16 décembre 2019

L'actualité sous le filtre de ma (presque) mauvaise foi. 16 décembre 2019

Le Corniaud, et une phrase culte

L'actualité est riche, beaucoup plus que la moyenne des gens, et j'ai pris du retard ces deniers temps. Donc voici un petit point rapide sur les évènements en cours, mais comme ça change tout le temps, je ferai des nouvelles nouvelles rapidement.

En tout cas le maître mot du moment c'est "corniaud". Je ne le destine à personne en particulier ... non ... j'ai dit personne, enfin plusieurs personnes. Mais je dis ça, je dis rien.

Pour info, toute chaude, Delevoye vient de démissionner. Ci-dessous, vous trouverez les explications du pourquoi. J'étais en train d'écrire quand il a fini par en arriver à la même conclusion que moi.

Ah bah maintenant, elle va marcher beaucoup moins bien forcément !



Les bouchons en Ile de France ce matin vers 9h ...
un jour comme un autre ... ces jours-ci.
Plus de six cent kilomètres de bouchons cumulés en région parisienne ce matin ... ces jours-ci c'est la condition des franciliens au matin. Les transports sont un peu en délicatesse, et aux heures de pointe la France elle marche moins bien. Enfin le contexte politique est devenu tel que les françaises et les français sont un peu contraints de marcher, mais la France n'est plus aussi En Marche que ça.

Allez savoir pourquoi ça donne des envies de repenser à des moments de cinéma tout ça ?! Donc ces jours-ci c'est grand merdier, et ça a pas l'air de vouloir s'arranger.

L'exécutif a tenté la "réforme" avec péridurale, les forceps sont de sortie, et on peut supposer que finalement l'accouchement n'aura pas lieu ... bien qu'on n'en soit pas tellement sûr non plus. En tout cas avec les méthodes de négociation, et les négociateurs choisis, ça se passe moins bien que prévu. La France de ces jours-ci elle va moins bien marcher.

L'essentiel des tracas franco-français c'est l'affaire Delevoye. Comme si les soucis d'un éminent politicien de métier qui oublie de respecter quelques règles simples, de bonnes pratiques sur le cumul des fonctions, des mandats, enfin l'honnêteté qui sied, et qui est définie par la Loi, aux gens qui prétendent jouer un rôle de premier plan dans la formation des textes de lois ... comme si ce jeunisme incroyable d'un vieux routier assez droitiste devait être le grain de sable qui fout la locomotive à plat.

On m'aurait demandé il y a quelques temps ce qui aurait dû, ou ce qui pourrait faire tomber Édouard Philippe, j'aurais pas répondu ça. A choisir entre tous les petits et gros scandales qui entachent la macronie, on aurait pu penser qu'un Benalla pouvait peser plus lourd.

Mais là ! Il suffit d'un amateurisme confirmé, honteusement coupable, pour faire de Paris une zone sismique. Le pouvoir tremble.

Amateurisme qui n'est pas seulement lié aux oublis de déclarer des mandats divers et variés de la part de monsieur Delevoye, ces oublis sont-ils honnêtes ? Mais la communication de tout un ensemble, exécutif, gouvernement, parlementaires ... enfin tout ce que la marchie compte de benêts pour tenter de défendre l'indéfendable, le haut-commissaire Delevoye jour après jour reconnaissait avoir oublié de déclarer qu'il avait un ou deux mandats, au bout d'une semaine on en compte treize. Il jurait crachait que c'étaient des mandats bénévoles, jusqu'à ce qu'on nous dise qu'il y avait de petits émoluments par-ci par-là, pour quelques dizaines de milliers d'euros par an, mais que c'était pas grave, qu'il allait rendre l'argent ... on a senti l'odeur du cramé avant que ça pète, mais le monsieur "retraites" n'inspire aujourd'hui qu'une envie générale d'en appeler à la voiture balai.

Et ça risque de pourrir la situation pour de bon, la réforme des retraites sur laquelle le Premier ministre a cramé ses dernières cartouches de crédibilité, ben elle risque bien d'y passer.

En gros, la France est dans la situation où Léopold Saroyan vient de percuter la deux-chpète d'Antoine Maréchal, le moyen de transport populaire est explosé, et malgré la carte de visite offerte par le torpilleur en chef, ça va prendre du temps pour réparer.

