19 mai 2019

L'actualité sous le filtre de ma (presque) mauvaise foi. 19 mai 2019





Je ne suis pas de vin !

Le sénevé est une brassicacée du genre sinapis.

J'en vois qui rigolent déjà. Vous vous demandez : "Qu'est-ce qu'il va nous sortir comme ânerie encore ?"

Mais pas du tout, si je parle de la moutarde blanche c'est pas pour son côté zygomatique. C'est juste que le 29 floréal, c'est le jour du sénevé. Et comme ça tombe juste le 18 mai !

Jour pour jour, l'Histoire nous livre des 18 mai riches en trucs, en machins, patin, couffin ... c'est l'anniversaire de Richard Christopher Wakeman, qui a beaucoup marqué ma jeunesse, et c'est l'anniversaire de Yannick Noah qui a pas mal marqué ma moins jeunesse, vu qu'on a le même âge en années.


Je regardais les almanachs, c'est un jour qui renvoie à pas mal de guerres, massacres en tous genres, on zigouille 800 juifs à Worms en 1096, on raccourci et on transperce un bon millier de partisans du roi de France à Bruges en 1302, le siège de Malte débute, en 1565 et coûtera un nombre important de vies ... mais j'ai vérifié, en fait c'est un jour à peu près comme les autres.

Plus près de nous, on nous en a fait la journée internationale des musées. L'ICOM, le Conseil International des Musées, a choisi cette année la thématique «Les musées, plateformes culturelles : l’avenir de la tradition».

Je trouve la formule plutôt réussie. On n'oppose pas tradition et avenir ... j'ai envie de dire : lol !

Y a des gens qui croivent que ça serait mieux de garder les traditions, de conserver les choses d'antan, de refuser que ça évolue ... et y a des gens qui pensent qu'on doit bazarder les vieux machins sans s'apitoyer.

Et y a des gens qui essayent de montrer que finalement le passé et le futur sont des étapes d'une continuité dans laquelle on se trouve là, au beau milieu, maintenant ... et qu'il faut pas perdre le fil qui montre d'où on vient pour essayer de savoir où on va.

Ce qui a beaucoup de sens.

Hier comme aujourd'hui, au dessus de ma tête le temps était plutôt grisaille. Ce qui, si l'on en croît un proverbe pour hier n'augure pas une grande année viticole : « Soleil à la Saint-Éric promet du vin plein les barriques. »
 

Oh purée, la belle étiquette
C'est amusant de tomber sur ce proverbe, justement, à propos de pichtegorne, je suis tombé sur ce truc incroyable : Une employée sert par erreur une bouteille de vin à 5100€ dans un restaurant.

L'employée d'un restaurant britannique, au cours d'une soirée très chargée, a servi par erreur une bouteille de vin à 5.100€, la confondant avec une bouteille 17 fois moins chère.

D'après l'article, l'employée a reçu un mot d'encouragement de son employeur !

J'ai jamais goûté un vin de ce prix-là ... je sais pas si je suis prêt gustativement pour ça ! Me mettre un verre à 850 balles dans le gosier, j'aurais un peu peur de pas savoir avaler.

T'imagines, en train de passer la soirée au restaurant dubiduleproutmascher, on t'envoie un godet de ce genre-là, déjà faut pas avoir allumé à l'apéro pour espérer profiter au mieux du jaja, et là-dessus, tu veux te la péter un peu pour faire ambiance, tu prends le verre soigneusement, petite danse du ballon pour voir le léger film du vin qui persiste sur la paroi, une bulle qui s'éteint au bout de plusieurs secondes, belle couleur, arômes .. je te dis pas ... et là, tu assumes, tu t'engages, tu oses, sans saloper le bord du verre, délicatement tu poses les lèvres, tu t'injectes un gros soupçon de nectar sur la langue, sous la langue, sur les côtés, le temps de napper le palais, tes glandes salivaires te disent merci et en redemandent, tu mâchouilles un peu, et tu envoies le tout dans le gosier ... pan ... fausse route ! Tu t'étouffes, tu tousses, t'en recraches à la figure de ta partenaire de table ... l'air con, et au prix du verre, même un simple postillon ça coûte déjà des rondelles.

