Fragment de la pochette de l'album Crisis ? What crisis ? (Supertramp 1975)
J'ai choisi ces quelques lignes du lyrics de "Poor boy", pour souligner l'air du temps à ma manière. Poor boy est la dernière plage de l'album.
I've tried all I can, understanding, all the fools and all threir money,
When half of what they've got, you know they never will use,
Enough to get by, suits me fine, I don't care if they think I'm funny.
I'm never gonna change my point of view,
Don't mind the rain, don't mind snow, don't mind nothing, if I know
You will be right here with me, all the way.
Na-na-na
Don't mind the rain, don't mind snow, dont' mind nothing if I know
You will be right here with me , all the way.
Comme on est un peu tous des confinés, avec du temps un peu à foison pour quelques semaines, si ça vous dit de replonger dans l'univers particulier de Supertramp, à vous de jouer.
Il y a un moment que j'affectionne, dans le "Fool's Overture" de "Even in the quietest moments" ... quand la voix de Churchill dit, après les cloches de Big Ben "never surrender ..." et que les bass tones commencent à battre le tempo .... je suis là !
Et je suis Vent debout.
I've tried all I can, understanding, all the fools and all threir money,
When half of what they've got, you know they never will use,
Enough to get by, suits me fine, I don't care if they think I'm funny.
I'm never gonna change my point of view,
Don't mind the rain, don't mind snow, don't mind nothing, if I know
You will be right here with me, all the way.
Na-na-na
Don't mind the rain, don't mind snow, dont' mind nothing if I know
You will be right here with me , all the way.
Comme on est un peu tous des confinés, avec du temps un peu à foison pour quelques semaines, si ça vous dit de replonger dans l'univers particulier de Supertramp, à vous de jouer.
Il y a un moment que j'affectionne, dans le "Fool's Overture" de "Even in the quietest moments" ... quand la voix de Churchill dit, après les cloches de Big Ben "never surrender ..." et que les bass tones commencent à battre le tempo .... je suis là !
Et je suis Vent debout.
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Crisis ou krisis ?
La crise nous renvoie à un moment où ça ne va pas du tout. Des symptômes, graves ou marqués viennent à nous pour nous installer dans le désordre, dont la cause est un mal qui nous agresse.
Nous sommes en train de vivre une crise, qui prend la forme d'une maladie au plan individuel, dont la cause est bien identifiée, et contre laquelle nous sommes très démunis.
Nous sommes démunis en raison d'autres crises qui se conjuguent en désordres par lesquels nous ne pouvons pas bien gérer la pandémie dans son ensemble, et la maladie lorsqu'elle nous frappe.
Le mot crise traduit cet état de désordre, de souffrance, jusque dans ses déclinaisons qui peuvent être dramatiques.
Le même mot dans la langue de nos antiques ancêtres grecs, que nous leur soyons affiliés par les gènes, ou simplement par la culture, et même à notre corps défendant nous héritons toutes et tous et sans aucun doute possible, au moins pour partie de la culture de la Grèce antique, ce même mot traduit non seulement la crise au sens romain, ou médiéval du terme, dans la langue française et dans de nombreuses autres langues, mais il traduit également et surtout l'ambition de faire face à la situation de stress, de détresse s'il en est.
La crise est donc le moment de décider par quelle voie nous pouvons, nous devrions tenter de sortir d'une impasse ou d'une difficulté qui pourrait paraître insurmontable.
Nous vivons au sein de sociétés organisées selon des constructions politiques et sociales dont nous voyons l'aveuglant échec ces temps-ci à répondre à des moments critiques. On nous contraint à subir l'effroyable promesse d'une pandémie qui peut tuer tant de personnes sans aucune logique particulière, au hasard de ce que la nature et l'agencement de nos vies nous à conduit à être, à l'endroit où nous nous trouvons, parmi les personnes que nous aimons peut-être ... nous sommes devant une absence totale de choix, à attendre que tombe au hasard du destin, la lame d'une guillotine à laquelle il nous est impossible d'échapper.
Impossibilité encore plus grande lorsque la seule tentative presque désespérée de nous faire tout petit pour ne pas être remarqué par ce fléau nous est dictée sous la forme d'un "confinement" qui serait seul salutaire. Seul salutaire au prix de rehausser les frontières, des pays, des villes, des parcs et jardins, jusqu'à poser des barrières à l'intérieur de nos maisons et nos appartements lorsqu'un proche est infecté ... c'est une expérience qui est au fond très lamentable.
Ne nous appartient-il pas de nous organiser, nous, les bienveillantes personnes, pour créer une forme d'intelligence combative visant à mettre en place des comités de quartiers, de petites sociétés de proximité, dans lesquelles nous pouvons mener la guerre à la fois à l'épidémie, et à l'incurie d'une "administration centrale" incompétente.
De petits comités peuvent se former pour assurer une vie en société dans les quartiers, où nous avons la possibilité de connecter les uns aux autres, en respectant si besoin est les distances de sécurité, et dans ces groupes nous pouvons aimablement et avec discrétion nous assurer que chaque personne du périmètre se porte bien, qu'elle a besoin d'un coup de main, de provisions à aller chercher ...
Vivons ensemble : et refusons l'injonction imbécile qui veut nous imposer l'isolement total, jusqu'à obscurcir toute volonté de vivre en société et de justifier jusqu'à nos petits pas avec des procédés confiscatoires.
Formons autant que nous le pouvons des centres de vie prêts à rebondir pour le jour prochain ou reviendra pour de vrai le temps des cerises. En nous protégeant intelligemment, en minimisant les risques de contact et d'exposition, et en assurant tout de même le lien social sans lequel le mot même humanité n'a pas de sens.
Faisons œuvre d'empathie, pas de charité, mais d'empathie pour nos proches, nos voisins, en nous organisant de telle sorte que nous pouvons également faire reconnaître la méthode pour ce qu'elle est, un confinement qui aurait oublié d'être bête !
Et, partant de nos quartiers, de notre voisinage, dans le quotidien un peu déboussolé de ces semaines qui vont nous voir un peu désœuvrés, alors nous pouvons ressortir nos cahiers sur lesquels sont notés les chemins du futur désirable.
L'infection virale est grave, elle peut être létale. L'infection morale qui nous est ajoutée au fardeau du moment est fétide. Rejetons au moins la forme par le plus simple des moyens qu'il soit possible, rejetons l'hypothèse bien trop avantageuse pour un pouvoir aux abois qui ferait de nous une simple collection d'individus contrôlables et sans possible interaction ... nous sommes ensemble, nous sommes la vraie force face à l'adversité.
Que le virus emporte ce qui ne nous abattra pas.
La crise nous renvoie à un moment où ça ne va pas du tout. Des symptômes, graves ou marqués viennent à nous pour nous installer dans le désordre, dont la cause est un mal qui nous agresse.
Nous sommes en train de vivre une crise, qui prend la forme d'une maladie au plan individuel, dont la cause est bien identifiée, et contre laquelle nous sommes très démunis.
Nous sommes démunis en raison d'autres crises qui se conjuguent en désordres par lesquels nous ne pouvons pas bien gérer la pandémie dans son ensemble, et la maladie lorsqu'elle nous frappe.
Le mot crise traduit cet état de désordre, de souffrance, jusque dans ses déclinaisons qui peuvent être dramatiques.
Le même mot dans la langue de nos antiques ancêtres grecs, que nous leur soyons affiliés par les gènes, ou simplement par la culture, et même à notre corps défendant nous héritons toutes et tous et sans aucun doute possible, au moins pour partie de la culture de la Grèce antique, ce même mot traduit non seulement la crise au sens romain, ou médiéval du terme, dans la langue française et dans de nombreuses autres langues, mais il traduit également et surtout l'ambition de faire face à la situation de stress, de détresse s'il en est.
La crise est donc le moment de décider par quelle voie nous pouvons, nous devrions tenter de sortir d'une impasse ou d'une difficulté qui pourrait paraître insurmontable.
Nous vivons au sein de sociétés organisées selon des constructions politiques et sociales dont nous voyons l'aveuglant échec ces temps-ci à répondre à des moments critiques. On nous contraint à subir l'effroyable promesse d'une pandémie qui peut tuer tant de personnes sans aucune logique particulière, au hasard de ce que la nature et l'agencement de nos vies nous à conduit à être, à l'endroit où nous nous trouvons, parmi les personnes que nous aimons peut-être ... nous sommes devant une absence totale de choix, à attendre que tombe au hasard du destin, la lame d'une guillotine à laquelle il nous est impossible d'échapper.
Impossibilité encore plus grande lorsque la seule tentative presque désespérée de nous faire tout petit pour ne pas être remarqué par ce fléau nous est dictée sous la forme d'un "confinement" qui serait seul salutaire. Seul salutaire au prix de rehausser les frontières, des pays, des villes, des parcs et jardins, jusqu'à poser des barrières à l'intérieur de nos maisons et nos appartements lorsqu'un proche est infecté ... c'est une expérience qui est au fond très lamentable.
Ne nous appartient-il pas de nous organiser, nous, les bienveillantes personnes, pour créer une forme d'intelligence combative visant à mettre en place des comités de quartiers, de petites sociétés de proximité, dans lesquelles nous pouvons mener la guerre à la fois à l'épidémie, et à l'incurie d'une "administration centrale" incompétente.
De petits comités peuvent se former pour assurer une vie en société dans les quartiers, où nous avons la possibilité de connecter les uns aux autres, en respectant si besoin est les distances de sécurité, et dans ces groupes nous pouvons aimablement et avec discrétion nous assurer que chaque personne du périmètre se porte bien, qu'elle a besoin d'un coup de main, de provisions à aller chercher ...
Vivons ensemble : et refusons l'injonction imbécile qui veut nous imposer l'isolement total, jusqu'à obscurcir toute volonté de vivre en société et de justifier jusqu'à nos petits pas avec des procédés confiscatoires.
Formons autant que nous le pouvons des centres de vie prêts à rebondir pour le jour prochain ou reviendra pour de vrai le temps des cerises. En nous protégeant intelligemment, en minimisant les risques de contact et d'exposition, et en assurant tout de même le lien social sans lequel le mot même humanité n'a pas de sens.
Faisons œuvre d'empathie, pas de charité, mais d'empathie pour nos proches, nos voisins, en nous organisant de telle sorte que nous pouvons également faire reconnaître la méthode pour ce qu'elle est, un confinement qui aurait oublié d'être bête !
Et, partant de nos quartiers, de notre voisinage, dans le quotidien un peu déboussolé de ces semaines qui vont nous voir un peu désœuvrés, alors nous pouvons ressortir nos cahiers sur lesquels sont notés les chemins du futur désirable.
L'infection virale est grave, elle peut être létale. L'infection morale qui nous est ajoutée au fardeau du moment est fétide. Rejetons au moins la forme par le plus simple des moyens qu'il soit possible, rejetons l'hypothèse bien trop avantageuse pour un pouvoir aux abois qui ferait de nous une simple collection d'individus contrôlables et sans possible interaction ... nous sommes ensemble, nous sommes la vraie force face à l'adversité.
Que le virus emporte ce qui ne nous abattra pas.
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Donc c'était, en guise d'apéro républicain, une minute indispensable de cucurbitacée, et même pas masqué, enfin si peu.
On va sortir les couverts maintenant. Le moment qui me rappelle toujours le dessin de Caran d'Ache ... le diner de famille ...("surtout ne parlons pas de l'Affaire" ... et à l'image suivante : "ils en ont parlé")
Il s'agissait d'illustrer, à l'époque, les contrariétés que pouvait produire en société toute discussion sur l'Affaire Dreyfus ! Oui, bon, on va pas revenir là-dessus ... mais j'ai pas la mémoire courte. Enfin bref, il y a des sujets comme ça, souvent ancrés sur des faits pesants, graves, et qui, parce que toute personne voudrait pouvoir en exprimer son opinion, dégénèrent en pugilats, éclaboussures et gnons.
Du temps de l'Affaire, ils étaient pas emmerdés par le confinement. Maintenant ce serait compliqué de faire banquet, on risquerait de se retrouver avec un extra de cent trente cinq balles par convive.
Mais virtuellement, il y a des gens qui s'écharpent sur le grand sujet du moment : pouvait-on mieux gérer la crise du SARS-Cov2 ? Enfin, d'ailleurs, c'est pas le virus en lui-même, qui est indiscutablement un migrant clandestin, inopportun, en chair des femmes et des hommes de notre planète. Non, le virus est problématique, mais ça reste sur le terrain naturel, ou celui de la fatalité, ou peut-être ni l'un ni l'autre, mais c'est pas le problème.
Le problème, c'est l'incapacité d'un système à mieux planifier des solutions à des tracas, parce que le système est doublement tiraillé entre la raison économique et le coeur social des nations, d'une part, et entre les croyances des acteurs dans l'infaillibilité de leurs raisonnements.
La question des masques respiratoires et chirurgicaux, cette question là, en particulier en France, est susceptible de pourrir un diner, en tête à tête pour cause de confinement.
Imagine un diner amical entre Macron et Buzyn qui serait organisé pour permettre à ces deux oiseaux de prendre des nouvelles et quelques instants de partage : l'une est persuadée qu'elle avait plus que deviné que ça allait merder, l'autre ne se lasse pas d'être convaincu d'avoir respecté des étapes, une logique, et que tout est maîtrisé.