Contrairement au Cinquième Élément, il n'y a pas de Bruce Willis pour négocier ici. Le seul héraut des marchistes c'est Macron, qui se cache en attendant de voir si la poupée Philippe explose en vol, il est tout à fait probable qu'on en vienne là, mais visiblement ça ne suffirait même pas à faire taire le vent de colère qui gronde. Les françaises et les français confirment, sondage après sondage, qu'une France bloquée pour Noël ne leur fait pas plus peur que ça ... donc il est possible qu'on n'en reste pas là. Ce qui, par la faute à Voltaire pourrait transformer le pays en marchie par terre.

Un petit retour sur quelques moments choisis de l'actualité des retraites ... : c'est un moment historique que nous vivons sans doute, donc ce numéro est collector.


En passant par la Lorraine avec tes sabots !

Un moment du débat de Nancy avec Edouard Philippe.
Cliquer l'image pour obtenir la vidéo
Débat réforme des retraites - 13 décembre 2019 - Nancy

(transcription par mapomme)

Intervenante : Nous sommes rémunérés pour un travail concret, dont nous sommes fiers, un travail si concret que contrairement à Monsieur Delevoye, nous ne pouvons pas oublier que nous l'avons fait quand nous avons à le déclarer.

Dans beaucoup d'établissements, il y a une grande souffrance au travail. Nous souffrons aussi de l'alourdissement des tâches qui s'ajoutent à notre métier d'enseignant, et nous souffrons aussi d'un manque de reconnaissance.

Au lycée, notre avis n'a pas été pris en compte pour la réforme du lycée, qui ne nous permet plus d'assurer un suivi correct des élèves. Notre avis n'a pas été pris en compte de la mise en place du plan 4.0, qui est une aberration pédagogique, sanitaire et environnementale.

Comment voulez-vous que nous vous croyons, quand vous dites que vous allez tenir compte de notre avis. Vous ne nous écoutez pas parce vous pensez que nous avons des choses intéressantes à vous dire, vous nous écoutez parce que nous sommes dans la rue et que vous avez peur ... de la rue.

Édouard Philippe : Juste un mot madame, vous avez parfaitement le droit de penser que l'on ne vous écouterait pas suffisamment. Vous avez le droit de le penser, vous avez le droit de le dire, c'est très bien ainsi.

Moi je considère que c'est important, pas simplement d'avoir des organisations syndicales et de discuter avec eux, mais de multiplier les échanges, exactement comme ce soir, et pas un échange en chambre sans personne, un échange avec des télévisions, des radios, qui entendent ce que vous dites, et qui au-delà de moi qui vous écoute, permettent de diffuser votre message. Et je pense que que c'est un signe sur le fait que contrairement à ce que vous avez laissé entendre, j'ai absolument pas d'angoisse, ou absolument pas peur de cette réforme ou des réactions. Je vous dis très calmement, très tranquillement : le président de la République, il s'est engagé sur la mise en place d'un système universel ...

Donc, nous sommes prévenus. Édouard Philippe fait ce qu'il fait avec détermination, sans crainte, et en conformité avec la promesse de bistouquet. Il est d'ailleurs parfait dans son propos, avenant, il a des qualités indubitablement. On peut penser aussi qu'il applique avec méthode ce qu'il a décidé d'appliquer, sans aucune considération pour ce qu'on lui explique, s'appuyant sur le fait qu'on lui dit, ici une chose, et ailleurs une autre, donc il fait ce qu'il a décidé de faire. Ce qui poliment exprimé consiste à envoyer les gens se faire voir ailleurs. Ce qui va rendre les choses compliquées si on part du principe que, ces jours-ci, beaucoup de gens se tournent vers Édouard Philippe pour lui dire que la réforme ne passe pas bien vu qu'elle n'a pas été négociée.


Force est de constater aussi que le gouvernement énonce au fil des jours, des heures, de possibles pistes de négociations, y compris de rediscuter de l'histoire de "l'âge pivot" qui pourrait être mis de côté.