Bon le Pomerol Le Pin millésime 2001, tu peux l'avoir à quelque chose comme mille balles auprès du négociant si tu veux, c'est quand même vachement plus abordable, mais tout de même.

D'ailleurs, tu vois, entre le prix du négociant et celui du restaurateur, il y a plein de monde qui bouffe dessus, avant que tu puisses le déglutir, le picrate. Marrant quand même.

Un 2001 ! L'année du krach boursier qui m'a laissé que des bons souvenirs. Ben il y a des gens qui ont soigneusement cueilli les grappes de raisin, ça a été pressé, filtré, machiné, bidulé, mis en bouteille au bon moment, et puis le temps aidant, le prix est vachement bien monté quand même. Un bel investissement.

Si tu vois qu'en moyenne il faut un kilo de raisin pour faire une bouteille de 75 centilitres, format standard, et qu'en moyenne on peut compter, dans les grandes moyennes, 220 grains de raisin au kilo, ça te met le grain de raisin transformé dans la bouteille de Le Pin 2001 à 23 balles.

Tu compares ça avec le raisin à carouf ou al campo, à 4 euros le kg, prix moyen à la louche, ça te met le grain à moins de deux centimes chez le loufiats de la grande distrib. Valorisé 1.275 fois entre le couillon qui fait les vendanges pour un salaire foireux, et l'étourdie qui remplit par erreur les verres avec la mauvaise bouteille.

Dans la mesure où l'erreur est rare dans le domaine, l'employée en est apparemment quitte pour une poussée d'angoisse inoubliable, l'employeur est salué pour son geste de bienveillance, les clients qui ont siroté le jus de la treille vont devoir faire des prouesses pour essayer de retrouver la saveur de leur chance inouïe, enfin bref, il y a de quoi s'émerveiller dans ce monde en perpétuelle évolution.

- Faut reconnaître que faire une bourde à cinq mille balles, c'est pas à la portée de tout le monde, et arriver à s'en sortir sans dommage c'est surtout une chance pour la dame qui s'est plantée.

- D'un autre côté, le restaurateur, pour avoir des boutanches à ce prix en magasin, il doit pas être totalement à la peine. Si ça se trouve il est plutôt content de pouvoir se faire un peu de pub pour montrer ses trésors qu'il arrive pas à vendre de toutes manières.

- Tu crois ça toi ? Vicieux, mais pas bête ! Tu penses que chez Boucheron ou Jaubalet ils seraient capables de mettre au point un braquage pour qu'on parle un peu d'eux ? Faire venir des voyous pour développer le business ?

- Les bijoutiers de la place Vendôme ont pas forcément besoin d'en arriver là pour trouver des clients, enfin je sais pas ... mais la méthode elle existe ailleurs, et pas à la même échelle.

Monter un coup tordu pour pouvoir se plaindre et en tirer parti ensuite, on appelle ça crier au loup. C'est un peu comme si tu étais leader politique et que tu utilisais tous les moyens possibles pour faire croire aux gens que le danger est imminent pour que tout parte en vrac, par exemple à cause d'un parti politique qui voudrait prendre le pouvoir ... et tu t'arranges pour que finalement, limite sur le fil on te donne ou on te redonne le pouvoir pour éviter la catastrophe ... tu vois ce que je veux dire ?

- Comme tu y vas, mélanger le vin et la politique ?

- Non je mélange pas le vin et la politique, je fais le contraire.

- ??? Comment ça le contraire ?

- Je mélange la politique et le vin.

- Je vois, je vois. Bon, t'as fini avec tes grappes et tes bouteilles ? On peut passer aux actualités ?

- Oui tu as raison, et la raison c'est quand même autre chose que le raisin, quoi que, quand c'est fermenté, c'est un peu pareil ça peut faire un effet flou.

Donc dans l'actualité il y a plein de trucs.

Alors, Gilets jaunes acte 27, entre 15.500 selon la police et 41.000 selon les "organisateurs" ... petite journée, pas grand chose à signaler, agitation habituelle, casse limitée. On a vu, quand même, à Reims le cas d'une manifestante bousculée sans ménagement au passage d'une troupe. Elle aurait été poussée d'un coup de bouclier. Blessée à la tête et hospitalisée. Et la vidéo montre les policiers l'enjamber une fois qu'elle est au sol, sans s'arrêter. Le dialogue social est en marche.


