24 avril 2019

L'actualité sous le filtre de ma (presque) mauvaise foi. 24 avril 2019

Fonte des glaces, ça s'accélère. En vrai, c'est l'info la plus importante de ces jours-ci. Mais dans la pratique pas mal de gens s'en foutent alors on va parler d'autre chose.

Espèce de grand flou va !

Il paraîtrait qu'on va devoir travailler plus, mais on sait pas comment, ni trop pour quoi faire.

Enfin on sait au moins pourquoi, c'est pour remplir les caisses qui sont vides, mais on a cru comprendre que ce serait travailler plus pour gagner ce qu'on voudra bien nous donner, ce qui ne veut pas dire pour gagner plus. Et puis en fait non, c'est pas pour remplir les caisses, parce qu'on travaille de plus en plus souvent pour moins d'argent au bout du compte. En fait il faudra travailler plus pour faire plaisir au type qui est installé sur le sommet de la pyramide.


Changement d'époque. L'un des visiteurs addictifs de Macron, lui-même chantre du travailler plus pour gagner plus, a dû mal se faire comprendre en soufflant ses idées au président en exercice. Sarkozy l'a dit il y a peu, bistouquet n'écoute pas les conseils qu'on lui donne.

Donc si on a bien compris, il va nous faire un discours sous peu pour expliquer ce "travailler plus", mais depuis que l'idée a été éventée, il y a beaucoup de gens qui cherchent ce que ça pourrait donner sous le crâne d'un énarque version Yslapeth.

Certains pensent que ce serait un truc façon Raffarin, journée(s) gratuite(s) où les gens qui travaillent ne sont pas payés, d'autres se demandent si on peut pousser le bouchon du nombre d'années travaillées un peu plus loin, vu qu'on ne change pas l'âge de départ à la retraite tout en invitant fermement les gens à continuer de bosser au-delà pour en toucher une complète. Il y a aussi l'idée de faire des semaines de trente cinq heures qui en contiendraient quarante, par exemple.

Enfin les idées manquent pas, il y a des gens qui osent en avancer des vertes et des pas mures, ils osent, c'est à ça qu'on les reconnaît.

Mais de fait, jusqu'à ce que l' "oracle" parle c'est le grand flou. Et comme disait Martine, quand il y a du flou ...

Et quand il aura parlé, pas certain que ce soit plus clair, on est largement habitués depuis un certain temps à plonger dans les ténèbres irrationnelles des circonvolutions d'un cérèbe tortueux au fur et à mesure que l'illuminé du Touquet fabrique les décisions qui répondent aux principes de son programme, programme au sujet duquel on rappellera utilement que son porteur affirmait à l'origine qu'il n'en avait pas et que ce qui comptait n'était pas le programme mais la personne qui est élue. L'élu va donc causer en ce jeudi qui n'est pas d'Ascension mais plutôt de descente aux enfers ... malgré Notre-Dame qui avait le feu à la nef l'autre jour, Macron ne parvient pas à paraître ni sous les traits de Moïse, ni sous ceux de Boudu, rien à faire pour le sauver des zoos.

Macron va causer. Et il n'en sort jamais rien d'abouti. Il y a des projets pour lesquels on conduit les gens à entrer dans le vif du sujet, dans la version actuelle du régime hyper-présidentiel, on est plutôt invités à la découverte de territoires immenses de trucs mal ficelés. Ca brandouille, ça bringuebale, ça baragouine, ça tintinnabule et ça bousine, mais jamais ça ne devient limpide.

Il y a un gros problème à affirmer qu'il faut que les gens travaillent plus, il faudrait avant tout trouver comment faire pour qu'ils puissent tous travailler. Le travail étant un droit fondamental que la Révolution a affirmé pour les français, et le principe est devenu fondateur de droits internationaux largement reconnus, il est de nos jours évident que ce droit n'est pas accessible de manière équitable dans notre pays.