Cet extrait du débat de Nancy me semble être un grand moment de démocratie, toutefois, vu la qualité du propos exprimé par l'intervenante, la réponse du Premier ministre ... et le désert consensuel qui subsiste entre les deux. On peut se dire qu'il ne s'agit que d'une intervention, d'une citoyenne enseignante, et que le Premier ministre écoute une voix parmi d'autres, ce qui serait une erreur d'appréciation, l'intervenante exprime quelque chose de fort et de représentatif d'une profession, ce n'est pas une voix isolée. Et c'est bien tout le jeu démocratique qui est représenté ici, Édouard Philippe convient de l'utilité d'un espace d'échange, public, il occulte un peu vite le fait qu'il existe aussi des espaces prévus normalement pour ça, comme la Chambre de députés, par exemple, mais que l'état actuel des institutions françaises n'y permet plus la représentativité du débat public.

Donc, la démocratie existe, en France, elle est même susceptible de pallier aux carences du parlement en utilisant les médias pour s'exprimer, dans des échanges qui n'ont pour résultat qu'un constat d'inutilité. On explique au chef du gouvernement qu'il ne réagit que par la peur de la rue, il conteste et affirme qu'il fait ce qu'il a été prévu qu'il fasse ... dialogue de sourds.

Si la séquence devait ne s'appuyer que sur ce fait précis, le débat de Nancy, ce ne serait pas plus significatif que ça. Mais il y a le reste ... donc à suivre ci-dessous.


Le naufrage du Titanic ta mère
Le Premier ministre Edouard Philippe,
le 11 décembre 2019 à Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)
L'Obs (14/12/2019) : « La bonne foi de Jean-Paul Delevoye est totale », juge Edouard Philippe

Le Premier ministre Édouard Philippe juge que « la bonne foi de Jean-Paul Delevoye est totale », après les mises en cause du haut-commissaire aux retraites sur ses activités parallèles, selon une déclaration publiée sur le site du Parisien samedi.

Le « Monsieur retraites » du gouvernement a reconnu avoir omis de déclarer à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), qui scrute patrimoine et activités des membres du gouvernement, sa fonction d’administrateur bénévole dans un institut de formation de l’assurance, l’Ifpass. D’autres oublis sont apparus depuis : il siège bénévolement depuis 2016 au conseil d’administration de la Fondation SNCF, et préside l’Observatoire régional de la commande publique des Hauts-de-France.

Jean-Paul Delevoye a aussi cumulé sa fonction gouvernementale avec celle, rémunérée, de président d’un think tank du monde de l’éducation, Parallaxe - cumul qu’il avait déclaré mais qui, a-t-il appris depuis, n’était pas autorisé.

Delevoye n’exclut pas de démissionner
Selon le chef du gouvernement, « il s’en est expliqué. Quand il a eu la certitude que quelque chose dans sa déclaration n’allait pas, il a à la fois démissionné des mandats pour lesquels il n’était pas rémunéré, et s’est engagé à rembourser immédiatement les sommes en question ». « Je pense que la bonne foi de Jean-Paul Delevoye est totale », a-t-il ajouté.

Jean-Paul Delevoye n’a pas exclu de démissionner pour préserver la réforme des retraites dont il est l’artisan et qui est contestée de toutes parts. « Ce n’est pas à moi de juger mais si j’estimais, à un moment, que je suis devenu un sujet de fragilité, j’en tirerais les conséquences », a-t-il déclaré vendredi à Libération.

Le procureur de Paris a demandé des précisions à la HATVP sur le défaut de déclaration d’activité de Jean-Paul Delevoye. Une réunion du collège de la Haute autorité se tiendra mercredi.

Jean-Paul Delevoye est un homme de convictions. Il se donne pour mandat, encore un, de démissionner si ça devient trop chaud pour lui. Sinon il resterait. Intelligent. Contribuer à la réduction du réchauffement climatique ... la peur de contribuer personnellement à l'élévation des températures ... l'idée de se mettre en conformité avec la loi avant ne lui étant pas venue, c'est un peu compliqué de lui trouver des excuses, et surtout de penser qu'il peut démissionner "peut-être, si, au cas où ...". Soit il démissionne, soit il démissionne pas. Visiblement il sera pas lourdé pour faute légère, mais c'est juste à lui de décider.


Quoi qu'il en soit, il donne la clef de cette partie de l'affaire en expliquant que si on lui explique qu'il met en danger la réforme des retraites, il veut bien démissionner. Donc il va démissionner. Ou alors, si il le fait pas, ça va être coton.