Ils vont se foutre sur la gueule, se traiter de tous les noms, se cracher à la figure, se planter fourchettes dans le fion ou cuillères dans les trous de nez ... avant même de comprendre pourquoi ils ne peuvent pas s'expliquer à l'unisson sur les raisons qui amènent un grand pays à se déchirer.
Le masque est devenu symbole d'impuissance et source de discorde, avant même que les principaux acteurs d'un scandale d'Etat ne puissent redescendre un peu sur Terre pour nous demander pardon. Et dans les conversations domestiques, spectatrices et observateurs peuvent aussi finir par s'étriper pour défendre le bien fondé d'une organisation politique, ou l'abjection d'une incurie conduite par des crânes d'oeufs.
On devient pro ou anti macronien selon qu'on considère qu'il va y avoir distribution de masques dans les meilleures conditions, ou qu'il n'y en a toujours pas qui sont remis en nombre aux personnes qui devraient pouvoir circuler ou agir avec un minimum de protection.
Or ce que l'on sait pour être parmi les plus terribles des informations que nous avons à ce sujet, c'est que le personnel hospitalier vit depuis plusieurs semaines l'épreuve de la roulette russe à travailler sans filet dans des services où ils sont certains de se faire contaminer.
On sait que le gouvernement s'impatiente de voir des travailleurs aller au casse-pipe sans aucune sécurité, et que n'ayant pas de solution à proposer ils lancent des injonctions aux travailleurs d'y aller, aux entreprises de les protéger, à l'ensemble des gens de rester chez eux, de faire leurs courses dans des supermarchés animés par des salariés non protégés ... pendant que des quidams pas très lucides se font tirer la laisse par des chiens et chats dans leurs quartiers, ou sur des plages, où ils peuvent s'agglutiner en familles contaminées.
Y a t-il, outre zéphir, siroco, autan, mistral, un vent particulier qui souffle un peu parfois, véhiculant du plus lointain désert un air chargé de contagieuse connerie ?
Ces dernières heures on en a vu des traces ... l'ex ministre de la santé avait indiqué avoir prévenu que tout ceci pouvait arriver, le président Macron vient de montrer son éternelle incapacité à supporter la contradiction, il s'est plaint peu courtoisement en expliquant "Je félicite toutes celles et ceux qui avaient prévu tous les éléments de la crise une fois qu'elle a eu lieu, les commentateurs en sont plein."
Ce qui est injuste. Il a d'ailleurs ajouté que la France avait pris les devants avant même que l'OMS ne sonne le tocsin ... ce qui est vrai, et alambiqué.
L'OMS a sonné le tocsin deux fois, au moins, et si on considère que le second coup était nécessaire pour se sortir les doigts du cul, on comprend mieux pourquoi on en est là. En dernier, quand les exécutifs ont commencé à vraiment bouger, c'est quand l'OMS a confirmé le statut de pandémie, mais il y avait des informations claires et alarmantes dès le mois de janvier.
Et, en France, pas grand monde n'a bougé côté exécutif, gouvernement, pendant que les milieux de santé commençaient eux à faire entendre leur détresse.
Cela fait donc deux mois, en gros, qu'on laisse le corps médical à découvert dans un bouillon de culture. La conséquence est que la France va sans doute posséder le secteur médical le mieux immunisé du Monde, à certains endroits on compte plus de la moitié des effectifs soignants contaminés.
Et ils bossent !
Par on ne sait quel miracle cérébral, les dirigeants politiques ont estimé que ce n'était pas grave, tout en étant remarquablement louable. Macron a surpris pas mal de gens à encenser les médecins, alors même que le secteur santé est mis à mal par des règles économiques à la con.
Non pas que le con en question soit un cas unique, il a ses prédécesseurs qui pour des raisons assez identiques ont salopé, en particulier, l'hôpital public. Pour faire ce travail de cochon, on ne peut pas mettre en accusation des irresponsables, nos présidentt successifs se sont appuyés sur une logique implacable : la santé ça coûte, les malades ça rapporte pas, messieurs les experts arrangez-nous ça !
Vous trouverez dans les articles présentés dans la revue du jour une analyse soignée du parcours des stocks de masques en France depuis une vingtaine d'années, avec quelques mécanismes et acteurs clairement mentionnés. La Cour des Comptes y perd un peu sa syllabe finale. Si ça ne tuait pas des gens, ce serait admirablement drôle.
Aujourd'hui, Macron tente de se dédouaner en expliquant qu'il est, aujourd'hui, le premier président à s'occuper du problème des masques. Il se défausse ainsi de la responsabilité de la carence. Et il se défausse ... sur Hollande. Il s'agit-là d'une posture intéressante, si j'ai bonne mémoire, nombre des choses que faisait Hollande à son époque n'étaient pas inconnues de Macron qui était apprenti dans son giron.
Mais bien plus grave, à mon sens, que l'incurie suivie au travers de quatre ou cinq mandats pour en arriver là, on ne parle ici que des masques, cela fait environ deux mois que l'on parle du défaut de masques à destination des professionnels de santé, des patients ... de la population plus récemment ... de tous les gens qui doivent se protéger, et en deux mois, on nous aura raconté plein de choses pour justifier de ce que les masques arrivaient, qu'ils allaient arriver, qu'ils ne tarderaient pas à arriver, que bientôt nous saurions quand il y en aurait qui s'annonceraient ... le masque est un objet sensible et d'une timidité conséquente plus on parle de lui, plus il s'enfuit.
Les masques arrivent. Ils commencent vraiment à arriver. On aura appris entre temps qu'il en a été récupéré un peu partout, même des périmés qui sont encore valables, qu'on en fabrique à nouveau en France dans des volumes suffisants ... on aura mis deux mois à faire bouger quelques dizaines de paires de bras, dans une situation qui sentait l'urgence dès la mi-janvier.
Pourquoi dès la mi-janvier, parce que l'épidémie confinée au centre de la Chine fin décembre ne faisait pas encore l'objet d'une attention plus remarquée que ça. Le souvenir de SRAS, de MERS, l'apparente surévaluation de l'épisode H1N1, ont fait que la Chine étant loin .... tsoin-tsoin.
On parle de masques, de centaines de millions de masques, à produire, en période de crise grave, tous les jours, ce n'est pas simple. Mais c'est sûrement foutrement moins compliqué de réquisitionner les moyens, stocks, entreprises, pour sortir cent millions de masques que de réquisitionner 100 milliards d'euros pour servir en priorité les entreprises, pendant que les gens, les individus, ... les humains quoi ... risquent de tomber malades, et pour certains de crever.
On parle de masques, avec tous les détails d'une incompétence convenue ou réelle, confondant d'ailleurs allègrement les masques respiratoines (FFP2) et les masques chirurgicaux. Les premiers protègent assez bien contre les petits virus, les seconds ne sont que des protections anti-projections. C'est à dire qu'un admet qu'un soignant qui veut éviter de se faire éternuer dans les narines un camion de virus par un patient peu porter le masque anti-projection. Ce masque va éviter au médecin de partager la morve du patient ou ses postillons. Mais si d'aventure des virus se posent sur le masque anti-projection, la probabilité qu'il parvienne à infecter le médecin devient significative. Pour éviter ce risque, en zone très contaminée, le médecin devrait porter un FFP2 qui protège beaucoup plus, et le patient infecté, d'ailleurs, pourrait utilement aussi se voir attribuer un FFP2 pour éviter que les virus passent à travers son masque si il ne porte qu'un chirurgical, le plus souvent mal installé d'ailleurs.
J'ai pas tenté de vérifier combien de personnes gravitent autour de Macron ces jours-ci, en respectant les consignes de distanciation, évidemment, mais je pense qu'il doit être difficile de tenir des conversations et des raisonnements dans cet environnement survolté qui est le sien.
L'un des aspects peu excusables de la crise cov-19 à la française, ce sont les masques ... un autre aspect est le retard pris au début de l'épidémie pour tenter de circonscrire les foyers d'épidémie.
Nous avons manqué de masques, nous avons également manqué de tests de dépistage. Nous en avons tellement manqué qu'il a été impossible de repérer les porteurs du virus efficacement pour les confiner. Confiner les personnes infectées, si on le fait tôt, c'est peut-être éviter de contaminer largement ensuite, et éviter le confinement de toute une population.
Ces deux "défauts" que nous avons subi en France, sont représentatifs de l'écart de situation entre la France et la Corée du Sud par exemple. C'est en partie aussi le cas entre la France et l'Allemagne, et particulièrement sur la politique des tests.
Au bout du compte, je ne sais pas juger si Macron est le plus à blâmer, bien que, à mon sens, lorsqu'une équipe merdouille, il ne faut jamais oublier que le chef peut en être la cause principale. Mais en France, le chef du chef du chef, le président, est irresponsable des actes du gouvernement.
Peu importe.
Je ne sais pas, et je ne jugerai pas des responsabilités dans tout ça, mais je comprends la motivation des soignants, les personnels médicaux, qui ont posé une première plainte contre Macron et Buzyn.
Et ... pour revenir au dessin de Caran d'Ache, lâcher ça dans une soirée mondaine ou une conversation en société, c'est ... risqué ! Mais c'est révélateur du fait que le pays fonctionne assez mal pour devoir s'écharper sur un sujet comme ça, alors même que le politique devrait assumer et faire en sorte que ce genre de contingence ne puisse poser problème.
Il y a des responsables, en poste, il y a des responsables qui appartiennent au passé, certain ne sont même plus là pour en parler ... dans le fond on peut dire "on laisse tomber" ! Mais la moindre des choses serait d'avoir des explication sincères et des excuses lisibles.
Il y a forcément des resposanbles. Mais ce n'est finalement pas le sujet du jour. Le sujet du jour c'est probablement plutôt que le droit du travail rentre d'un coup dans le champ de compétence de la loi spéciale de circonstance pour mettre la population en confinement !
Ça peut surprendre hein.
Mais c'est comme ça. C'est de la nouvelle politique. La Loi urgence coronavirus se veut une loi très très urgente, pour disposer des principes et réglements concernant le confinement de la population.
Accessoirement, on trouvera dans une partie consacrée au chapitre financier des éléments qui permettent au gouvernement de distribuer des centaines de milliards d'euros aux entreprises.
Et dans une autre partie un chapitre concernant le fait que les entreprises peuvent oublier les règles habituelles du droit du travail, concernant les licenciements, le chômage, les congés, la durée du temps de travail.
Purée, cette maladie covid-19, elle a des effets secondaires foutrement nombreux !
Vive la macronie. Enfin non, qu'elle vive pas trop la macronie. Si elle peut s'étouffer de manière naturelle, on pleurera pas, mais à défaut il faudra quand même en profiter pour tester le cul des ploucs qui nous votent tout ça. Et on prendra des écrase-merdes pour la circonstance.
Il va pas falloir longtemps avant que la loi urgence coronavirus permette aussi de relancer les énergies fossiles, faux-cils et mascarades.
Il va falloir suivre tout ça de près, être aux aguets, faire suer les élus, dès que ce sera possible aller dépaver les rues pour que le prix à payer soit le plus élevé possible pour ce gouvernement malhonnête et le tartuffe qui lui sert de taulier.
Le sous-fifre du taulier doit être passablement soulagé de ne pas avoir à sortir le 49.3, on a désormais le SARS-Cov2 qui est bien mieux.
C'est que cette épidémie ça fait couler le nez, ça rend les poumons grincheux, ça met la gorge en feu ...
Oui ça fait couler le nez, et ça rend prétentieux les morveux. Depuis deux ou trois jours, les ministres et le président n'en peuvent plus de se montrer condescendants avec cette populace indisciplinée.
Bistouquet à fait un gros score à la télé jeudi dernier ... ça les a transformés de têtards en buffles. On cite dans "Au temps du virus, le journal de bord au jour le jour" (David Dufresne) : Dans Le Monde, des nouvelles de l’ancien monde. Le quotidien cite « un membre du premier cercle » d’Emmanuel Macron, galvanisé par l’audimat du patron : « On disait que le président avait perdu le fil avec les Français. On se rend compte qu’il reste une ancre. Le pays est unifié autour du président »
Le pays commence à être vitrifié et l'illuminé d'Amiens un cancre. Question de point de vue. Mais c'est un cancre las de ne pas être entendu, il commence à sortir les amplis ... bientôt il va sans doute gueuler de plus en plus fort.
On l'avait pas vu venir ce côté-là. Contrairement à ce qu'il veut faire croire, la crise sanitaire était identifiée, mais pas sa poussée d'urticaire à lui.
Donc, le joker du moment c'est Castaner avec ses divisions de policiers ... il en met cent mille dans les villes et à travers champs pour contrôler que les citoyens vont bien par groupes de un au maximum accompagné d'un petit papier indiquant où il veut aller ... et accessoirement d'un chien.
C'est pas tant la maréchaussée qui regarde sous le nez des gens qui pose problème, les pandores sont pas plus bêtes que les autres, ils voudraient bien éviter de passer pour des sagouins et surtout d'être contaminés. Là où c'est plus embêtant, c'est qu'il faut pas être en groupe de plus de un ! Sinon ?