Vidéo accessible en cliquant sur l'image
Huffpost (18/6/2019) : À Reims, une femme blessée en marge de l'acte 27 des gilets jaunes
 
Plus dommageable encore que l'usage de la force et des munitions, la connerie est devenue un outil de communication systématique.

Enfin c'était petite journée.

- Ca s'essouffle. Macron a dit qu'ils servaient plus à rien politiquement, les gilets jaunes, vu qu'il a répondu aux demandes. Enfin je pense qu'il voulait dire que les gilets jaunes servaient plus à rien ? Ou il parlait de lui ?

- Donc ça sert à quelque chose ! Au moins ça l'emmerde, ça lui colle aux pompes comme du Benalla double-face. Et les réponses de Macron aux demandes des gilets jaunes ou des gens en général, ça fait un peu flop.

Le gouvernement devait profiter de l'effet "conclusions" pour rebondir et relancer les réformes ... moralité on assouplit la limitation à 80 mais le prix du carburant ça on assouplit pas. On promet plus de pouvoir d'achat, mais on augmente pas les salaires. Et j'en passe ...

Si ça finit pas par se voir sous la forme d'un trou dans la caisse toute cette histoire, c'est que j'ai perdu le sens de l'arithmétique.

Bon sinon quoi d'autre ? Anthony Delon recadre son père au sujet de sa fille qui n'est pas enceinte ... ouais, Parcoursup plante et remet en file d'attente des gens qui étaient acceptés là où ils avaient demandé ... c'est un peu la même chose, enfantement difficile ...

- La même chose sauf que la petite-fille de Delon, qu'elle soit en cloque ou pas, ça dérange pas grand monde, alors que les milliers d'étudiants qui arrivent à s'inscrire quelque part et qui se font sortir ensuite, ça peut passablement désorganiser leur quotidien.

- C'est vrai. On a tort de donner la vedette à des gens de cirque, des saltimbanques, il y a des gens qui ont de vrais problèmes et ça préoccupe pas plus que ça dans les hautes sphères. Frédérique Vidal, la ministre de l'enseignement supérieur explique que pour l'instant personne n'est capable de donner l'ampleur du bug :

"J'ai vu des chiffres fleurir et cela m'a beaucoup amusée de voir que des gens étaient capables de donner des chiffres alors que nous sommes dans l'incapacité de savoir combien de jeunes étaient affectés", a déclaré à l'AFP Frédérique Vidal, en marge d'un déplacement à Paris. "On fera toutes les communications nécessaires sur les chiffres en temps voulu", a-t-elle assuré.

En gros, elle, ça la fait rigoler. Enfin un membre du gouvernement qui a de l'humour !

franceinfo (19/5/2019) : Parcoursup : il est "impossible" de connaître le nombre de candidats affectés par le bug, estime Frédérique Vidal


Ah, tiens, j'ai un titre qui me botte bien !

La NASA démontre que la Lune est secouée de tremblements de terre et se rétrécit peu à peu

Ils précisent juste après : Une étude datant du 13 mai par la NASA et portant sur la Lune indique que l'unique satellite de la Terre serait en train de rétrécir, provoquant des "tremblements lunaires".

C'est mieux. Parce que la Lune animée par des tremblements de terre, je trouvais ça un peu ... comment dire ... enfin ils pourraient faire gaffe à ce qu'ils écrivent.

Donc la Lune a des tremblements de Lune. Et ce serait dû au fait qu'elle s'effondre doucement sur elle-même. Elle se ratatine en vieillissant, ce qu'on fait tous plus ou moins. Donc côté découverte c'est mineur, mais la nouvelle ici, c'est qu'on a la preuve que ça tremble. Ils ont foutu des sismographes, et il y a des relevés.

Dans l'article, ils précisent : Cet événement se compare selon eux à celui d'un « grain de raisin qui se dessèche : la Lune se rétrécit à mesure que son intérieur se refroidit, ce qui provoque la formation de rides ou de défauts sur sa surface fragile. Quand suffisamment de stress s'accumule, des séismes se déclenchent ».