Jean-Paul Delevoye, au CESE à Paris, le 11 décembre 2019
ELIOT BLONDET-POOL/SIPA
20 Minutes (14/12/2019) : Transparence : Jean-Paul Delevoye déclare finalement 13 mandats

Le haut-commissaire aux retraites a regretté une « erreur », tout en assurant vouloir « continuer à défendre et soutenir » la réforme des retraites
Fragilisé par des soupçons de conflits d'intérêts après des oublis dans sa déclaration, le haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye a rectifié sa copie. Dans sa nouvelle déclaration d’intérêts adressée à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), il fait état de 13 mandats, dont 11 bénévoles, soit dix de plus que dans la version initiale, selon le journal Le Monde.

Dans cette nouvelle déclaration figurent majoritairement des activités bénévoles dans des associations, de « Civic tech », à la Fédération française des diabétiques, ou encore dans une fondation qui dispense des cours d’éveil artistique aux jeunes. « J’ai fait ces omissions car pour moi, c’était de l’ordre de l’engagement social » s’est justifié Jean-Paul Delevoye dans un entretien accordé au quotidien.

Plusieurs omissions mises au jour
Depuis le début de la semaine, le « Monsieur retraites » du gouvernement est rattrapé par ses oublis. Il avait reconnu il y a quelques jours avoir omis de déclarer sa fonction d’administrateur bénévole dans un institut de formation de l'assurance, l’Ifpass. D’autres oublis sont ensuite apparus : il siège bénévolement depuis 2016 au conseil d’administration de la Fondation SNCF, et préside l’Observatoire régional de la commande publique des Hauts-de-France.

Jean-Paul Delevoye a aussi cumulé sa fonction gouvernementale avec celle, rémunérée, de président de Parallaxe, un institut de réflexion sur l’éducation dépendant du groupe de formation IGS, cumul qu’il avait déclaré mais qui, a-t-il appris depuis, n’était pas autorisé. Face à la polémique, il a démissionné de ses fonctions et s’est engagé à rembourser les sommes perçues.

Des rémunérations revues à la hausse

La nouvelle déclaration revoit par ailleurs les rémunérations du ministre délégué à la hausse. Cumulées, Jean-Paul Develoye aurait ainsi perçu plus de 12.000 euros net par mois en 2018. Selon Le Monde, il a touché 78.408 euros net au titre d’un ancien poste de « conseiller du délégué général » du groupe IGS, ainsi que 73.338 euros net en 2018 et 62.216 en 2019 en tant que président d’honneur du groupe de réflexion Parallaxe.

Regrettant une « erreur » qu’il estime avoir « réparée », Jean-Paul Delevoye déclare enfin qu’il veut « continuer à défendre et soutenir ce projet (de réforme des retraites) dans le souci du dialogue social et dans une démarche d’apaisement de notre société ». Sa «bonne foi est totale», a estimé Édouard Philippe, mettant fin à l’incertitude qui planait sur une possible démission, évoquée par l’intéressé lui-même pour « préserver » sa réforme très décriée.

La bonne foi d'un âne est certaine lorsqu'il s'avance pour croquer la carotte ou le picotin. Mais oui mon bon. Parti d'une petite erreur, d'un simple oubli, pour des activités bénévoles, on arrive à treize mandats qui ont rapporté plus qu'on gros salaire ... il y a quand même quelques millions de gens qui doivent être outrés par les montants associés à ce genre de bénévolat. Sans compter, il ne faut pas en douter, que vu l'ampleur des dégâts, si on nous avoue finalement tout ça, c'est peut-être qu'il y a pire qu'on nous cache ?


Et si, sur le fond, c'était tout simplement la confiance, le problème ? Et plus encore, puisque Delevoye est le Monsieur retraites de Macron,  si on avait finalement le sentiment que la personne en charge de dire comment réformer le plus honnêtement possible le système des retraites n'inspirait que doute, suspicion, dégoût. Intervenant bénévole avec des revenus annuels dépassant le plafond de retraite imaginé par l'exécutif ! Je rigole.

Le Premier ministre Edouard Philippe le 11 décembre 2019
lors de la présentation de la réforme des retraite au
Conseil économique, social et environnemental à Paris.
(THOMAS SAMSON / AFP)
franceinfo (14/12/2019) : Grève contre la réforme des retraites : "Que chacun prenne ses responsabilités" pour Noël, dit Edouard Philippe aux grévistes
Le Premier ministre prévient que les Français risquent de ne pas "accepter" d'être "privés" des fêtes de fin d'année.