Sinon, quand il va y avoir quelques paquets un peu remontés qui vont vouloir râler dans une rue ou sur un rond-point, les gueuldoraks casqués et bâtonnés pourront plus franchement taper, cogner, lbd-ïser ... le régime à la française va repasser du style Vichnou paisible au genre Vichy, ça ne fait pas un pli.
A propos de LBD ... juste pour dire ... quand même, de policiers ... pendant que les médecins font leur immuno-conversion forcée par manque de protection, les forces de l'ordre se sont bien gardées de déstocker leurs provisions de masques, de gel, aussi bien que de la même façon, eux n'ont jamais eu de problème d'approvisionnement en munitions et autres fournitures, de la grolle jusqu'au camion blindé.
C'est tout un art de vivre. Il y a quatre possibilités de faire une politique dans les petites têtes pas très pleines qui nous gouvernent :
- on équipe les keufs et pas les toubibs
- on équipe les toubibs et pas les keufs
- on équipe les toubibs et les keufs
- on équipe ni les toubibs, ni les keufs
En gros, si tu es pas certain.e de réussir à l'examen le jour du diplôme, rappelle-toi juste : ga, bu, zo, meu.
C'est simple, et ça marche pour tous les trucs qui vont par quatre. La politique, par exemple et on vient de le voir, mais aussi les binômes de témoins de Jéhovah ... enfin ça marche pour plein de trucs.
Donc là, ils nous font l'option police équipée, au cul la santé. On est prévenus. On pourra pas dire, comme certains qu'il y a des gens qui avaient prévu tous les éléments de la crise une fois qu'elle a eu lieu. Là on sait que la crise est là, elle en train d'avoir lieu, et c'est pas la crise du SARS-Cov2, c'est la prise en main arbitraire et confiscatoire de tous les moyens d'un pays pour faire passer en urgence et en priorité des mesures qui n'ont rien à voir avec la santé des gens.
Donc, voilà. Traduit en faits du moment, ça explique la petite crise de Pénicaud, la ministre du travail, qui explique à toute la profession du bâtiment qu'ils ne peuvent pas prétendre au droit de retrait sous prétexte de coronavirus, ils doivent juste discuter entre eux pour modifier leurs comportements au travail et s'arranger pour respecter les distances de sécurité.
Il y a un couillon de base, un quelqu'un comme moi quoi, qui a dit : mais madame comment tu veux qu'on mette une distance de sécurité avec six mecs à l'arrière d'une fourgonnette pour aller sur le chantier ?
On est chiant nous les gens qu'avons des neurones. Elle était pas contente.
C'est comme le corniaud que j'ai allumé hier ... si si, faut lire hein, Patrick Martin ... le groom du Medef ... qui pense que Macron a pas parlé de confinement. Et Macron, jeudi soir, il a pas parlé de confinement. C'est vrai. Et pour cause !
Il a pas parlé de confinement, mais il demande aux gens de bien vouloir se tenir à carreau chez eux. De télétravailler. Ou de se démerder pour faire ça qu'on leur dit de faire là où on leur dit de faire.
En fait ... ils nous trimballent ! Les agiteurs de quilles, les montreurs de puces à pirouettes, les pipeauteurs endimanchés nous font du spectacle, n'importe lequel, pourvu que ça détourne le regard émerveillé d'un public ébahi devant un tel courage de nous donner une fête pendant que le village est en train de cramer.
Et comme il y a des cons qui applaudissent ... le virus a de beaux jours devant lui.
Maintenant, il faut quand même reconnaître que le virus est là, il est bien là, et il faut essayer de faire en sorte qu'il ne nous envahisse pas trop vite, pas tous en même temps, et si on peut même différer sa présence dans nos narines jusqu'au terme de la pandémie, ça peut laisser une opportunité de mieux respirer plus longtemps.
C'est très compliqué la politique, surtout pour éviter de se faire enfler.
Du temps de l'Affaire, ils étaient pas emmerdés par le confinement. Maintenant ce serait compliqué de faire banquet, on risquerait de se retrouver avec un extra de cent trente cinq balles par convive.
Mais virtuellement, il y a des gens qui s'écharpent sur le grand sujet du moment : pouvait-on mieux gérer la crise du SARS-Cov2 ? Enfin, d'ailleurs, c'est pas le virus en lui-même, qui est indiscutablement un migrant clandestin, inopportun, en chair des femmes et des hommes de notre planète. Non, le virus est problématique, mais ça reste sur le terrain naturel, ou celui de la fatalité, ou peut-être ni l'un ni l'autre, mais c'est pas le problème.
Le problème, c'est l'incapacité d'un système à mieux planifier des solutions à des tracas, parce que le système est doublement tiraillé entre la raison économique et le coeur social des nations, d'une part, et entre les croyances des acteurs dans l'infaillibilité de leurs raisonnements.
La question des masques respiratoires et chirurgicaux, cette question là, en particulier en France, est susceptible de pourrir un diner, en tête à tête pour cause de confinement.
Imagine un diner amical entre Macron et Buzyn qui serait organisé pour permettre à ces deux oiseaux de prendre des nouvelles et quelques instants de partage : l'une est persuadée qu'elle avait plus que deviné que ça allait merder, l'autre ne se lasse pas d'être convaincu d'avoir respecté des étapes, une logique, et que tout est maîtrisé.
Ils vont se foutre sur la gueule, se traiter de tous les noms, se cracher à la figure, se planter fourchettes dans le fion ou cuillères dans les trous de nez ... avant même de comprendre pourquoi ils ne peuvent pas s'expliquer à l'unisson sur les raisons qui amènent un grand pays à se déchirer.
Le masque est devenu symbole d'impuissance et source de discorde, avant même que les principaux acteurs d'un scandale d'Etat ne puissent redescendre un peu sur Terre pour nous demander pardon. Et dans les conversations domestiques, spectatrices et observateurs peuvent aussi finir par s'étriper pour défendre le bien fondé d'une organisation politique, ou l'abjection d'une incurie conduite par des crânes d'oeufs.
On devient pro ou anti macronien selon qu'on considère qu'il va y avoir distribution de masques dans les meilleures conditions, ou qu'il n'y en a toujours pas qui sont remis en nombre aux personnes qui devraient pouvoir circuler ou agir avec un minimum de protection.
Or ce que l'on sait pour être parmi les plus terribles des informations que nous avons à ce sujet, c'est que le personnel hospitalier vit depuis plusieurs semaines l'épreuve de la roulette russe à travailler sans filet dans des services où ils sont certains de se faire contaminer.
On sait que le gouvernement s'impatiente de voir des travailleurs aller au casse-pipe sans aucune sécurité, et que n'ayant pas de solution à proposer ils lancent des injonctions aux travailleurs d'y aller, aux entreprises de les protéger, à l'ensemble des gens de rester chez eux, de faire leurs courses dans des supermarchés animés par des salariés non protégés ... pendant que des quidams pas très lucides se font tirer la laisse par des chiens et chats dans leurs quartiers, ou sur des plages, où ils peuvent s'agglutiner en familles contaminées.
Y a t-il, outre zéphir, siroco, autan, mistral, un vent particulier qui souffle un peu parfois, véhiculant du plus lointain désert un air chargé de contagieuse connerie ?
Ces dernières heures on en a vu des traces ... l'ex ministre de la santé avait indiqué avoir prévenu que tout ceci pouvait arriver, le président Macron vient de montrer son éternelle incapacité à supporter la contradiction, il s'est plaint peu courtoisement en expliquant "Je félicite toutes celles et ceux qui avaient prévu tous les éléments de la crise une fois qu'elle a eu lieu, les commentateurs en sont plein."
Ce qui est injuste. Il a d'ailleurs ajouté que la France avait pris les devants avant même que l'OMS ne sonne le tocsin ... ce qui est vrai, et alambiqué.
L'OMS a sonné le tocsin deux fois, au moins, et si on considère que le second coup était nécessaire pour se sortir les doigts du cul, on comprend mieux pourquoi on en est là. En dernier, quand les exécutifs ont commencé à vraiment bouger, c'est quand l'OMS a confirmé le statut de pandémie, mais il y avait des informations claires et alarmantes dès le mois de janvier.
Et, en France, pas grand monde n'a bougé côté exécutif, gouvernement, pendant que les milieux de santé commençaient eux à faire entendre leur détresse.
Cela fait donc deux mois, en gros, qu'on laisse le corps médical à découvert dans un bouillon de culture. La conséquence est que la France va sans doute posséder le secteur médical le mieux immunisé du Monde, à certains endroits on compte plus de la moitié des effectifs soignants contaminés.
Et ils bossent !
Par on ne sait quel miracle cérébral, les dirigeants politiques ont estimé que ce n'était pas grave, tout en étant remarquablement louable. Macron a surpris pas mal de gens à encenser les médecins, alors même que le secteur santé est mis à mal par des règles économiques à la con.
Non pas que le con en question soit un cas unique, il a ses prédécesseurs qui pour des raisons assez identiques ont salopé, en particulier, l'hôpital public. Pour faire ce travail de cochon, on ne peut pas mettre en accusation des irresponsables, nos présidentt successifs se sont appuyés sur une logique implacable : la santé ça coûte, les malades ça rapporte pas, messieurs les experts arrangez-nous ça !
Vous trouverez dans les articles présentés dans la revue du jour une analyse soignée du parcours des stocks de masques en France depuis une vingtaine d'années, avec quelques mécanismes et acteurs clairement mentionnés. La Cour des Comptes y perd un peu sa syllabe finale. Si ça ne tuait pas des gens, ce serait admirablement drôle.
Aujourd'hui, Macron tente de se dédouaner en expliquant qu'il est, aujourd'hui, le premier président à s'occuper du problème des masques. Il se défausse ainsi de la responsabilité de la carence. Et il se défausse ... sur Hollande. Il s'agit-là d'une posture intéressante, si j'ai bonne mémoire, nombre des choses que faisait Hollande à son époque n'étaient pas inconnues de Macron qui était apprenti dans son giron.
Mais bien plus grave, à mon sens, que l'incurie suivie au travers de quatre ou cinq mandats pour en arriver là, on ne parle ici que des masques, cela fait environ deux mois que l'on parle du défaut de masques à destination des professionnels de santé, des patients ... de la population plus récemment ... de tous les gens qui doivent se protéger, et en deux mois, on nous aura raconté plein de choses pour justifier de ce que les masques arrivaient, qu'ils allaient arriver, qu'ils ne tarderaient pas à arriver, que bientôt nous saurions quand il y en aurait qui s'annonceraient ... le masque est un objet sensible et d'une timidité conséquente plus on parle de lui, plus il s'enfuit.
Les masques arrivent. Ils commencent vraiment à arriver. On aura appris entre temps qu'il en a été récupéré un peu partout, même des périmés qui sont encore valables, qu'on en fabrique à nouveau en France dans des volumes suffisants ... on aura mis deux mois à faire bouger quelques dizaines de paires de bras, dans une situation qui sentait l'urgence dès la mi-janvier.
Pourquoi dès la mi-janvier, parce que l'épidémie confinée au centre de la Chine fin décembre ne faisait pas encore l'objet d'une attention plus remarquée que ça. Le souvenir de SRAS, de MERS, l'apparente surévaluation de l'épisode H1N1, ont fait que la Chine étant loin .... tsoin-tsoin.
On parle de masques, de centaines de millions de masques, à produire, en période de crise grave, tous les jours, ce n'est pas simple. Mais c'est sûrement foutrement moins compliqué de réquisitionner les moyens, stocks, entreprises, pour sortir cent millions de masques que de réquisitionner 100 milliards d'euros pour servir en priorité les entreprises, pendant que les gens, les individus, ... les humains quoi ... risquent de tomber malades, et pour certains de crever.
On parle de masques, avec tous les détails d'une incompétence convenue ou réelle, confondant d'ailleurs allègrement les masques respiratoines (FFP2) et les masques chirurgicaux. Les premiers protègent assez bien contre les petits virus, les seconds ne sont que des protections anti-projections. C'est à dire qu'un admet qu'un soignant qui veut éviter de se faire éternuer dans les narines un camion de virus par un patient peu porter le masque anti-projection. Ce masque va éviter au médecin de partager la morve du patient ou ses postillons. Mais si d'aventure des virus se posent sur le masque anti-projection, la probabilité qu'il parvienne à infecter le médecin devient significative. Pour éviter ce risque, en zone très contaminée, le médecin devrait porter un FFP2 qui protège beaucoup plus, et le patient infecté, d'ailleurs, pourrait utilement aussi se voir attribuer un FFP2 pour éviter que les virus passent à travers son masque si il ne porte qu'un chirurgical, le plus souvent mal installé d'ailleurs.
J'ai pas tenté de vérifier combien de personnes gravitent autour de Macron ces jours-ci, en respectant les consignes de distanciation, évidemment, mais je pense qu'il doit être difficile de tenir des conversations et des raisonnements dans cet environnement survolté qui est le sien.
L'un des aspects peu excusables de la crise cov-19 à la française, ce sont les masques ... un autre aspect est le retard pris au début de l'épidémie pour tenter de circonscrire les foyers d'épidémie.