Et si tout le monde ne travaille pas, c'est bien souvent pour des raisons qui ne dépendent pas de la volonté des gens qui sont privés d'emploi, c'est surtout parce qu'on vit dans un monde qui fabrique plein de trucs en faisant de moins en moins appel à la force des bras ou à l'intelligence des neurones.

Quand Son Emanation va nous expliquer son concept sur le sujet, il va falloir être bien attentif à ce qu'il va dire pour comprendre comment sera interprétée l'idée de travailler plus, surtout pour les gens qui travaillent pas. Ceux qui bossent devront en faire plus ? Soit, mais ceux qui bossent pas, devront-ils ajouter des heures supplémentaires à leur privation de moyens de subsistance par le travail ?

Peut-être devrait-on proposer, il y en a qui le font, d'envoyer tous les "oisifs" réparer les routes, nettoyer les espaces verts, et accessoirement caresser les crânes d’œuf dans le sens du poil recouvrant l'aérodrome à diptères qui leur sert de rempart protecteur d'un neurone ou deux, ou encore pourrait-on re-professionnaliser les chômeurs en les formant pour téter l'égo des décideurs. On peut bien dire, faire et penser n'importe quoi, tant qu'il n'y aura pas du travail un peu équitablement réparti pour tout le monde, l'idée même de travailler plus fera toujours passer pour andouille celui qui l'avancera. La politique charcutière a de beaux jours devant elle.

Dans "les chinois à Paris", Jean Yanne caricaturait la géopolitique en décrivant l'invasion de l'Europe par la Chine. Les chinois apprenant que les français étaient les plus grands fumistes du monde, l'économie planifiée transformait alors la France en centre du monde pour la fabrication de tuyaux de poêle.

Ces jours-ci la Chine amplifie son mouvement de conquêtes économiques avec l'opération "nouvelles routes de la soie" commencée depuis pas mal d'années. On parle de programmes d'investissements qui portent sur des centaines de milliards d'euros à travers le monde. Investissements que la Chine peut faire en raison d'un dumping social considérable pratiqué pendant plusieurs générations.

A l'autre bout de l'actualité, on entend parler d'une journée fériée qui serait travaillée, de départs à la retraite différés, de laisser les entreprises libres de faire travailler les employés une ou deux heures de plus par semaine.

Jean Yanne était un artiste, les "dirigeants politiques" d'aujourd'hui sont des experts. Et l'artiste avait raison au moins en partie, il y a quand même de sacrés fumistes en France.

Il ne faut pas être surpris de voir les gens s'éloigner de plus en plus du pouvoir politique, de la politique en général, à force d'entendre des âneries ils n'ont plus tellement d'autre choix que le picotin, exceptionnellement la carotte, ou le hi-han. Et encore, on envoie si facilement la troupe jouer de la matraque et du pétard non festif pour empêcher les citoyens de braire !

Quand tu penses qu'on recommence à tabasser les journalistes à Paris comme on le voit faire à Moscou, Pékin, Caracas ou Ankara, il n'y a pas de quoi se réjouir. Quand ça se passe ailleurs on trouve ça abominable, quand ça arrive enfin chez nous, c'est comme si la population blasée ne comprenait pas la gravité des choses.

Gaspard, qui était un peu remonté, a fait un doigt d'honneur à des sous-fifres qui voulaient pas lui permettre de parler avec leur chef. Gaspard Glanz s'est pris non seulement un certain nombre de coups sur la tronche, mais une procédure avec contrôle judiciaire, interdiction partielle de séjour sur son lieu de résidence, enfin tout un tas d'ennuis qui en principe ne pouvaient pas s'appliquer à un journaliste, mais ça c'était avant.