Le Premier ministre hausse le ton devant le risque de fortes perturbations dans la circulation des trains pendant la période des fêtes. Dans un entretien au Parisien, samedi 14 décembre, Edouard Philippe joue ouvertement l'opinion contre les grévistes, à la veille d'un onzième jour de blocage dans les transports contre la réforme des retraites.

"Je vois bien que tout le monde voit arriver Noël avec inquiétudes. Noël, c'est un moment important. Mais il faudra que chacun prenne ses responsabilités. Je ne crois pas que les Français accepteraient que certains puissent les priver de ce moment", déclare le chef du gouvernement, après dix jours d'un mouvement perturbant fortement les transports.

"Je suis déterminé"
"Je ne dirais pas que tout le pays est en grève. Ce n'est pas un blocage total, mais c'est pénible. Le droit de grève existe, mais cet impact sur des millions de Franciliens, notamment, c'est aussi ce qui est recherché par certaines organisations syndicales", condamne Edouard Philippe, faisant évoluer son ton sur cette grève.

Le locataire de Matignon assure qu'il ne se "pose pas" la question d'une éventuelle démission, en cas d'échec de cette réforme : "Sinon, on ne fait plus rien. Cette réforme, j'y crois. Je suis déterminé. C'est pour cela que je suis calme."

Le chantage à la trêve de Noël, à la trêve des confiseurs, au Noël bousillé, c'est la faute aux cheminots ... sauf que ... c'est pas si simple, la réponse du berger à la bergère consistant à accuser le gouvernement de jouer le pourrissement en ne retirant pas son texte. Syndicats et gouvernement se sont donnés mutuellement un ultimatum pour la fin de cette semaine.


J'ai bien noté, entendu aux infos du matin aujourd'hui, que Laurent Berger, de la CFDT demandait aux grévistes un geste pour les fêtes de Noël. Les syndicats ne sont pas tous sur la même longueur d'onde, et ils ne sont pas forcément homogènes en leur sein pour dire ce qu'il convient d'appliquer comme traitement à un gouvernement aussi tortueux. La CFDT a été l'élément déterminant de ces derniers jours pour soutenir mordicus que le retrait de l'âge pivot était un préalable à toute discussion. Maintenant Laurent Berger met les fêtes de Noël et l'âge pivot sur un pied d'égalité dans sa communication. Une chose est certaine, c'est que toute démonstration de faiblesse ne peut que donner de l'oxygène à un exécutif voyou. Donc prudence.

Le Premier   ministre est déterminé. Il était déterminé. Il est de moins en moins déter et de plus en plus miné. Il ne faudrait pas qu'il nous reste sur les bras dans cet état. On veut un Premier ministre d'une seule pièce et en bonne santé politique, sinon rien. D'ailleurs entre ça et rien, pas convaincu que ça ce soit un moindre mâle.




Jean-Paul Delevoye, le 12 novembre 2019 à l’Assemblée
nationale. (BERTRAND GUAY / AFP)
L'Obs (15/12/2019) : Pour sauver Delevoye, une pathétique langue de bois
Pascal Riché

Plusieurs ministres ont été dépêchés sur les ondes munis d’éléments de langage d’un autre âge. La meilleure recette pour s’aliéner la confiance des Français.

Dans le film The Manchurian Candidate (« Un crime dans la tête »), plusieurs vétérans soldats de la guerre de Corée vantent l’héroïsme d’un de leur camarade nommé Raymond Shaw, qui les aurait sauvés. Il s’avère que les soldats, Shaw inclus, sont les victimes d’un lavage de cerveau par les communistes. Ce que trahissent les mots qu’ils utilisent pour parler de leur compagnon d’armes, exactement les mêmes, à la syllabe près : « Raymond Shaw est sûrement l’homme le plus gentil, le plus courageux, et le plus altruiste que j’aie jamais connu ».

En écoutant les ministres évoquer les soucis de Delevoye ce week-end (il a oublié de déclarer de nombreux mandats à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique), j’ai pensé à ce vieux film de John Frankenheimer. Certes, ces ministres n’ont pas subi de lavage de cerveau, mais les voir répéter, chacun leur tour les même phrases, trahit leur niveau de spontanéité et de sincérité.