Nous avons manqué de masques, nous avons également manqué de tests de dépistage. Nous en avons tellement manqué qu'il a été impossible de repérer les porteurs du virus efficacement pour les confiner. Confiner les personnes infectées, si on le fait tôt, c'est peut-être éviter de contaminer largement ensuite, et éviter le confinement de toute une population.
Ces deux "défauts" que nous avons subi en France, sont représentatifs de l'écart de situation entre la France et la Corée du Sud par exemple. C'est en partie aussi le cas entre la France et l'Allemagne, et particulièrement sur la politique des tests.
Au bout du compte, je ne sais pas juger si Macron est le plus à blâmer, bien que, à mon sens, lorsqu'une équipe merdouille, il ne faut jamais oublier que le chef peut en être la cause principale. Mais en France, le chef du chef du chef, le président, est irresponsable des actes du gouvernement.
Peu importe.
Je ne sais pas, et je ne jugerai pas des responsabilités dans tout ça, mais je comprends la motivation des soignants, les personnels médicaux, qui ont posé une première plainte contre Macron et Buzyn.
Et ... pour revenir au dessin de Caran d'Ache, lâcher ça dans une soirée mondaine ou une conversation en société, c'est ... risqué ! Mais c'est révélateur du fait que le pays fonctionne assez mal pour devoir s'écharper sur un sujet comme ça, alors même que le politique devrait assumer et faire en sorte que ce genre de contingence ne puisse poser problème.
Il y a des responsables, en poste, il y a des responsables qui appartiennent au passé, certain ne sont même plus là pour en parler ... dans le fond on peut dire "on laisse tomber" ! Mais la moindre des choses serait d'avoir des explication sincères et des excuses lisibles.
Il y a forcément des resposanbles. Mais ce n'est finalement pas le sujet du jour. Le sujet du jour c'est probablement plutôt que le droit du travail rentre d'un coup dans le champ de compétence de la loi spéciale de circonstance pour mettre la population en confinement !
Ça peut surprendre hein.
Mais c'est comme ça. C'est de la nouvelle politique. La Loi urgence coronavirus se veut une loi très très urgente, pour disposer des principes et réglements concernant le confinement de la population.
Accessoirement, on trouvera dans une partie consacrée au chapitre financier des éléments qui permettent au gouvernement de distribuer des centaines de milliards d'euros aux entreprises.
Et dans une autre partie un chapitre concernant le fait que les entreprises peuvent oublier les règles habituelles du droit du travail, concernant les licenciements, le chômage, les congés, la durée du temps de travail.
Purée, cette maladie covid-19, elle a des effets secondaires foutrement nombreux !
Vive la macronie. Enfin non, qu'elle vive pas trop la macronie. Si elle peut s'étouffer de manière naturelle, on pleurera pas, mais à défaut il faudra quand même en profiter pour tester le cul des ploucs qui nous votent tout ça. Et on prendra des écrase-merdes pour la circonstance.
Il va pas falloir longtemps avant que la loi urgence coronavirus permette aussi de relancer les énergies fossiles, faux-cils et mascarades.
Il va falloir suivre tout ça de près, être aux aguets, faire suer les élus, dès que ce sera possible aller dépaver les rues pour que le prix à payer soit le plus élevé possible pour ce gouvernement malhonnête et le tartuffe qui lui sert de taulier.
Le sous-fifre du taulier doit être passablement soulagé de ne pas avoir à sortir le 49.3, on a désormais le SARS-Cov2 qui est bien mieux.
C'est que cette épidémie ça fait couler le nez, ça rend les poumons grincheux, ça met la gorge en feu ...
Oui ça fait couler le nez, et ça rend prétentieux les morveux. Depuis deux ou trois jours, les ministres et le président n'en peuvent plus de se montrer condescendants avec cette populace indisciplinée.
Bistouquet à fait un gros score à la télé jeudi dernier ... ça les a transformés de têtards en buffles. On cite dans "Au temps du virus, le journal de bord au jour le jour" (David Dufresne) : Dans Le Monde, des nouvelles de l’ancien monde. Le quotidien cite « un membre du premier cercle » d’Emmanuel Macron, galvanisé par l’audimat du patron : « On disait que le président avait perdu le fil avec les Français. On se rend compte qu’il reste une ancre. Le pays est unifié autour du président »
Le pays commence à être vitrifié et l'illuminé d'Amiens un cancre. Question de point de vue. Mais c'est un cancre las de ne pas être entendu, il commence à sortir les amplis ... bientôt il va sans doute gueuler de plus en plus fort.
On l'avait pas vu venir ce côté-là. Contrairement à ce qu'il veut faire croire, la crise sanitaire était identifiée, mais pas sa poussée d'urticaire à lui.
Donc, le joker du moment c'est Castaner avec ses divisions de policiers ... il en met cent mille dans les villes et à travers champs pour contrôler que les citoyens vont bien par groupes de un au maximum accompagné d'un petit papier indiquant où il veut aller ... et accessoirement d'un chien.
C'est pas tant la maréchaussée qui regarde sous le nez des gens qui pose problème, les pandores sont pas plus bêtes que les autres, ils voudraient bien éviter de passer pour des sagouins et surtout d'être contaminés. Là où c'est plus embêtant, c'est qu'il faut pas être en groupe de plus de un ! Sinon ?
Sinon, quand il va y avoir quelques paquets un peu remontés qui vont vouloir râler dans une rue ou sur un rond-point, les gueuldoraks casqués et bâtonnés pourront plus franchement taper, cogner, lbd-ïser ... le régime à la française va repasser du style Vichnou paisible au genre Vichy, ça ne fait pas un pli.
A propos de LBD ... juste pour dire ... quand même, de policiers ... pendant que les médecins font leur immuno-conversion forcée par manque de protection, les forces de l'ordre se sont bien gardées de déstocker leurs provisions de masques, de gel, aussi bien que de la même façon, eux n'ont jamais eu de problème d'approvisionnement en munitions et autres fournitures, de la grolle jusqu'au camion blindé.
C'est tout un art de vivre. Il y a quatre possibilités de faire une politique dans les petites têtes pas très pleines qui nous gouvernent :
- on équipe les keufs et pas les toubibs
- on équipe les toubibs et pas les keufs
- on équipe les toubibs et les keufs
- on équipe ni les toubibs, ni les keufs
En gros, si tu es pas certain.e de réussir à l'examen le jour du diplôme, rappelle-toi juste : ga, bu, zo, meu.
C'est simple, et ça marche pour tous les trucs qui vont par quatre. La politique, par exemple et on vient de le voir, mais aussi les binômes de témoins de Jéhovah ... enfin ça marche pour plein de trucs.
Donc là, ils nous font l'option police équipée, au cul la santé. On est prévenus. On pourra pas dire, comme certains qu'il y a des gens qui avaient prévu tous les éléments de la crise une fois qu'elle a eu lieu. Là on sait que la crise est là, elle en train d'avoir lieu, et c'est pas la crise du SARS-Cov2, c'est la prise en main arbitraire et confiscatoire de tous les moyens d'un pays pour faire passer en urgence et en priorité des mesures qui n'ont rien à voir avec la santé des gens.
Donc, voilà. Traduit en faits du moment, ça explique la petite crise de Pénicaud, la ministre du travail, qui explique à toute la profession du bâtiment qu'ils ne peuvent pas prétendre au droit de retrait sous prétexte de coronavirus, ils doivent juste discuter entre eux pour modifier leurs comportements au travail et s'arranger pour respecter les distances de sécurité.
Il y a un couillon de base, un quelqu'un comme moi quoi, qui a dit : mais madame comment tu veux qu'on mette une distance de sécurité avec six mecs à l'arrière d'une fourgonnette pour aller sur le chantier ?
On est chiant nous les gens qu'avons des neurones. Elle était pas contente.
C'est comme le corniaud que j'ai allumé hier ... si si, faut lire hein, Patrick Martin ... le groom du Medef ... qui pense que Macron a pas parlé de confinement. Et Macron, jeudi soir, il a pas parlé de confinement. C'est vrai. Et pour cause !
Il a pas parlé de confinement, mais il demande aux gens de bien vouloir se tenir à carreau chez eux. De télétravailler. Ou de se démerder pour faire ça qu'on leur dit de faire là où on leur dit de faire.
En fait ... ils nous trimballent ! Les agiteurs de quilles, les montreurs de puces à pirouettes, les pipeauteurs endimanchés nous font du spectacle, n'importe lequel, pourvu que ça détourne le regard émerveillé d'un public ébahi devant un tel courage de nous donner une fête pendant que le village est en train de cramer.
Et comme il y a des cons qui applaudissent ... le virus a de beaux jours devant lui.
Maintenant, il faut quand même reconnaître que le virus est là, il est bien là, et il faut essayer de faire en sorte qu'il ne nous envahisse pas trop vite, pas tous en même temps, et si on peut même différer sa présence dans nos narines jusqu'au terme de la pandémie, ça peut laisser une opportunité de mieux respirer plus longtemps.
C'est très compliqué la politique, surtout pour éviter de se faire enfler.
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Sophie Taillé-Polian : Covid - 19 : mobilisée au Sénat !
L’État d’urgence sanitaire est déclaré… et avec, un sentiment d’injustice grandissant !
Les textes comportant les mesures d'urgence face à l'épidémie de Coronavirus ont été adoptés cette nuit au Sénat. Je me suis abstenue sur ce texte.
Si l’Assemblée Nationale vote le texte en l’état aujourd’hui, le gouvernement peut prendre toutes mesures qu’il juge nécessaire pour combattre l’épidémie.
Un régime d’exception à vocation sanitaire est donc créé.
De nombreuses mesures sont essentielles pour lutter contre le coronavirus et pour protéger les Français. La limitation des ruptures des contrats de travail et la prolongation de la trêve hivernale sont à saluer. L'abandon de la réforme des retraites et la réforme de l’assurance également.
Cependant, de très lourdes modifications du code du travail sont à déplorer !
L’employeur peut maintenant modifier les modalités d’acquisitions des congés et obliger ses salariés à prendre leurs RTT et congés payés pendant la période de crise sanitaire.
L’employeur, des secteurs dits « essentiels » peut déroger aux règles de durée de travail hebdomadaire et déroger au repos hebdomadaire et dominical.
et cela… pour une durée indéterminée !
Sénatrices et Sénateurs de gauche, nous avons défendu - à minima – l’idée que ces modifications soient temporaires, le temps de la crise. Proposition rejetée !!
Remettre en cause les droits des salariés (congés payés, comptes épargnes temps, jours de repos hebdomadaire..) de manière unilatérale par les employeurs, et cela pour une durée indéterminée, est inacceptable.
J'ai demandé à la ministre du Travail de répondre avec clarté aux inquiétudes des salariés plutôt que de créer une insécurité sociale grandissante.
En séance aujourd'hui, pour l'examen du projet de loi de finances rectificatives, je resterai très vigilante sur les moyens financiers que nous allons voter pour la mise en oeuvre des mesures d'urgences. A ce titre, nous avons demandé que le Parlement puisse suivre de très peu l'évolution des mesures mises en place par le gouvernement.
Juste pour dire qu'il y a des élu.e.s qui font leur travail avec sincérité, même si ça peut sembler dérisoire pour faire face à une armée de zombies. Et un jour ça portera ses fruits ... mais d'ici là on ne se rend pas.
Basta (19 mars 2020) : Pénurie de masques face au Covid-19 : la faillite des gouvernements successifs dans la gestion des stocks
Sophie Chapelle
Face à la pénurie, le gouvernement a commandé en urgence 200 millions de masques dits FFP2, indispensables pour protéger les personnels soignants des hôpitaux ou des cabinets médicaux. Pourquoi avoir attendu plus d’un mois après le début de l’épidémie ? Pourquoi la France ne dispose-t-elle que de stocks stratégiques restreints ?
Explications.
« Ce qu’il faut résoudre, absolument résoudre, c’est la question des masques. » Philippe Juvin est chef du service des urgences de l’hôpital Georges Pompidou à Paris. Rattaché à l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, il considère ne pas faire partie des plus mal lotis en matière de matériel et de personnel. « Mais je regarde toute la médecine de ville, tous nos collègues médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, toutes ces personnes qui vont à domicile aider les personnes âgées à faire leur toilette, à manger... Ils n’ont pas de masques ! » s’indigne-t-il le 18 mars [1].
Quelques jours plus tôt, SOS Médecins, dont les soignants se rendent au domicile des personnes malades, alertait déjà les autorités, n’obtenant « au compte-goutte que quelques masques, souvent périmés, et en quantités ridiculement insuffisantes ». « Déjà plusieurs médecins de SOS sont contaminés. Certains sont hospitalisés. D’autres se retirent de crainte de devenir porteurs du virus et d’infecter des patients ou leur familles » [2]. Des masques de protection doivent être « livrés dans les 25 départements les plus touchés » dès ce 19 mars, a répondu Emmanuel Macron lors de sa deuxième allocution. Comment en sommes-nous arrivés à une telle situation alors que le virus est détecté en France dès le 24 janvier et que le risque épidémique était sérieusement envisagé par de nombreux scientifiques depuis plus d’un mois ?