J'ai dû entendre parler de Gaspard la première fois il y a pas loin de vingt ans, par son papa, ^^, je n'imaginais pas qu'il deviendrait aussi célèbre. J'espère que ça va se calmer autour de lui, il n'a franchement pas mérité qu'on l'embête autant. Son travail qui consiste à montrer principalement les violences, policières et non-policières dans les manifestations ces derniers temps est tout à fait louable. Pour moi son plus haut fait est d'avoir traité Cri-cri Castaner de grosse merde, ce qui n'est pas le terme le mieux choisi, mais justifiable compte tenu du contexte, il s'agissait de répondre à Castaner sur la question des ONG qui seraient complices des passeurs de migrants. Moi j'aurais pas dit grosse merde, mais un sérieux candidat au podium pour le couronnement du plus grand imbécile de l'année sans doute.

La liberté de la presse n'est pas en train d'être écornée ces temps-ci, elle est tout simplement en cours de dissolution. Et à l'approche du premier mai, promis à des manifestations bruyantes dit-on dans certains milieux, et des élections au Parlement Européen, la presse est salement reprise en main par ses propriétaires et ses donneurs d'ordres.

Macron va donc parler, pour indiquer les conclusions qui sont les siennes sur le Grand débat, sur les doléances des françaises et des français, mais non sans avoir fait fuiter un certain nombre de choses qui lui sont passées en tête.

Donc il va falloir travailler plus, et pour faire passer la pilule il va falloir qu'il trouve comment articuler la chose en s'appuyant sur les meilleurs prétextes possibles.

Travailler plus, ça veut sans aucun doute dire qu'il faudra fournir plus de travail pour obtenir un salaire identique, ou peut-être moindre. Ne cherchez pas le bénéfice pour la collectivité, les bénéfices n'iront qu'aux entreprises. Ça ne remplira pas les caisses de l’État, ni les comptes courants des travailleurs. Au mieux ça permettra quand même d'augmenter le PIB, mais la richesse circulera encore moins bien, les riches seront plus riches et les pauvres plus pauvres.

L'un des arguments forts, selon Macron, est de permettre de mieux financer la solidarité dans le cadre de la dépendance. Construction mentale assez foireuse, on ne sait pas par quel bout il faut prendre la démonstration pour qu'elle parvienne à convaincre, puisqu'en demandant aux gens de travailler dans un écosystème où le travail ne peut plus mobiliser suffisamment de personnes, la probabilité de devenir dépendant augmente. On fait travailler les gens plus longtemps, au juste prétexte que l'espérance de vie augmente, mais l'espérance de vie en bonne santé en prend un coup quand même, et il y aura plus de gens dépendants, moins de travailleurs, qui devront travailler plus et ont toutes les chances de ne pas tenir le coup ... jusqu'au jour de leur trépas ...

Il n'y a pas d'autre solution que de faire en sorte que tout le monde puisse travailler, donc que chacun travaille un peu moins pour permettre à tous les autres de travailler un peu. Et tant pis si en moyenne ceux qui gagnaient plus doivent s'attendre à partager.

On ne peut pas compter sur la compétence de Macron pour construire une politique qui aille dans ce sens. Donc la conclusion du Grand débat n'apportera pas les bonnes réponses à l'ensemble des problèmes de la société.

Le printemps risque d'être un peu mouvementé avec tout ça, et Gaspard devrait pouvoir exercer son métier librement pour permettre à tout le monde de mieux savoir ce qui se passe les jours de manifestation.

Des Gaspard, on en a besoin, surtout tout en haut de la pyramide, et tant pis si parfois ils écorchent un peu l'amour propre des crânes d’œuf, ça leur fait du bien aux œufs d'être célébrés de temps en temps, surtout ces jours-ci. Les cloches, les œufs, les petits lapins, c'est un business qui fonctionne bien, le "Notre-Dame de Paris-ton" fait recette à un point ! Il vaut mieux avoir le feu au cul qu'une maladie orpheline de nos jours.

Ça sert à ça les Gaspard, à dire les vraies choses, pas des contes pour enfants.

Les contes de fées s'opposent aux comptes de faits, et le Petit Prince et son mouton ont l'air bien emmerdés.





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