Dans le film The Manchurian Candidate (« Un crime dans la tête »), plusieurs vétérans soldats de la guerre de Corée vantent l’héroïsme d’un de leur camarade nommé Raymond Shaw, qui les aurait sauvés. Il s’avère que les soldats, Shaw inclus, sont les victimes d’un lavage de cerveau par les communistes. Ce que trahissent les mots qu’ils utilisent pour parler de leur compagnon d’armes, exactement les mêmes, à la syllabe près : « Raymond Shaw est sûrement l’homme le plus gentil, le plus courageux, et le plus altruiste que j’aie jamais connu ».

En écoutant les ministres évoquer les soucis de Delevoye ce week-end (il a oublié de déclarer de nombreux mandats à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique), j’ai pensé à ce vieux film de John Frankenheimer. Certes, ces ministres n’ont pas subi de lavage de cerveau, mais les voir répéter, chacun leur tour les même phrases, trahit leur niveau de spontanéité et de sincérité.

Jugez plutôt :

Amélie de Montchalin, Affaires européennes (Europe 1) : « Il est de bonne foi, ce sont des oublis, il n’y a pas de volonté de dissimulation et ce sont fonctions bénévoles. »

Julien Denormandie, Logement (France Info) : « Il a fait une erreur.  Quand on fait une erreur, il faut la reconnaitre, ce qu’il a fait. (...) Derrière tout cela il n’y a aucune volonté de dissimuler quoi que ce soit (...). Je ne doute pas du tout de sa bonne foi... Ses mandats sont en quasi-exclusivité bénévoles. »

Jean-Michel Blanquer, Education (sur LCI) : « Il a commis une erreur, il le dit lui même. (...) Il va la réparer. » « Il ne faudrait pas qu’on abuse de cette erreur. » « On parle de 13 mandats, n’oublions pas que 11 d’entre eux sont bénévoles. »

Jean-Yves Le Drian, Affaires étrangères (sur France inter) : « Il est de bonne foi, il a donné des précisions (...). Il a déclaré rembourser ce qu’il n’aurait pas dû toucher à ce moment-là et a déclaré se mettre à jour de toutes les présidences bénévoles qu’il exerçait, et il y en avait de nombreuses »

Reprenons chaque élément de ce langage commun :

1.  Ce sont des oublis de bonne foi.

Pourquoi Jean-Paul Delevoye a-t-il oublié dans sa déclaration dix fonctions (administrateur de l’Institut de formation de la profession de l’assurance, par exemple) mais s’est souvenu de trois autres (membre de l’association de la Chartreuse de Neuville, par exemple) ?

2. C’étaient quasi-exclusivement des activités bénévoles.

Le diable est dans le « quasi ». Deux de ses mandats, qui figurent dans sa déclaration initiale, n’étaient pas bénévoles. Et Jean-Paul Delevoye a dans un premier temps sous-estimé les montants qu’il a perçus, sans doute un autre oubli. L’article 23 de la Constitution est très clair : « Les fonctions de membre du Gouvernement sont incompatibles avec l’exercice (...) de toute activité professionnelle ». Jean Paul Delevoye et Edouard Philippe ont décidé d’ignorer purement et simplement cette disposition, mais aussi la Haute autorité pour la transparence de la vie publique.

3.  Il s’est mis au clair. Il ne faudrait pas qu’on abuse de cette erreur.

Le haut-commissaire aux retraites a en effet déclaré samedi 13 mandats, soit dix de plus que dans la version initiale de sa déclaration d’intérêts transmise à la Haute autorité. Et il a remboursé les sommes induement perçues. Mais l’argument avancé est assez dérisoire au regard du droit. L’avocat Maître Eolas sur Twitter s’en est amusé en imaginant ce parallèle : « Mon client a commis une erreur en volant le téléphone de ce monsieur, il l’a reconnu. Il ne faudrait pas que le parquet abuse de cette erreur pour le faire condamner ».

La situation de Delevoye est difficilement tenable. Si l’organisation de dîners (avec homards) à l’Assemblée nationale a conduit à la démission d’un ministre, aucun citoyen ne peut comprendre que la violation de la Constitution par un autre ministre soit sans conséquence. N’en déplaise à Emmanuel Macron, le « vieux monde » qu’il fustigeait pendant sa campagne semble bien vivace. Ce n’est pourtant pas en livrant sur les ondes des stères de langue de bois que le gouvernement gagnera la confiance des Français, dont il a pourtant désespérément besoin pour faire passer son projet de réformes des retraites.