Les lourdes conséquences financières de la gestion de la grippe H1N1
Lors d’une question à l’Assemblée nationale le 3 mars, Olivier Véran, fraîchement nommé ministre de la Santé, affirme que la France a cessé de renouveler depuis 2011 ses stocks de masques de type « FFP2 », un masque filtrant qui protège davantage que les masques chirurgicaux [3]. « Suite à l’épisode de la grippe H1N1, une grande concertation a été organisée de manière à déterminer les stocks dont la France avait besoin pour se prémunir de la survenue de nouveaux épisodes viraux », détaille t-il. « En 2011 il a été déterminé que la France n’avait pas à faire de stock d’État des fameux masques FFP2. Il n’y a donc pas de stock d’État (...). » Le délai de péremption des masques FFP2 est d’environ 5 ans à compter de la date de fabrication [4], car l’élastique, notamment, risque de casser.
En 2011, Xavier Bertrand est ministre de la Santé. Il succède à Roselyne Bachelot qui vient de gérer l’épidémie de grippe H1N1, dite grippe A. La réponse de l’État en la matière s’est révélée surdimensionnée a posteriori, notamment en ce qui concerne l’acquisition de vaccins. Un rapport de la Cour des comptes épingle un gaspillage : sur les 94 millions de doses de vaccins commandées initialement, seulement six millions ont été utilisées. A l’époque, le directeur du Centre national de référence des virus de la grippe, reconnait que l’« on en a fait beaucoup plus que ce qui était nécessaire » contre la grippe A. « Tout ceci est lié au fait que, finalement, au cours de cette pandémie nous n’avons fait qu’accumuler d’excellentes nouvelles : il ne fallait qu’une seule dose pour le vaccin et le virus n’était pas aussi dangereux qu’on l’avait cru… » C’est dans ce contexte qu’aurait été prise la décision de ne pas renouveler les stocks « stratégiques » de masques FFP2 arrivant à expiration.
La responsabilité des gouvernements Sarkozy puis Hollande dans la baisse des stocks
Un rapport du Sénat publié en 2015 revient précisément sur la gestion des stocks nationaux de produits de santé, à constituer en cas d’attaque terroriste ou de pandémie. L’établissement qui gère ces stocks, l’EPRUS (établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires) a été créé en 2007. Il est cofinancé par l’État (l’impôt) et l’assurance maladie (les cotisations sociales). La vision purement comptable qui suit la gestion de l’épidémie de H1N1 en France va avoir des conséquences directes sur les finances de cet établissement.
Comme le montre le tableau ci-dessous, son budget est multiplié par sept en 2009 pour faire face à l’épidémie de H1N1, puis négatif à cause des dépenses en vaccins. Jamais, dans les années qui suivent, son budget ne retrouvera un niveau équivalent à celui précédant l’apparition de la grippe A. En une décennie, ses moyens sont même divisés par dix.
« Ce qu’il faut résoudre, absolument résoudre, c’est la question des masques. » Philippe Juvin est chef du service des urgences de l’hôpital Georges Pompidou à Paris. Rattaché à l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, il considère ne pas faire partie des plus mal lotis en matière de matériel et de personnel. « Mais je regarde toute la médecine de ville, tous nos collègues médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, toutes ces personnes qui vont à domicile aider les personnes âgées à faire leur toilette, à manger... Ils n’ont pas de masques ! » s’indigne-t-il le 18 mars [1].
Quelques jours plus tôt, SOS Médecins, dont les soignants se rendent au domicile des personnes malades, alertait déjà les autorités, n’obtenant « au compte-goutte que quelques masques, souvent périmés, et en quantités ridiculement insuffisantes ». « Déjà plusieurs médecins de SOS sont contaminés. Certains sont hospitalisés. D’autres se retirent de crainte de devenir porteurs du virus et d’infecter des patients ou leur familles » [2]. Des masques de protection doivent être « livrés dans les 25 départements les plus touchés » dès ce 19 mars, a répondu Emmanuel Macron lors de sa deuxième allocution. Comment en sommes-nous arrivés à une telle situation alors que le virus est détecté en France dès le 24 janvier et que le risque épidémique était sérieusement envisagé par de nombreux scientifiques depuis plus d’un mois ?
Les lourdes conséquences financières de la gestion de la grippe H1N1
Lors d’une question à l’Assemblée nationale le 3 mars, Olivier Véran, fraîchement nommé ministre de la Santé, affirme que la France a cessé de renouveler depuis 2011 ses stocks de masques de type « FFP2 », un masque filtrant qui protège davantage que les masques chirurgicaux [3]. « Suite à l’épisode de la grippe H1N1, une grande concertation a été organisée de manière à déterminer les stocks dont la France avait besoin pour se prémunir de la survenue de nouveaux épisodes viraux », détaille t-il. « En 2011 il a été déterminé que la France n’avait pas à faire de stock d’État des fameux masques FFP2. Il n’y a donc pas de stock d’État (...). » Le délai de péremption des masques FFP2 est d’environ 5 ans à compter de la date de fabrication [4], car l’élastique, notamment, risque de casser.
En 2011, Xavier Bertrand est ministre de la Santé. Il succède à Roselyne Bachelot qui vient de gérer l’épidémie de grippe H1N1, dite grippe A. La réponse de l’État en la matière s’est révélée surdimensionnée a posteriori, notamment en ce qui concerne l’acquisition de vaccins. Un rapport de la Cour des comptes épingle un gaspillage : sur les 94 millions de doses de vaccins commandées initialement, seulement six millions ont été utilisées. A l’époque, le directeur du Centre national de référence des virus de la grippe, reconnait que l’« on en a fait beaucoup plus que ce qui était nécessaire » contre la grippe A. « Tout ceci est lié au fait que, finalement, au cours de cette pandémie nous n’avons fait qu’accumuler d’excellentes nouvelles : il ne fallait qu’une seule dose pour le vaccin et le virus n’était pas aussi dangereux qu’on l’avait cru… » C’est dans ce contexte qu’aurait été prise la décision de ne pas renouveler les stocks « stratégiques » de masques FFP2 arrivant à expiration.
La responsabilité des gouvernements Sarkozy puis Hollande dans la baisse des stocks
Un rapport du Sénat publié en 2015 revient précisément sur la gestion des stocks nationaux de produits de santé, à constituer en cas d’attaque terroriste ou de pandémie. L’établissement qui gère ces stocks, l’EPRUS (établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires) a été créé en 2007. Il est cofinancé par l’État (l’impôt) et l’assurance maladie (les cotisations sociales). La vision purement comptable qui suit la gestion de l’épidémie de H1N1 en France va avoir des conséquences directes sur les finances de cet établissement.
Comme le montre le tableau ci-dessous, son budget est multiplié par sept en 2009 pour faire face à l’épidémie de H1N1, puis négatif à cause des dépenses en vaccins. Jamais, dans les années qui suivent, son budget ne retrouvera un niveau équivalent à celui précédant l’apparition de la grippe A. En une décennie, ses moyens sont même divisés par dix.
La subvention versée par l’État était de 18,1 millions d’euros en 2011 contre 10,5 millions d’euros en 2015, tandis que la participation de l’assurance maladie est passée, au cours de cette même période, de 41,2 millions d’euros à 15,3 millions d’euros.
Il est donc décidé « de ne pas renouveler certains stocks arrivant à péremption », arguant du fait que les masques bénéficient d’une « plus grande disponibilité » dans le commerce et les pharmacies. Il revient désormais à chaque établissement de santé ou médico-sociaux de constituer leurs propres stocks « pour les masques de protection FFP2 de leurs personnels », précise le rapport. La gestion d’une partie des stocks est donc transférée à chaque hôpital, lui-même soumis à une austérité budgétaire et à une logique comptable.
Le rapport du Sénat révèle aussi que ce qui reste du stock national géré par l’Eprus « concernerait désormais uniquement les masques de protection chirurgicaux à l’attention des personnes malades et de leurs contacts ». Les stocks de masques FFP2 « pour certains actes à risques » relèvent désormais « des employeurs ». Cette décision est alors prise en dépit des recommandations du Haut conseil de la santé publique en juillet 2011 appelant à ce que le stock d’État soit constitué de masques anti-projections (ou chirurgicaux) et d’appareils de protection respiratoire (de type FFP2).
Extrait des recommandations du Haut conseil de la santé publique en juillet 2011. Cliquez sur l’image pour accéder à l’intégralité. |
La décision tardive de renouveler les stocks
La décision d’acquisition ou de renouvellement de ces stocks stratégiques appartient exclusivement au ministre chargé de la santé. Leur gestion dépend désormais de « L’établissement pharmaceutique », une branche de Santé Publique France, qui regroupe l’ensemble des agences de santé [5]. Or, le 26 janvier dernier, deux jours après l’arrivée de l’épidémie en France, Agnès Buzyn se veut très rassurante : « Aujourd’hui, il n’y a aucune indication à acheter des masques pour la population française, nous avons des dizaines de millions de masques en stock. En cas d’épidémie, ce sont des choses qui sont d’ores et déjà programmées. » Il y a bien en stock 145 millions de masques anti projection ou chirurgicaux [6], mais pas de masques FFP2 dont la durée de protection varie entre trois et huit heures. Il faudra attendre fin février pour que le gouvernement passe commande de 200 millions de masques, les autorités espérant en recevoir 35 à 40 millions par mois. Un mois a donc été perdu, alors que les autorités sanitaires mettaient tout en œuvre pour contenir le plus longtemps possible l’épidémie à quelques départements.
« Ce qui n’avait pas été anticipé peut-être en 2011 c’est que parfois les crises sanitaires peuvent engendrer des crises industrielles », explique le nouveau ministre à l’Assemblée nationale le 3 mars. Le ralentissement de l’industrie chinoise liée à la pandémie impacte directement la fabrication. Dans le même temps, seules quatre entreprises fabriquent ces masques en France. Fin février, l’une d’elles, Kolmi-Hopen, PME d’une centaine de salariés, annonce fabriquer un million de masques par jour et avoir embauché 26 personnes pour répondre à la demande. C’est aussi une PME dans la Loire, Valmy, qui a recruté en urgence 50 personnes, passant de 20 à 70 salariés.
« Nous [leur] avons passé les commandes publiques les plus massives qui soient », a précisé Olivier Véran. « Nous avons demandé à ces entreprises de fonctionner jour et nuit, H24, sept jours sur sept, de manière à fournir le maximum de masques possibles. » Problème : ces mêmes entreprises, du fait du retard à l’allumage des autorités françaises, étaient occupées début mars à la fabrication de masques pour d’autres pays. C’est le cas de l’entreprise Valmy qui avait reçu une commande du NHS (National Health Service) britannique avant les autorités françaises [7] ! Ou de la société VSP Med Mask, basée à Marseille, qui expliquait fin février recevoir des appels de toutes parts, « y compris et surtout des gouvernements des régions chinoises qui font appel à des intermédiaires pour faire face à leur problématiques ». Face à cette situation, le Premier ministre a ordonné la réquisition le 3 mars par décret de l’ensemble des stocks et productions de masques sur le territoire national. D’autres sites industriels envisagent de se convertir à la production de masques.
Priorité aux professionnels de santé
Dans un communiqué publié le 16 mars, Olivier Véran précise la stratégie de gestion et d’utilisation maîtrisée des masques « dans les zones où le virus circule activement » en les destinant prioritairement aux professionnels de santé. A l’heure actuelle, les masques de type FFP2 sont réservés d’abord aux médecins, infirmiers, services d’urgence, d’accueil des malades Covid-19 et de soins critiques, ainsi qu’aux masseurs-kinésithérapeutes qui peuvent en disposer pour certains actes.
En revanche, les pharmaciens, chirurgiens-dentistes, sages-femmes libérales, personnels des EHPAD, structures médico-sociales accueillant des personnes fragiles, les sites régionaux identifiés pour accueillir des patients Covid-19 sans domicile, les ambulanciers et centres de secours, les prestataires de services et distributeurs de matériel disposeront, eux, de masques « chirurgicaux » [8] [9]. Ceux-ci sont-ils autant efficaces que le FFP2 ?
Gérer la pénurie
Selon Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, « il y a une équivalence stricte des masques chirurgicaux avec les masques FFP2 pour les virus transmis par voie gouttelettes ». Il justifie son propos par une étude publiée en 2019 dans la revue médicale américaine Jama. « Se baser sur une étude portant sur la grippe pour étayer des recommandations sur le coronavirus peut paraitre d’autant plus léger que cette étude est largement critiquée et que les recommandations en vigueur en France du Haut conseil de la santé publique et de la Société française d’hygiène hospitalière, ainsi que celles en vigueur aux États-Unis et en Chine sont unanimes pour promouvoir l’usage du FFP2 pour les professionnels de santé », estime le journal spécialisé en ligne Caducee.