Pour le coup du grain de raisin c'est totalement fortuit, je leur ai pas soufflé le truc pour écrire le journal.

- Sur Terre il y avait l'Eurovision aussi.

- Ah, et ça a donné quoi ?

- Des chansons.

- Et ?

- Et quoi ?

- Ben le classement ? C'est un concours, avec des compétiteurs, des points, des places et un gagnant ? Par les temps qui courent, c'est une occasion pour "make France great again" !

- Ah tu veux savoir si la France a ?

- Ben voui quoi, on avait un candidat bourré de talent, comme tous les ans, enfin je sais pas moi, j'y comprends pas grand chose dans ces trucs, mais il a fait quoi ?

- Ben il a chanté comme les autres.

- Toi tu veux pas me dire qu'on n'a pas gagné !

- Ben il y avait vingt-six pays européens ... enfin, vingt-six pays, oh et puis flûte hein. Donc la France est quatorzième sur vingt-six. Ce qui est ni bon, ni mauvais, et puis c'est du show-biz et chacun en fait ce qu'il veut, l'essentiel c'est la musique, l'amitié entre les peuples ... enfin voilà.

- L'amitié entre les peuples était un peu complexifiée avec l'évènement se tenant à Tel-Aviv, j'ai vu ça. C'est un grand problème. Même dans les endroits du Monde où tout ne baigne pas, il y a plein de gens qui voudraient pouvoir faire des trucs normaux, comme boire, manger, dormir, aller au spectacle avec des voisins et des amis sans risquer de mourir, et c'est pas toujours simple.

- L'amitié entre les peuples, c'est la fondation première de l'Europe. Marrant finalement, l'Eurovision va nous ramener à la politique.

- L'Europe, c'est le grand soucis du moment, même si la plupart des gens savent pas trop quoi faire pour que les choses s'arrangent en mieux.

Avec les dirigeants qui font à peu près n'importe quoi pour rendre les choses difficiles, les européens finissent par se demander si l'Europe ça sert pas qu'à les foutre dans les problèmes. Mais au fond, une bonne partie des gens pense que sans Europe ce serait plus compliqué. Sauf qu'avec c'est pas simple du tout.

- Si les exécutifs européens se tiraient pas dans les pattes entre eux, ce serait le meilleur endroit du Monde non ?

- C'est le meilleur endroit du Monde depuis des siècles. Sauf que c'est aussi le bordel depuis le même temps vu que les gens peuvent pas s'empêcher d'être en conflit dans des histoires de clocher. Unis dans un espace commun avec des règles équitables bien respectées, l'Europe représente la première puissance économique au sein de l'humanité entière.

Le hic, c'est que les pays qui la compose ont des histoires qui n'ont pas encore trouvé le moyen de gommer les intérêts locaux. Et les intérêts locaux, ça peut prendre des formes très tordues par moment.

C'est des trucs à n'en plus finir qui tournent autour de frontières de pays, de régions, où les gens se bouffent le nez pour conserver des pratiques, des habitudes, des prérogatives, avec des leaders ou des dirigeants qui font tout ce qu'il faut pour que les peuples s'entendent pas entre eux.

- Comme les italiens qui ces temps-ci aiment pas les français, alors que l'un dans l'autre, l'habitant de Turin est tout à fait capable de passer de bons moments avec celui de Lyon. Sauf qu'au-dessus de leurs têtes il y a des intérêts privés qui voient ça d'un mauvais œil.

- Oui, mais c'est pas différent des gens de Longjumeau et de ceux de Juvisy qui vont se retrouver sans hôpital à force d'avoir eu des équipes municipales qui n'ont été foutues de s'entendre pour mettre des moyens en commun.

Le sens du progrès veut que l'on efface les frontières entre les zones de gestion pour permettre aux gens de faire ce qu'ils veulent au mieux. Ça aide à mettre les moyens intelligemment en commun, et ça permet d'avancer. Alors qu'en pratique, on voit régulièrement des décideurs relever des barrières, des frontières, cloisonner l'espace ... en divisant pour mieux régner.