Des stères de langue de bois ! Jolie manière de parler de politique mi-stère ... LOL. Et par les temps qui sont les nôtres, il y a des gens qui mettent le feu partout, la forêt brûle ... les cathédrales aussi, enfin faut se méfier de tout hein. Donc on avait eu Notre-Dame dont la flèche est partie en fumée ... en vapeurs de plomb, maintenant c'est la clef de voute du projet de Macron qui prend de la flèche ? En fait Delevoye est une sorte de corde de première pour un arc en fiel de reproches qui tombent sur la tronche à nos ministres et président. C'est tout le problème de ces temps-ci, on mélange tout ce qu'on nous a mis sur la table, et on a de plus en plus envie de la renverser.

Le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye
à l’Assemblée nationale (Paris, VIIe), le 10 décembre.
AFP/Dominique Faget
Le Parisien (15/12/2019) : Affaire Delevoye : le haut-commissaire aux Retraites sur un siège éjectable

Olivier Beaumont (avec Catherine Gasté)

« Les rumeurs, c'est n'importe quoi! » balaie Matignon. Fragilisé depuis la série de révélations concernant ses activités professionnelles, Jean-Paul Delevoye est-il en passe d'être exfiltré du gouvernement? « Absolument pas », renvoie-t-on rue de Varenne, où l'agacement est perceptible. Même si l'avenir du haut-commissaire aux Retraites est désormais nettement compromis.

Ce week-end, Le Monde révélait que ce ne sont pas trois mais treize mandats, dont onze bénévoles, que Jean-Paul Delevoye a finalement déclarés à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Il a également revu à la hausse la déclaration des sommes perçues : 78 408 euros net, par exemple, au titre de son contrat de conseiller pour le groupe de formation IGS en 2017, contre 40 000 euros la première fois.

«Il passe la séquence et, en janvier, il saute !»

Voilà qui fait tache. « Toutes ses révélations tombent au pire moment, entre la présentation du projet de réforme et les grèves. S'il démissionnait là, ce serait le pire des signes », souligne un proche du président Emmanuel Macron. « Il passe la séquence et en janvier, juste après la présentation du projet de réforme en conseil des ministres, il saute ! », prophétise pour sa part un conseiller ministériel.

Dimanche 15 décembre dans la soirée, la rumeur d'une éviction imminente − peut-être d'ici le milieu de semaine − continuait de circuler. Certains redoutant même de voir les cortèges de manifestations contre la réforme des retraites, mardi, avec des panneaux appelant à la démission de Delevoye.

Du haut de son mètre quatre-vingt-treize et de ses 72 ans, l'ancien ministre de Jacques Chirac reste, à ce stade, une pièce maîtresse du dispositif gouvernemental sur les retraites : c'est lui qui a mené les discussions depuis dix-huit mois avec les partenaires sociaux ; lui qui travaille en ce moment avec Edouard Philippe pour construire l'architecture du texte ; lui, enfin, qui garde le fil avec les syndicats.

Opération «Sauvons le soldat Delevoye»

« On aime ou on n'aime pas le type et ses méthodes, mais le fait est qu'avec lui, personne n'a jamais quitté la table des négociations », fait valoir un membre du gouvernement. Ses bonnes relations avec quelques responsables syndicaux, comme Philippe Martinez de la CGT, sont aussi perçues comme un plus dans cette phase de concertation.

Alors dimanche, à tous les étages du gouvernement, c'était l'opération « Sauvons le soldat Delevoye ». A commencer par le Premier ministre Edouard Philippe, qui, dans « Le Parisien », a estimé que « la bonne foi » du haut-commissaire était « totale », argument martelé toute la journée sur les ondes et les plateaux. Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a décrit sur le plateau de BFM Politique « un homme sincère », un argument relayé au même instant par Julien Denormandie (Ville et Logement), sur France Info : « Il a fait une erreur, il l'a corrigée, il l'a reconnue. Il ne cherche absolument pas à dissimuler quoi que ce soit ».
https://twitter.com/catherinegaste/status/1206341478571814913/photo/1Bref, des éléments de langage bien rodés, comme ceux qui avaient suivi nos premières révélations, une semaine plus tôt, concernant sa déclaration d'intérêts à la HATVP, avec des messages envoyés sur la messagerie Telegram aux parlementaires de la majorité pour riposter dans les médias. Un de ces messages commençait ainsi : « Ça va y aller fort sur les fake news cette semaine… à commencer par la situation de Jean-Paul Delevoye ». Depuis, les faits ont été reconnus par le haut-commissaire aux Retraites… pour combien de temps?