Se contenter de masques chirurgicaux pour protéger toute une partie des professionnels de santé, et alors même que la médecine de ville est appelée en renfort pour éviter que les hôpitaux ne soient surchargés, relève d’une gestion de la pénurie. « Au cabinet, on n’a quasiment plus de masques de type FFP2. Les masques chirurgicaux sont disponibles, mais ce sont des passoires [10]. On est deux médecins contaminés sur cinq, je suis positif depuis lundi. Et l’une des deux remplaçantes est en train de se faire tester. Le combat va se terminer faute de combattants », témoigne le médecin généraliste Jean-Paul Hamon, installé à Clamart (Hauts-de-Seine) et président de la Fédération des médecins de France. La question est aussi urgente concernant d’autres protections : gants, lunettes, surblouses ou gel hydroalcoolique risquent aussi de manquer.
Sophie Chapelle
Photo : © Pedro Da Fonseca
La décision d’acquisition ou de renouvellement de ces stocks stratégiques appartient exclusivement au ministre chargé de la santé. Leur gestion dépend désormais de « L’établissement pharmaceutique », une branche de Santé Publique France, qui regroupe l’ensemble des agences de santé [5]. Or, le 26 janvier dernier, deux jours après l’arrivée de l’épidémie en France, Agnès Buzyn se veut très rassurante : « Aujourd’hui, il n’y a aucune indication à acheter des masques pour la population française, nous avons des dizaines de millions de masques en stock. En cas d’épidémie, ce sont des choses qui sont d’ores et déjà programmées. » Il y a bien en stock 145 millions de masques anti projection ou chirurgicaux [6], mais pas de masques FFP2 dont la durée de protection varie entre trois et huit heures. Il faudra attendre fin février pour que le gouvernement passe commande de 200 millions de masques, les autorités espérant en recevoir 35 à 40 millions par mois. Un mois a donc été perdu, alors que les autorités sanitaires mettaient tout en œuvre pour contenir le plus longtemps possible l’épidémie à quelques départements.
« Ce qui n’avait pas été anticipé peut-être en 2011 c’est que parfois les crises sanitaires peuvent engendrer des crises industrielles », explique le nouveau ministre à l’Assemblée nationale le 3 mars. Le ralentissement de l’industrie chinoise liée à la pandémie impacte directement la fabrication. Dans le même temps, seules quatre entreprises fabriquent ces masques en France. Fin février, l’une d’elles, Kolmi-Hopen, PME d’une centaine de salariés, annonce fabriquer un million de masques par jour et avoir embauché 26 personnes pour répondre à la demande. C’est aussi une PME dans la Loire, Valmy, qui a recruté en urgence 50 personnes, passant de 20 à 70 salariés.
« Nous [leur] avons passé les commandes publiques les plus massives qui soient », a précisé Olivier Véran. « Nous avons demandé à ces entreprises de fonctionner jour et nuit, H24, sept jours sur sept, de manière à fournir le maximum de masques possibles. » Problème : ces mêmes entreprises, du fait du retard à l’allumage des autorités françaises, étaient occupées début mars à la fabrication de masques pour d’autres pays. C’est le cas de l’entreprise Valmy qui avait reçu une commande du NHS (National Health Service) britannique avant les autorités françaises [7] ! Ou de la société VSP Med Mask, basée à Marseille, qui expliquait fin février recevoir des appels de toutes parts, « y compris et surtout des gouvernements des régions chinoises qui font appel à des intermédiaires pour faire face à leur problématiques ». Face à cette situation, le Premier ministre a ordonné la réquisition le 3 mars par décret de l’ensemble des stocks et productions de masques sur le territoire national. D’autres sites industriels envisagent de se convertir à la production de masques.
Priorité aux professionnels de santé
Dans un communiqué publié le 16 mars, Olivier Véran précise la stratégie de gestion et d’utilisation maîtrisée des masques « dans les zones où le virus circule activement » en les destinant prioritairement aux professionnels de santé. A l’heure actuelle, les masques de type FFP2 sont réservés d’abord aux médecins, infirmiers, services d’urgence, d’accueil des malades Covid-19 et de soins critiques, ainsi qu’aux masseurs-kinésithérapeutes qui peuvent en disposer pour certains actes.
En revanche, les pharmaciens, chirurgiens-dentistes, sages-femmes libérales, personnels des EHPAD, structures médico-sociales accueillant des personnes fragiles, les sites régionaux identifiés pour accueillir des patients Covid-19 sans domicile, les ambulanciers et centres de secours, les prestataires de services et distributeurs de matériel disposeront, eux, de masques « chirurgicaux » [8] [9]. Ceux-ci sont-ils autant efficaces que le FFP2 ?
Gérer la pénurie
Selon Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, « il y a une équivalence stricte des masques chirurgicaux avec les masques FFP2 pour les virus transmis par voie gouttelettes ». Il justifie son propos par une étude publiée en 2019 dans la revue médicale américaine Jama. « Se baser sur une étude portant sur la grippe pour étayer des recommandations sur le coronavirus peut paraitre d’autant plus léger que cette étude est largement critiquée et que les recommandations en vigueur en France du Haut conseil de la santé publique et de la Société française d’hygiène hospitalière, ainsi que celles en vigueur aux États-Unis et en Chine sont unanimes pour promouvoir l’usage du FFP2 pour les professionnels de santé », estime le journal spécialisé en ligne Caducee.
Se contenter de masques chirurgicaux pour protéger toute une partie des professionnels de santé, et alors même que la médecine de ville est appelée en renfort pour éviter que les hôpitaux ne soient surchargés, relève d’une gestion de la pénurie. « Au cabinet, on n’a quasiment plus de masques de type FFP2. Les masques chirurgicaux sont disponibles, mais ce sont des passoires [10]. On est deux médecins contaminés sur cinq, je suis positif depuis lundi. Et l’une des deux remplaçantes est en train de se faire tester. Le combat va se terminer faute de combattants », témoigne le médecin généraliste Jean-Paul Hamon, installé à Clamart (Hauts-de-Seine) et président de la Fédération des médecins de France. La question est aussi urgente concernant d’autres protections : gants, lunettes, surblouses ou gel hydroalcoolique risquent aussi de manquer.
Sophie Chapelle
Photo : © Pedro Da Fonseca
Notes
[1] Voir l’entretien avec Philippe Juvin, 18 mars 2020
[2] Voir leur communiqué.
[3] Le masque de type FFP2 est un masque de protection respiratoire individuelle. C’est un masque filtrant destiné à protéger le porteur contre les risques d’inhalation d’agents infectieux transmissibles par voie aérienne. Il le protège a fortiori aussi contre le risque de transmission par gouttelettes. Plus d’informations
[4] Source
[5] Suite à la fusion des agences de santé dans Santé Publique France, ce qu’il reste des stocks nationaux dits « stratégiques » est désormais géré par « l’établissement pharmaceutique » : « Son rôle est d’acquérir, stocker et organiser, le cas échéant, la distribution des produits nécessaires prévus par les plans nationaux de réponse aux menaces sanitaires. » Il est dirigé par une docteure en pharmacie, Nicole Pelletier
[6] Données mentionnées par Olivier Véran, le 3 mars 2020, à l’Assemblée nationale.
[7] Lire cet article de Libération
[8] Le masque anti-projections (de type « chirurgical ») est destiné à éviter lors de l’expiration de celui qui le porte, la projection de sécrétions des voies aériennes supérieures ou de salive pouvant contenir des agents infectieux transmissibles. Plus d’informations
[9] L’arrêté du ministre de la Santé le 14 mars prévoit une distribution gratuite de boites de masques de protection par les pharmacies d’officines aux professionnels de santé.
[10] Le médecin Jean-Paul Hamon précise au sujet des masques chirurgicaux : « Cela ne protège que les personnes autour de vous quand vous toussez, ça ne protège pas le porteur de masque. Si vous suturez un visage, si vous êtes ORL, dentiste, c’est nettement insuffisant. »
Rien à ajouter ... ça m'a fait plaisir de trouver un article bien documenté, avec des références. Pour le reste, on sait, on connait, la Cour des comtes, des cons, des comptes et tout le tralala.
Réunion avec Muriel Pénicaud © Twitter M.P. |
Batiactu (19/03/2020) : Le coup de gueule de la ministre du Travail ne passe pas pour le BTP
Florent Lacas
RAPPEL A L'ORDRE. Muriel Pénicaud, ministre du Travail, s'en est vertement prise aux entreprises du BTP qui décident de fermer leur activité du fait de la mise en confinement. Elle qualifie cette attitude de "défaitisme", alors que le pays traverse sa crise la plus grave depuis la seconde guerre mondiale.
Le torchon brûle entre les pouvoirs publics et certains acteurs du BTP qui appellent à la fermeture des établissements durant le confinement. C'est un sévère rappel à l'ordre que vient d'effectuer la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, interviewée ce matin du 19 mars 2020 sur LCI. Alors que les trois principales organisations professionnelles du secteur viennent de demander un arrêt temporaire des chantiers, le Gouvernement souhaite maintenir le maximum d'activité économique et ne pas prendre le risque d'une France à l'arrêt complet. "J'en appelle au civisme des entreprises", a-t-elle martelé, assurant être "scandalisée" de voir une antenne locale de la Capeb inciter, par courrier, ses adhérents à ne pas aller travailler. "Les entreprises qui se disent que l'État paiera et qu'elles n'ont pas à travailler ne sont pas dans une attitude de civisme."
Réaction de Patrick Liébus, président de la Capeb : "Ces propos sont scandaleux"
Contacté par Batiactu, le président de la Capeb Patrick Liébus estime les propos de Muriel Pénicaud "scandaleux". "Cela témoigne d'un mépris profond, et je pèse mes mots, pour ces artisans et ces salariés qui travaillent dans le bâtiment et n'ont jamais rien demandé." Il s'indigne également du fait que la Capeb soit visée nommément, alors même que les trois organisations, avec la FFB et la FNTP, étaient sur la même longueur d'ondes. "La filière mobilisée va réagir à ces propos", nous assure-t-il. "Pourquoi les artisans devraient aller travailler à l'heure où certaines usines sont fermées, où les travaux de Notre-Dame sont stoppés, ceux du Grand Paris express suspendus, à l'heure où dans certaines communes on interdit d'aller travailler ? La Capeb ne va pas en rester là par rapport à ce qui vient d'être dit par la ministre."
Le patron des artisans du bâtiment soupçonne l'État de ne pas vouloir dépenser trop d'argent sur le chômage partiel. "S'ils se sont trompés dans leurs calculs financiers par rapport à ce qu'ils ont promis, et qu'ils comptent sur les bons petits soldats du bâtiment pour aller au front, en prenant des risques inconsidérés pour leur santé mais aussi pour la santé de leurs clients..."
Des entreprises "défaitistes" ?
Elle est revenue plus longtemps sur le secteur du Bâtiment. "On nous explique qu'il est impossible d'y travailler parce que l'on monte à deux dans une camionnette et qu'il y est impossible d'y respecter la distance sanitaire minimale : mais pourquoi pas prendre deux voitures pour se déplacer ?" Puis, sur chantier, la ministre invite à travailler différemment de manière à ne pas être "côte-à-côte". "Les entreprises doivent faire une réunion avec leurs salariés de manière à trouver des solutions pour continuer l'activité", demande-t-elle, regrettant une attitude qu'elle n'hésite pas à qualifier de "défaitisme". "Les entreprises qui sans avoir discuté et réfléchi avec leurs équipes, se retirent, sont défaitistes."
Sur les réseaux sociaux, le témoignage parlant de Delphine Grémy, chef d'entreprise : "Mes gars, c'est comme ma famille"
Delphine Grémy, chef d'entreprise de la société de bâtiment éponyme, a détaillé sur les réseaux sociaux les raisons pour lesquelles elle a décidé de 'fermer boutique'. "C'est la première fois en 21 ans de chef d'entreprise que je suis contrainte de fermer les portes de ma boutique... Complètement fou quand on y pense, totalement contraire à nos gènes", explique-t-elle. Pourquoi cette décision ? "Pour mes salariés et uniquement pour eux. Car je n'ai pas les moyens d'assurer leur sécurité sanitaire pour l'instant, sans masque, sans liquide hydroalcoolique, sans gants, je ne peux garantir leur santé." Les situations à risque qu'elle a repérées sont par exemple les "trajets en camion par exemple (à 2 ou 3), les tâches de ports de charge à plusieurs, les travaux en binômes, les repas, même si par ailleurs parfois sur certaines tâches on peut respecter les distances...)". Pour elle, ses salariés, "c'est comme ma famille, certains sont avec moi depuis 20 ans".
"Me battre c'est dans les gènes, abdiquer et reculer, c'est pas pour moi !"
RAPPEL A L'ORDRE. Muriel Pénicaud, ministre du Travail, s'en est vertement prise aux entreprises du BTP qui décident de fermer leur activité du fait de la mise en confinement. Elle qualifie cette attitude de "défaitisme", alors que le pays traverse sa crise la plus grave depuis la seconde guerre mondiale.
Le torchon brûle entre les pouvoirs publics et certains acteurs du BTP qui appellent à la fermeture des établissements durant le confinement. C'est un sévère rappel à l'ordre que vient d'effectuer la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, interviewée ce matin du 19 mars 2020 sur LCI. Alors que les trois principales organisations professionnelles du secteur viennent de demander un arrêt temporaire des chantiers, le Gouvernement souhaite maintenir le maximum d'activité économique et ne pas prendre le risque d'une France à l'arrêt complet. "J'en appelle au civisme des entreprises", a-t-elle martelé, assurant être "scandalisée" de voir une antenne locale de la Capeb inciter, par courrier, ses adhérents à ne pas aller travailler. "Les entreprises qui se disent que l'État paiera et qu'elles n'ont pas à travailler ne sont pas dans une attitude de civisme."