Qu'on observe l'Europe ou Trifouillis les Oies, c'est un peu le même problème, avec un facteur d'échelle correspondant. Et comme on doit mettre des gens pour s'occuper de gérer chaque territoire, ville, arrondissement, département, région, pays ... continent pourquoi pas, au bout du compte on se laisse bouffer par la personne qui gère le territoire et dont le but est souvent au final de trouver comment durer le plus longtemps possible sur son petit trône, avec éventuellement en cerise sur le gâteau une inventivité considérable pour mieux nourrir les potes que les gens qu'il connaît pas.

Tu vois, il y a un parallèle entre la serveuse du restaurant qui s'est gourée de boutanche et un maire, ... ou un président de la République.

L'erreur, la mauvaise gestion d'un problème, ça coûte. Mais c'est pas forcément une catastrophe complète, c'est juste qu'il y a des gens qui font bien leur boulot, d'autre parfois moins. Et quand une personne se plante, si il y a d'autres gens qui peuvent lui dire qu'elle se goure, ça peut s'arranger comme ça. Chacun retourne à son ouvrage après s'être expliqué et on peut espérer que l'erreur est réparée et qu'on n'aura pas à y revenir.

On peut même apprendre de nos erreurs et avancer comme ça.

Là où ça complique, c'est quand la personne qui se plante persévère.

- Évidemment si elle perd ses verres, ça réduit la vision du problème !

- Et si il y a personne pour lui coller des lunettes de rechange ou un coup de pied dans le fion pareil.

- Et l'Europe alors, on dit que la France va perdre de l'influence, à cause des élections qui arrivent, vu que les députés de chez Le Pen et Macron vont pas aider à faire avancer les choses dans le bon sens, et qu'ils n'auront pas un poids suffisant pour faire pencher la balance d'un côté ou d'un autre ? Pourquoi aussi la France et l'Allemagne sont pas au diapason pour bosser ensemble et donner l'élan qui permet de mettre tout ça en bon ordre ?

- La raison pour laquelle la France et l'Allemagne n'arrivent pas à fonctionner à l'unisson, c'est que la Communauté Européenne d'aujourd'hui est confédérale, avec un Conseil des chefs d’État qui ne sait pas prendre de décision autrement qu'à l'unanimité, ce qui arrive presque jamais, et les chefs d’État ont des intérêts politiques différents qui ne les poussent pas à s'entendre sur plein de trucs.

Merkel dirige un pays avec lequel elle rend des comptes à son parlement national. Macron dirige un pays avec lequel il ne rend des comptes à personne hormis un tout petit peu aux gilets jaunes, mais c'est comme pisser dans un violon. Les deux pays, comme les autres pays européens, ont signé des accords qui les lient par des obligations de fonctionnement précises.

Pour tenir le cap des obligations, en Allemagne ils ont fait dériver le modèle social vers un ensemble de règles qui font que les allemands gagnent moins bien leur vie qu'avant, le "taux de pauvreté" en Allemagne est nettement plus élevé qu'en France, alors que le pays est globalement plus riche. En plus l'Allemagne est plombée par une population vieillissante avec un taux de natalité faible.

Donc l'Allemagne a laissé la bride sur le cou des entreprises pour payer les gens au lance-pierre, et finalement l'outil de production allemand arrive à tourner avec un niveau de "plein emploi" satisfaisant, au point d'avoir donné l'idée à Merkel de faire entrer un million de migrants pour assurer une main d’œuvre abondante ... ça c'était avant que ça tourne vinaigre.

En France on avait un équilibre sur le plan social qui était maintenu par l'héritage des acquis du Front Popu. La crise de 2009 n'a pas frappé trop dur en France, à cause de ça. Mais le taux de chômage est plus élevé. L'outil industriel étant moins rentable, il n'a pas été soutenu aussi bien qu'en Allemagne, et petit à petit on en est arrivé à une industrie française nettement moins performante avec des gens mieux payés, mais aussi pas mal de gens pas payés du tout !

