le pas sur le respect des droits les plus fondamentaux, et notamment sur le droit de circuler librement. Ce sont ces droits qui devraient guider, entièrement, les politiques migratoires françaises et européennes.

C’est au nom de ces principes que La Cimade appelle à la fermeture des centres de rétention administrative.



[1] Entre 2017 et 2018, une augmentation de + 30 % à + 40 % du nombre de personnes enfermées a été recensée dans la plupart des CRA où La Cimade intervient (chiffres La Cimade).

[2] Défenseur des droits, avis n°18-19, 15 mars 2018 ; CGLPL, communiqué de presse sur le « projet de loi pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif ».

[3] Conseil d’État, avis n° 394.206 sur le projet de loi pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif, 15 février 2018, § 50.


Ici, il n'est pas question de prétendre que les frontières devraient être des passoires, mais simplement que les gens qui les franchissent puissent bénéficier d'un traitement humain et juste. Et pendant qu'il y a des gens qui jonglent avec un nombre inconnu de passeports obtenus d'un claquement de doigts, accompagnés de cartes de crédits qu'ils n'ont pas à alimenter eux-mêmes, il y a des gens qui sont promis à des séjours infâmes, organisés pour tenter de faire en sorte qu'on finisse par les oublier. Sont-ils nés différents de nous ?

Commémoration du décret du 4 février 1794 sur l'abolition de l'esclavage

Manuscrit du Décret n° 2262 de la
Convention nationale, du 16 pluviôse,
an II de la République française, une et
indivisible qui abolit l'esclavage des Nègres
dans les colonies, 4 février 1794.
Le 4 février 1794, 16 pluviôse an II, la Convention nationale émet la décision votée ensuite à Paris, pour notifier :

"Décret n° 2262 de la Convention nationale, du 16 pluviôse, an II de la République française, une et indivisible qui abolit l'esclavage des Nègres dans les colonies

La Convention nationale déclare que l’esclavage des Nègres, dans toutes les Colonies, est aboli ; en conséquence elle décrète que tous les hommes, sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens Français, et jouiront de tous les droits assurés par la constitution. – Elle renvoie au comité de salut public, pour lui faire incessamment un rapport sur les mesures à prendre pour assurer l’exécution du présent décret."

Le lendemain la Convention nationale prend un autre décret indiquant :

"Décret qui charge le comité de salut public, pour faire incessamment un rapport sur les mesures à prendre pour assurer l'exécution du présent décret.

La Convention nationale décrète que le comité de salut public présentera une rédaction définitive, en même temps que le mode d’exécution du principe décrété concernant les citoyens de couleur habitant les Colonies françaises."

Vu l'importance du décret portant abolition de l'esclavage, et donnant de ce fait la citoyenneté à toutes les personnes qui étaient jusqu'à ce moment considérées comme des biens meubles, appartenant à des propriétaires, on ne peut pas dire que la procédure légale qui changeait tout ça fut bien compliquée. Mais son application allait s'avérer parfois délicate.

C'est que les intérêts "supérieurs" des propriétaires qui se trouvaient ainsi dépossédés en furent très profondément chamboulés.

Il faut noter, parce que ça mérite d'être rappelé, que l'esclavage est aboli pour les "nègres" et dans les colonies. L'esclavage en général est un sujet bien plus complexe qu'il n'y paraît.

Olympe de Gouges soutient la comparaison entre la condition des femmes et l'esclavage, Jean-Paul Marat défend l'idée quant à lui que l'asservissement ou la subjugation d'un peuple ou d'une nation par un groupe relève d'une forme ou d'une autre d'esclavage.

Loi du 30 floréal an X (20 mai 1802) sur
la traite des Noirs et le régime des colonies
L'abolition de l'esclavage décrétée en 1794 fut soutenue en particulier par Danton, ce ne fut pas un processus simple et exempt d'arrière-pensées.
 
On ne peut pas dire que Napoléon Bonaparte a rétabli l'esclavage en tant que tel, mais la Loi du 20 mai 1802 redonne la capacité aux territoires qui n'ont pas appliqué l'abolition de l'esclavage depuis le décret de 1794, de continuer de pratiquer l'esclavage. Sans exclure la possibilité de restaurer l'esclavage sur l'ensemble du territoire de la République.



 



« Cet homme fut une nation » - Alphonse de Lamartine, parlant de Toussaint Louverture auteur et homme politique du XIXème siècle qui signa le décret d’abolition de l’esclavage de 1848.
 
On ne peut pas nier que Napoléon Bonaparte agit dans un esprit de colonialisme contre-révolutionnaire. Il a fait mettre aux arrêts le général de division Toussaint Louverture et mis à retraite anticipée le général métis Thomas Alexandre Dumas.



 





 



Thomas Alexandre Davy de La Pailleterie, dit le général Dumas, père d'Alexandre Dumas, grand-père d'Alexandre Dumas fils et de Henry Bauër.

 






Il est probable que de cette époque précise naissent les germes du racisme moderne, qui une fois aboutie l'abolition réelle de l'esclavage, a transformé le corpus des préjugés raciaux qui faisaient des populations noires des sous-citoyens, ou des non-citoyens dans une approche hiérarchisée, les préjugés étaient encore sociaux à cette époque, transformation en préjugés purement excluants.

Entre le décret de 1794 et celui de 1848, les intérêts privés qui ont tout tenté pour entretenir une économie et une société esclavagistes ont commis l'irréparable outrage de laisser prendre toutes les idées et pratiques possibles qui laisseraient durablement croire que des gens, sous prétexte de leurs origines ne seraient pas des humains, ou pas suffisamment humains pour être accueillis parmi les humains.

La fête de l'abolition de Bourg-en-Bresse en 1794 vit des mamans blanches et noires échanger leurs bébés pour leur donner le sein.

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Au café du commerce, il n'y a que les godets pleins qui rapportent sans ficelle

Pour deux francs et pas un saoul ... - Je regarde cette putain de carte avec ses points rouges. Elle a la chtouille. On a beau dire, ...