La grande banalité, effectivement, c'est de pouvoir observer avec quelle morgue les histoires d'avantages personnels cumulés par des grands serviteurs de l’État se multiplient. Et comme ce n'est plus très à la mode, on pourrait se laisser aller à penser que tous ces pique-assiettes sont des has-been un peu trop bien nourris. Ce genre d'excès fini toujours par se payer. Mais pour l'instant c'est juste au stade des banalités. On ne remercie jamais assez les parlementaires LREM de considérer que 99% des françaises et des français sont des affamés de fakes machins ... on comprend bien le sens chargé de la formule, chez les simples on dirait "des cons".  Toute la considération pas très distinguée de gens qui ont pu avoir le mandat qu'ils exercent par la voix du peuple sur lequel ils crachent. Delevoye, dans toute cette histoire, c'est juste un catalyseur ... peut-être un agent double envoyé par LR pour saboter le navire LREM ? En tout cas, le mec il doit être en train de tenter de parvenir à toucher les bords de son slip tellement ses petits oublis sont devenus affaire d’État.

Causette et les misérables !

Séquence souvenirs, souvenirs ... on se rappellera sans problème de la relation Schiappa-papa, où la ministre se prend une taloche mentale par son père sur le sens des valeurs de la gauche, voici un autre souvenir montrant la relation Schiappa-fille avec la preuve par l’œuf que la ministre fait partie de ces gens qui changent facilement d'opinion, ce qui est souhaitable pour se prétendre intelligent, même quand ils avaient des idées justes avant et qu'ils partent dans les errements d'une pensée inconsistante, ce qui est coupable pour se prétendre doté d'un esprit sain. L'angélisme ne donne pas forcément accès au paradis.

 Marlène Schiappa répond aux questions de journalistes,
le 3 septembre 2019, à Paris.
(ERIC FEFERBERG / AFP)
franceinfo (5/12/2019) : "Tu travailleras jusqu'à 80 ans" : en 2010, Marlène Schiappa expliquait la grève contre la réforme des retraites à sa fille
https://twitter.com/DidierMaisto/status/1202465310252646402/photo/1
Cliquez l'image pour voir le message sur Twitter

Internet n'oublie jamais. Tandis qu'une grève contre la réforme des retraites débute, jeudi 5 décembre, des internautes ont exhumé un tweet et un article de blog signés Marlène Schiappa. Dans le message, qui date de 2010, l'actuelle secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes retranscrit un dialogue avec sa fille, à laquelle elle expliquait la grève. Dans ce court texte, Marlène Schiappa tirait à boulets rouges sur l'idée de repousser l'âge de départ à la retraite.
Si ce tweet refait surface, c'est qu'il s'inscrit dans un contexte similaire à celui d'aujourd'hui : pendant le mandat de Nicolas Sarkozy, le gouvernement de François Fillon tente de réformer le régime des retraites, mais fait face à un large mouvement social. Le tweet est posté le 27 mai 2010, à la veille d'une journée de manifestation intersyndicale. Au fil de la discussion, la fille de Marlène Schiappa l'interroge sur les retraites. Elle lui répond : "Les gens veulent partir à la retraite avant de mourir de fatigue au travail, et si possible être assez bien payé pour ne pas aller balayer le McDo alors qu'ils marchent avec une canne".

Mes mamies sont à la retraite. Mais moi je n'irai pas, et toi non plus. Tu travailleras sans doute jusqu'à 80 ans. (Marlène Schiappa en 2010)

D'où vient ce texte relayé par les internautes ? Bien avant d'intégrer le gouvernement, Marlène Schiappa écrivait sur plusieurs blogs, notamment au sujet de sa maternité. Le tweet de la secrétaire d'Etat est toujours accessible sur le réseau social, le lien vers la note de blog n'est toutefois plus actif. Libération a réussi à retrouver l'archive du texte en question.







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