Quand tu mets en face Macron et Merkel ... ils se parlent de quoi ? Ben y en a une qui dit : faites comme nous ! Et l'autre qui explique : pour pouvoir tenir la barre il faudrait soit augmenter le déficit budgétaire, soit faire de l'inflation. En plus il y a une sorte de triche sur le plan financier en Allemagne, où les banques assument en partie les difficultés structurelles. Du coup la solidité bancaire est un peu bancale chez eux, là où inversement elle est peut-être mieux garantie en France. Ce qu'on peut dire, en gros, c'est que l'un dans l'autre les deux pays sont à peu près au même niveau d'emmerdes, mais dans la soupe teutonne les gens sont juste un peu moins gâtés sur les minimas sociaux. Avec une précarité plus grande, les allemands font illusion au niveau plein emploi. C'est ni mieux, ni pire, c'est juste aussi dégueulasse de chaque côté.

Mais avec tout ça ils arrivent pas à s'entendre..

Et pendant ce temps-là les entreprises font ce qu'elles peuvent avec ce qu'on leur donne, ou plus exactement les propriétaires des entreprises tirent au mieux les profits qu'ils peuvent. Ce qui là aussi donne une approche différente entre les deux pays, en France un patron propriétaire, ou un conseil d'administration décide ce qu'il veut sans avoir à rendre des comptes, en Allemagne il y a un système qui impose partiellement aux entreprises d'associer les employés aux décisions stratégiques. C'est une longue histoire. Ça a pour effet, en Allemagne, de mieux gérer les entreprises d'un certain point de vue. Il est compliqué de mettre la clef sous la porte d'une entreprise qui marche bien outre-Rhin, contrairement à ce qu'on peut voir parfois en France avec les délocalisations à vocation purement financière.

Toujours est-il que Merkel et Macron sont deux logiciels qui fonctionnent pas de la même manière et qui n'ont pas les mêmes objectifs. Politiquement Merkel peut se faire lourder par son parlement si elle prend des décisions à rebrousse-poil, en France Macron peut lourder son parlement si il n'arrive plus à se faire entendre. C'est assez différent.

Bon, les systèmes sont différents, mais ça dépend aussi beaucoup des personnes tout ça. Il y a des dirigeants dont le charisme ou la force de conviction sont plus élevés, d'autres moins. Merkel c'est la recherche du consensus, elle y prospère bien. Elle est de droite, mais elle est compatible avec n'importe quelle majorité, elle l'a montré. Macron lui il est plutôt dans la recherche de l'autorité sans partage.

Ce qui rend assez improbable une tentative de la part de Macron pour convaincre des parlementaires allemands, pour que ces derniers disent à Merkel de faire un truc ou un autre qui arrangerait la France. Pour les allemands, un dirigeant autoritaire, c'est une cible
de catégorie tête à claques assurée, ils ont horreur des dictateurs depuis qu'ils ont eu une mauvaise expérience.

- Donc le couple franco-allemand, c'est pas la bonne époque pour qu'il soit le moteur de l'Europe.

- Voilà. Il y a eu des périodes où ça fonctionnait mieux, et là pas. Mais ça ne date pas de l'arrivée de Macron, ça a commencé principalement avec Sarkozy, qui était pas vraiment de la bonne dimension pour arrondir les angles entre voisins, et depuis il y a des frictions, des problèmes de calendrier, des difficultés de politique intérieure, enfin plein de trucs comme ça.

Idéalement, France et Allemagne devraient être en train de construire un espace commun particulier à deux pour emmener le reste des européens dans leur sillage, mais en pratique on n'en est pas là.

Et à très court terme, il y a tous les pique-assiettes prêts à bouffer leur père et à vendre leur mère, qui proposent des solutions diverses et variées, avariées parfois. Le succès des populistes, de tous les populistes, se forge sur l'incapacité des dirigeants en place à occuper le terrain de la construction politique et sociale européenne.

Ce qu'on constate, en regardant d'autres pays d'Europe, c'est que ceux qui s'en sortent au moins temporairement le mieux, sont ceux qui font des bras d'honneur à tout le système. Ce qui ne veut pas dire qu'il suffit de faire des bras d'honneur, mais ça peut au moins éviter à un pays d'être empêché de faire tout ce qu'il décide. Que ce soit l'Italie, ou le Portugal, par exemple, et avec des buts et des résultats qui ne sont pas les mêmes, on constate que l'un comme l'autre ont ouvertement dit à des gens comme Moscovici et à la Commission d'aller se faire foutre avec leurs conseils de mal baisés.