Réaction de Patrick Liébus, président de la Capeb : "Ces propos sont scandaleux"
Contacté par Batiactu, le président de la Capeb Patrick Liébus estime les propos de Muriel Pénicaud "scandaleux". "Cela témoigne d'un mépris profond, et je pèse mes mots, pour ces artisans et ces salariés qui travaillent dans le bâtiment et n'ont jamais rien demandé." Il s'indigne également du fait que la Capeb soit visée nommément, alors même que les trois organisations, avec la FFB et la FNTP, étaient sur la même longueur d'ondes. "La filière mobilisée va réagir à ces propos", nous assure-t-il. "Pourquoi les artisans devraient aller travailler à l'heure où certaines usines sont fermées, où les travaux de Notre-Dame sont stoppés, ceux du Grand Paris express suspendus, à l'heure où dans certaines communes on interdit d'aller travailler ? La Capeb ne va pas en rester là par rapport à ce qui vient d'être dit par la ministre."
Le patron des artisans du bâtiment soupçonne l'État de ne pas vouloir dépenser trop d'argent sur le chômage partiel. "S'ils se sont trompés dans leurs calculs financiers par rapport à ce qu'ils ont promis, et qu'ils comptent sur les bons petits soldats du bâtiment pour aller au front, en prenant des risques inconsidérés pour leur santé mais aussi pour la santé de leurs clients..."
Des entreprises "défaitistes" ?
Elle est revenue plus longtemps sur le secteur du Bâtiment. "On nous explique qu'il est impossible d'y travailler parce que l'on monte à deux dans une camionnette et qu'il y est impossible d'y respecter la distance sanitaire minimale : mais pourquoi pas prendre deux voitures pour se déplacer ?" Puis, sur chantier, la ministre invite à travailler différemment de manière à ne pas être "côte-à-côte". "Les entreprises doivent faire une réunion avec leurs salariés de manière à trouver des solutions pour continuer l'activité", demande-t-elle, regrettant une attitude qu'elle n'hésite pas à qualifier de "défaitisme". "Les entreprises qui sans avoir discuté et réfléchi avec leurs équipes, se retirent, sont défaitistes."
Sur les réseaux sociaux, le témoignage parlant de Delphine Grémy, chef d'entreprise : "Mes gars, c'est comme ma famille"
Delphine Grémy, chef d'entreprise de la société de bâtiment éponyme, a détaillé sur les réseaux sociaux les raisons pour lesquelles elle a décidé de 'fermer boutique'. "C'est la première fois en 21 ans de chef d'entreprise que je suis contrainte de fermer les portes de ma boutique... Complètement fou quand on y pense, totalement contraire à nos gènes", explique-t-elle. Pourquoi cette décision ? "Pour mes salariés et uniquement pour eux. Car je n'ai pas les moyens d'assurer leur sécurité sanitaire pour l'instant, sans masque, sans liquide hydroalcoolique, sans gants, je ne peux garantir leur santé." Les situations à risque qu'elle a repérées sont par exemple les "trajets en camion par exemple (à 2 ou 3), les tâches de ports de charge à plusieurs, les travaux en binômes, les repas, même si par ailleurs parfois sur certaines tâches on peut respecter les distances...)". Pour elle, ses salariés, "c'est comme ma famille, certains sont avec moi depuis 20 ans".
"Me battre c'est dans les gènes, abdiquer et reculer, c'est pas pour moi !"
Elle conteste toute idée de défaitisme. "Me battre c'est dans les gènes, abdiquer et reculer, c'est pas pour moi ! [...] Ma conscience sanitaire et mon humanité pour mes hommes sont indissociables de ma responsabilité envers eux quand à la pérennité de leur emploi et donc de mon entreprise." Elle demande instamment aux pouvoirs publics d'aider les entreprises le plus efficacement et le plus rapidement possible. "Le confinement n'est qu'un détail pour nous, c'est le redémarrage que nous attendons, en bons entrepreneurs, nous sommes prêts à nous battre et à relever nos manches mais il ne faut pas nous trahir et il faut vite réagir. Le BTP ne peut pas attendre les délais de réaction et de paiement de l'administration française !"
Une lettre ouverte à Muriel Pénicaud : un "mépris sans précédent"
Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), a réagi dans l'après-midi en publiant une lettre ouverte à Muriel Pénicaud, qualifiant les propos tenus sur LCI de "scandaleux". "Aucune de nos entreprises, aucun de nos artisans, ne se sont mis dans une position de tire-au-flanc face à la situation actuelle ! C'est la mort dans l'âme que nombre d'entre eux ont dû cesser leur activité et mettre leurs salariés à l'arrêt", peut-on lire dans ce document. Le patron de la FFB rappelle que le secteur a toujours soutenu l'emploi, se distinguant récemment par l'intégration "parmi ses effectifs de nombreux migrants, naufragés du conflit syrien". "Le mépris affiché à notre égard depuis hier par les pouvoirs publics, dans le contexte que nous traversons, est d'une déloyauté sans nom. Il est aussi sans précédent."
"Le chantage exercé par les Dirrecte est inqualifiable"
Interruption de la fourniture de matériaux, intervention des forces de l'ordre enjoignant à des salariés de quitter les lieux, clients refusant l'accès aux chantiers et inquiétude des salariés pour leur santé : autant d'éléments qui feraient que les entreprises du BTP "n'ont pas d'autres choix que de fermer", assure Jacques Chanut. La menace qui sous-tend cette passe d'arme tient également au droit au secteur de la construction de bénéficier des mesures récemment annoncées en matière de chômage technique. "Personne ne pourrait comprendre que les milliers de salariés de Bâtiment n'aient pas le droit au chômage partiel par principe. Le chantage exercé par les Dirrecte auprès de nos fédérations locales depuis plusieurs jours est inqualifiable." Le secteur appelle ainsi une fois de plus les pouvoirs publics à l'organisation d'une réunion "d'urgence" avec la médecine du travail et les syndicats pour trouver les bonnes procédures pour une continuation de l'activité, dans la mesure du possible. Rien ne prouve en effet que la responsabilité d'une entreprise de construction pourrait être engagée si l'un de ses salariés, envoyé sur le terrain en pleine pandémie, attrapait le virus.
Le même Jacques Chanut était intervenu sur France info ce 19 mars pour rappeler la complexité de la situation. Il avait formulé une nouvelle fois sa demande d'un arrêt de dix jours des chantiers, pour mieux tenir compte de la protection des salariés notamment. "Il y a deux problèmes", avait-il assuré. "Nos gars ne veulent pas y aller parce qu'ils ont entendu le discours du président de la République : 'Restez chez vous !'. Et deuxièmement, on a des sujets très techniques et précis dans notre secteur pour éviter le fameux 'un mètre'." Avant de citer plusieurs exemples concrets : "Comment fait-on pour porter des charges lourdes ? Comment fait-on quand on a cinq ou six personnes dans une camionnette pour aller sur un chantier ? Comment fait-on dans les cantonnements ? Et tout ça sans masque..."
La CGT construction préconise le droit de retrait si les mesures de prévention sont incomplètes
La Fédération des Scop du BTP a tenu également à réagir en fin de journée, appelant l'État à faire "arrêter tous les chantiers car il est de notre responsabilité de faire primer la sécurité des salariés BTP qui évoluent dans un environnement, le chantier, très vraisemblablement favorable à la propagation de l'épidémie". "Donnez-nous le temps de nous organiser et, comme nous sommes des gens courageux, nous rattraperons le retard pris le moment venu." Enfin, du côté des syndicats de salariés, l'analyse va dans le même sens. La CGT construction constate ainsi que dans la "quasi-totalité des chantiers", les gestes barrières et mesures de précaution ne peuvent pas être appliqués. "La FNSCBA ordonne, pour leur santé et celle de leur famille, aux salariés, si les règles édictées par le gouvernement ne sont pas respectées, à faire valoir leur droit de retrait", peut-on ainsi lire dans un communiqué de presse diffusé ce jeudi. "Nous rappelons et insistons, également, que les employeurs ont la responsabilité morale, juridique et financière de protéger les salariés sur les lieux de travail et lors des déplacements."
L'OPPBTP préconise l'arrêt des chantiers en l'absence des mesures de prévention
"Si les conditions de prévention ne sont pas remplies, l'OPPBTP recommande l'arrêt de chantier." L'Organisme professionnel de prévention du BTP a ainsi fait savoir sa position, à la suite de la demande par l'État de la poursuite des chantiers. Quelles sont ces conditions de prévention ? "Il est notamment nécessaire de repenser l'organisation des postes de travail en garantissant un éloignement minimum de 1 mètre entre les opérateurs et de respecter toutes les consignes du gouvernement." En cas de maintien des chantiers, l'OPPBTP dispose d'un site de mise en contact avec un spécialiste (accessible en cliquant ici).
Sur BFM Business, le 18 mars, Jacques Chanut avait aussi estimé que c'était un "scandale" d'imaginer que des entreprises du bâtiment tentaient de profiter du système exceptionnel d'activité partielle. "Il ne faut pas que l'inquiétude de nos entreprises se transforme en colère. Nous avons vraiment besoin que la pression redescende et que tout le monde se mette autour d'une table, même virtuelle, afin que nous définissions ensemble les conditions permettant à nos compagnons de revenir sur les chantiers, et ce en toute sécurité."
Ces derniers jours, de nombreuses entreprises ont fait savoir publiquement qu'elles cessaient toute activité.
Le Conseil national de l'ordre des architectes (Cnoa), contacté par Batiactu a souhaité apporter son soutien à la Capeb et à la FFB. "Conformément aux propos tenus par le président de la République et par le Premier ministre, la quasi totalité des chantiers de bâtiment ont été arrêtés et sécurisés", observe Denis Dessus, président de l'organisme, qui a publié une lettre ouverte adressée à Édouard Philippe. "Cela s'est fait dans la précipitation, mais avec beaucoup de sérieux et d'efficacité, avant le mardi 17 mars à midi avec le personnel encore disponible au sein des entreprises du BTP et de la maîtrise d'œuvre. La plupart des maîtres d'ouvrage ont demandé ou accepté, mais toujours compris, cette interruption, pourtant très complexe à gérer pour tous les acteurs." Face aux demandes gouvernementales de réouverture des chantiers, le Cnoa assure que la maîtrise d'œuvre ne sait plus comment conseiller les maîtres d'ouvrage, ni répondre aux demandes "légitimes" des entreprises et artisans "dont le personnel n'est d'ailleurs plus disponible". C'est pourquoi le conseil de l'ordre attend des "explications claires". "Nous nous devons d'organiser le maintien d'un service minimum d'intérêt général. Pour cela, les artisans, notamment les plombiers et électriciens, doivent répondront aux urgences des particuliers et à la maintenance et aux réparations au sein des établissements de service public qui le nécessitent", assure Denis Dessus. Les architectes s'affirment par ailleurs tout à fait disposés à intervenir, au besoin, dans la gestion de la crise pour sécuriser des chantiers et coordonner les interventions des entreprises.
L'Union des syndicats d'architectes français (Unsfa), jointe par Batiactu, se déclare également solidaire des demandes des entreprises de construction.
Bon, c'est tout un métier, et ses centaines de milliers d'entreprises, et ses millions de salariés, qui viennent de trouver Pénicaud ... comment dire ? conne ? Non, c'est pas le bon terme. Salope ? Non plus. Ben on cherchera et on vous dira ultérierement.
Evidemment, Pénicaud, elle connaît un peu le monde de l'entreprise, ce qui ne veut pas dire grand chose, mais dans le domaine des RH, les ressources humaines, et sur les plus grandes boites du CAC 40 ... Donc elle, son truc, ça doit plutôt être cuir, fouet ... ou catapulte. Enfin bref. Elle a bossé chez Danone, donc elle connaît mieux les pots de yaourts que les immeubles et les maisons.
En tout cas, elle a pas été maligne sur ce coup-là. Afficher ouvertement et de manière décomplexée qu'il faut pousser les ouvriers sur les chantiers avec la baïonette, par les temps qui courent ... Dans trois jours, si ça se trouve, Philippe affolé devra anoncer que les gens sont confinés à domicile et point barre ... faut savoir anticiper si on veut pas passer pour l'andouille du moment.
Muriel Pénicaud a refusé d'assortir une date limite
aux ordonnances "coronavirus". - AFP |
Marianne (20/03/2020) : C'est confirmé : la loi "urgence coronavirus" va revenir sur les droits aux congés, les 35 heures... et sans date limite
Étienne Girard
Devant le Sénat, le gouvernement a réaffirmé sa volonté de revenir dans sa loi "urgence coronavirus" sur certains acquis sociaux, comme les congés payés ou les 35 heures. Des mesures qu'il annonce "provisoires"... tout en refusant d'inscrire une date limite dans le texte.
A la guerre comme à la guerre, répète le gouvernement. D'où l'idée d'introduire dans la loi "urgence coronavirus", qui doit être votée définitivement ce vendredi 20 mars, une réforme importante du droit de travail. Et surprise, le texte adopté par le Sénat ce jeudi dans la nuit ne prévoit aucun caractère "provisoire" ou "exceptionnel" pour la nouvelle loi. En clair, les mesures prises prendront un caractère définitif. Plusieurs acquis sociaux pourraient être rognés, comme le droit aux congés payés ou la durée hebdomadaire de travail. Le tout sous la pression du patronat.
Marianne l'écrivait dés ce mercredi : le projet de loi dit d'adaptation à la crise du coronavirus prévoit, parmi diverses mesures comme le contrôle des licenciements ou un plan massif d'aide aux entreprises, de revenir sur certains acquis sociaux. La réforme va en effet habiliter le gouvernement à prendre des ordonnances ayant valeur de loi dans le domaine du droit du travail, sous trois mois. Leur objet ? Imposer une nouvelle limite au droit aux congés payés, d'une part. Il s'agit de "modifier les conditions d’acquisition de congés payés et permettre à tout employeur d’imposer ou de modifier unilatéralement les dates de prise d’une partie des congés payés dans la limite de six jours ouvrables, des jours de réduction du temps de travail". A priori, il sera possible de revoir à la baisse le nombre de congés payés acquis par mois, aujourd'hui de 2,5.
"Supprimer le délai de prévenance"
Devant le Sénat, ce jeudi 19 mars, le gouvernement a expliqué qu'il s'agissait surtout, dans son esprit, de permettre aux entreprises d'imposer aux salariés la prise de congés payés pendant le confinement, dans la limite de six jours. "Il ne s'agit pas de supprimer les congés payés, mais d'utiliser une prérogative de l'employeur dans le code du travail en supprimant le délai de prévenance, normalement de quatre semaines, pour six jours ouvrés seulement", a fait savoir Muriel Pénicaud. Cette disposition a d'ailleurs été intégrée très explicitement dans la réforme. Mais quid d'une limitation de ces congés payés, pour toutes les entreprises ? La ministre du Travail et Edouard Philippe ont éludé.
La question est d'autant plus prégnante que dans le Figaro, un "haut représentant patronal" propose... de ramener les congés payés à deux ou trois semaines, du moins cette année : "Si c’est nécessaire pour limiter les conséquences économiques de la crise sans précédent que nous traversons en ce moment, les Français pourraient renoncer à deux à trois semaines de vacances en juillet et août. En tout cas, cela ne me choquerait pas". D'après LCI, il s'agit d'une suggestion... du Medef, le principal syndicat patronal. Interrogé sur la chaîne d'info, le ministre Bruno Le Maire n'a pas confirmé, sans pour autant écarter clairement cette hypothèse : "Arrêtons de parler d'efforts et parlons déjà plutôt de solidarité".
Fin des 35 heures dans certains secteurs.
Devant les sénateurs, Muriel Pénicaud a également abordé le sujet de la durée hebdomadaire du travail : "Sur la durée du travail, il faut aider les 99 secteurs qui en ont besoin". La future loi prévoit en effet... de permettre à un certain nombre d'entreprises de déroger aux 35 heures. L'article 7 de la réforme dispose en effet que le gouvernement pourra, par ordonnance, "permettre aux entreprises de secteurs particulièrement nécessaires à la sécurité de la Nation ou à la continuité de la vie économique et sociale de déroger aux règles d’ordre public et aux stipulations conventionnelles relatives à la durée du travail, au repos hebdomadaire et au repos dominical". Quels seront ces secteurs dans lesquels les 35 heures pourront bientôt disparaître ? La ministre a donné de très faibles précisions : "Il peut s'agir de l'alimentation, de la production de matériel médical par exemple". Pour le reste, un "décret" listera les métiers concernés. On constate par ailleurs que la remise en cause des droits aux congés payés concerne, elle, toutes les entreprises du pays.
Dans le Figaro, un représentant du ministère du Travail confirme que les salariés seront sollicités pour permettre à l'activité économique du pays de repartir : "On demandera un effort raisonnable à chacun dans ce moment qui restera dans les livres d’histoire". Soit, mais jusqu'à quand ? Un élément en particulier interroge : entre l'avant-projet de réforme, diffusé officieusement auprès de certains médias en début de semaine, et que Marianne avait pu consulter, et le projet de loi qui entrera bientôt en vigueur, ces mesures graves ont perdu leur caractère "provisoire". Cela signifie concrètement que la nouvelle loi s'appliquera... jusqu'à nouvel ordre, et non pas jusqu'à une date limite.
Devant les sénateurs, Muriel Pénicaud a également abordé le sujet de la durée hebdomadaire du travail : "Sur la durée du travail, il faut aider les 99 secteurs qui en ont besoin". La future loi prévoit en effet... de permettre à un certain nombre d'entreprises de déroger aux 35 heures. L'article 7 de la réforme dispose en effet que le gouvernement pourra, par ordonnance, "permettre aux entreprises de secteurs particulièrement nécessaires à la sécurité de la Nation ou à la continuité de la vie économique et sociale de déroger aux règles d’ordre public et aux stipulations conventionnelles relatives à la durée du travail, au repos hebdomadaire et au repos dominical". Quels seront ces secteurs dans lesquels les 35 heures pourront bientôt disparaître ? La ministre a donné de très faibles précisions : "Il peut s'agir de l'alimentation, de la production de matériel médical par exemple". Pour le reste, un "décret" listera les métiers concernés. On constate par ailleurs que la remise en cause des droits aux congés payés concerne, elle, toutes les entreprises du pays.
Dans le Figaro, un représentant du ministère du Travail confirme que les salariés seront sollicités pour permettre à l'activité économique du pays de repartir : "On demandera un effort raisonnable à chacun dans ce moment qui restera dans les livres d’histoire". Soit, mais jusqu'à quand ? Un élément en particulier interroge : entre l'avant-projet de réforme, diffusé officieusement auprès de certains médias en début de semaine, et que Marianne avait pu consulter, et le projet de loi qui entrera bientôt en vigueur, ces mesures graves ont perdu leur caractère "provisoire". Cela signifie concrètement que la nouvelle loi s'appliquera... jusqu'à nouvel ordre, et non pas jusqu'à une date limite.
"Il faut fixer des limites"
Les sénateurs socialistes ont bien tenté d'amender ce dispositif. Ils ont proposé que les ordonnances permettant notamment ces remises en cause d'acquis sociaux cessent d'être valides au 1er avril 2021. "On nous assure que les mesures qui seront prises sont exceptionnelles. Très bien, mais à condition qu'elles ne puissent rester en vigueur une fois la crise finie (...) Il y a beaucoup d'exemples de dispositions exceptionnelles devenues pérennes. Il faut fixer des limites", a exposé l'ex-ministre Jean-Pierre Sueur. Il lui a été adressé une fin de non-recevoir. "Par nature, les mesures à l'article 7 sont limitées à la durée de la crise sanitaire. Avis défavorable", a rétorqué Muriel Pénicaud. Le sénateur LREM Alain Richard a abondé, en expliquant qu'on ne pouvait prévoir à l'avance quand ces réformes auront perdu leur justification : "Il y aura forcément une transition. Bien malin qui pourrait dire quand l'utilité de chaque modification prendra fin".
Le fait que le gouvernement procède par ordonnances n'aura pas ailleurs aucun impact. En théorie, une ordonnance qui n'a pas été ratifiée par le Parlement est caduque. On aurait pu imaginer que le gouvernement renonce à demander la ratification des mesures "anti-acquis sociaux", mais il n'en sera probablement rien, pour une question de délai. Ces ordonnances, qui devront être prêtes d'ici au mois de juin au plus tard, mais sans doute beaucoup plus tôt vu l'urgence invoquée par le gouvernement, doivent ensuite être ratifiées par le Parlement sous deux mois. A cette date, il y a peu de chances que le gouvernement considère le pays comme définitivement sorti de la crise...
Si le gouvernement a expliqué oralement qu'aucune des dispositions de l'article 7 "n'a vocation à être pérenne", ce sera donc bien le cas, jusqu'au vote éventuel d'une nouvelle loi. D'ailleurs, Emmanuel Macron a fait savoir, dans son allocution de ce lundi, que la crise allait imposer un grand virage politique : "Beaucoup de certitudes, de convictions seront balayées (..) Je saurai aussi avec vous en tirer toutes conséquences, toutes les conséquences". Formule énigmatique qui laisse ouverts plusieurs scénarios. En commission des Finances à l'Assemblée nationale, ce jeudi 19 mars le rapporteur général Laurent Saint-Martin (LREM), a expliqué, en réponse à un amendement du député Alexis Corbière (France Insoumise) qu'un grand débat économique devra avoir lieu prochainement : "Ce sera un vrai débat intéressant de savoir les conséquences à tirer des modèles économiques et sociaux, au moment du plan de relance. (..) Là-dessus, je vous rejoins et j'espère qu'on aura des débats fructueux". En même temps, le rapporteur a écarté toutes les propositions d'instituer une fiscalité plus redistributive. Comme un symbole de la ligne ambiguë qui sert de guide aux macronistes depuis le début de la crise.
Encore un peu de patience, le temps que tout soit bien calé, vous verrez que le virus aura permis d'effacer deux années d'incapacité à faire passer des "réformes". Et peut-être même de prendre un peu d'avance pour finir le mandat sous les applaudissements libéraux. En tout cas, ils attaquent sur tous les fronts. On propose une prime de mille balles pour celles et ceux qui accepteraient d'aller travailler pendant la période de confinement. En transport en commun, sans masque, juste mille balles.
On revient déjà petit à petit au servage. Les mille balles de prime, c'est le niveau gladiateurs. Il manquera plus que la remise en place du droit de cuissage, les enfants.
Les sénateurs socialistes ont bien tenté d'amender ce dispositif. Ils ont proposé que les ordonnances permettant notamment ces remises en cause d'acquis sociaux cessent d'être valides au 1er avril 2021. "On nous assure que les mesures qui seront prises sont exceptionnelles. Très bien, mais à condition qu'elles ne puissent rester en vigueur une fois la crise finie (...) Il y a beaucoup d'exemples de dispositions exceptionnelles devenues pérennes. Il faut fixer des limites", a exposé l'ex-ministre Jean-Pierre Sueur. Il lui a été adressé une fin de non-recevoir. "Par nature, les mesures à l'article 7 sont limitées à la durée de la crise sanitaire. Avis défavorable", a rétorqué Muriel Pénicaud. Le sénateur LREM Alain Richard a abondé, en expliquant qu'on ne pouvait prévoir à l'avance quand ces réformes auront perdu leur justification : "Il y aura forcément une transition. Bien malin qui pourrait dire quand l'utilité de chaque modification prendra fin".
Le fait que le gouvernement procède par ordonnances n'aura pas ailleurs aucun impact. En théorie, une ordonnance qui n'a pas été ratifiée par le Parlement est caduque. On aurait pu imaginer que le gouvernement renonce à demander la ratification des mesures "anti-acquis sociaux", mais il n'en sera probablement rien, pour une question de délai. Ces ordonnances, qui devront être prêtes d'ici au mois de juin au plus tard, mais sans doute beaucoup plus tôt vu l'urgence invoquée par le gouvernement, doivent ensuite être ratifiées par le Parlement sous deux mois. A cette date, il y a peu de chances que le gouvernement considère le pays comme définitivement sorti de la crise...
Si le gouvernement a expliqué oralement qu'aucune des dispositions de l'article 7 "n'a vocation à être pérenne", ce sera donc bien le cas, jusqu'au vote éventuel d'une nouvelle loi. D'ailleurs, Emmanuel Macron a fait savoir, dans son allocution de ce lundi, que la crise allait imposer un grand virage politique : "Beaucoup de certitudes, de convictions seront balayées (..) Je saurai aussi avec vous en tirer toutes conséquences, toutes les conséquences". Formule énigmatique qui laisse ouverts plusieurs scénarios. En commission des Finances à l'Assemblée nationale, ce jeudi 19 mars le rapporteur général Laurent Saint-Martin (LREM), a expliqué, en réponse à un amendement du député Alexis Corbière (France Insoumise) qu'un grand débat économique devra avoir lieu prochainement : "Ce sera un vrai débat intéressant de savoir les conséquences à tirer des modèles économiques et sociaux, au moment du plan de relance. (..) Là-dessus, je vous rejoins et j'espère qu'on aura des débats fructueux". En même temps, le rapporteur a écarté toutes les propositions d'instituer une fiscalité plus redistributive. Comme un symbole de la ligne ambiguë qui sert de guide aux macronistes depuis le début de la crise.
Encore un peu de patience, le temps que tout soit bien calé, vous verrez que le virus aura permis d'effacer deux années d'incapacité à faire passer des "réformes". Et peut-être même de prendre un peu d'avance pour finir le mandat sous les applaudissements libéraux. En tout cas, ils attaquent sur tous les fronts. On propose une prime de mille balles pour celles et ceux qui accepteraient d'aller travailler pendant la période de confinement. En transport en commun, sans masque, juste mille balles.
On revient déjà petit à petit au servage. Les mille balles de prime, c'est le niveau gladiateurs. Il manquera plus que la remise en place du droit de cuissage, les enfants.
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