Et pour le cas du Portugal qui avait des difficultés importantes il y a quelques années, ça a payé de ne pas écouter les autres et de suivre une politique qui n'était pas dictée par la Commission. Le cas de la Grèce qui a été, peut-être, forcée, ou qui s'est peut-être laissée intimider, montre combien le poids des accords entre les pays européens peut rendre compliquée la vie des gens.

Mais dans le cas de la Grèce, le pays était dans un environnement administratif et financier assez miné, ce qui explique que le pays a dû plier pour obtenir des moyens financiers qu'il n'avait plus. La Grèce a été obligée de se réformer, d'assainir ses pratiques socio-économiques.

Le Portugal était en difficulté, avec toutefois une organisation nettement plus saine, et le Portugal a prouvé qu'il était capable de revenir à l'équilibre financier sans être mis sous tutelle.

- Et nous alors, avec le déficit budgétaire qui est pas respecté, la dette qui pèse un an de PIB maintenant ? En plus ces temps-ci bistouquet fait des cadeaux, on sait pas vraiment jusqu'où il est en train de faire des trous dans le cochon-tirelire, mais bon.

- La France est riche. Très riche. Et en plus elle se réapproprie sa richesse, sa dette aussi, depuis quelques années. Ce qui fait que la France ne risque pas de tomber dans la situation de la Grèce, c'est que c'est un pays très organisé, dont la richesse globale correspond à une vingtaine d'années de PIB, que cette richesse est détenue en grande partie par les particuliers. Là où le truc est moins glorieux, c'est que la croissance du PIB est un peu en berne sur pas mal d'années, et que l'écart de compétitivité de l'économie, avec l'Allemagne par exemple, montre que la France aussi riche soit-elle n'assure pas tout à fait la pérennité de sa richesse. C'est sans doute passager. Mais ça ne s'est pas précisément arrangé avec Hollande, ni même depuis l'arrivée de Macron.

Par contre, même si il se dit beaucoup, et un peu trop vite, que la dette de la France est "énoooorme", ce n'est qu'un an de PIB, actuellement, et ce n'est pas du tout une catastrophe.

Il suffit de raisonner pour comprendre qu'une population, dont l'espérance de vie est de 80 ans et plus, peut se permettre d'être endettée d'une année de revenus ... c'est pas vraiment impressionnant du tout. Surtout si à côté la même population détient du patrimoine, entreprises, constructions, équipements, ..., pour l'équivalent de plus de vingt ans de PIB.

Tout ce qu'on nous raconte, autour de ça, sert uniquement d'épouvantail de la part de dirigeants politiques qui sont pas très à l'aise avec la réalité, ou pas très honnêtes avec les électeurs.

Par contre, et à force de mener une politique dogmatique orientée vers un libéralisme irraisonné, la France a aussi perdu beaucoup de sa capacité à entretenir sa richesse. D'une part les exécutifs successifs, depuis des lustres, vendent les biens communs, privatisent des outils qui servent la collectivité, et d'autre part la majorité des injections financières qui ont été faites ne l'ont été que très peu dans l'équipement ou dans la consommation. Et on observe avec constance que l'injection de ressources à destination des entreprises, sous la forme de fonds versés ou de cadeaux en charges ou taxes, ne génère ni emploi, ni amélioration des rémunérations. Donc ça n'a pas d'impact positif sur la production de richesse.

Et à force de mener cette politique, ça commence à peser très nettement sur l'avenir proche. Il n'y a plus de marge de manœuvre pour relancer l'économie, et il n'y a plus beaucoup de bijoux de famille à vendre.

Cette erreur de casting là, elle peut peser à court ou moyen terme sur le pays comme une menace. Pour l'instant, les dirigeants européens disposent d'un outil qui permet de régler à peu près les choses avec une banque communautaire qui rachète des dettes nationales, et un système qui permet aux banques privées de "créer de la monnaie", ce qui consiste en gros à prêter de l'argent aux usagers et aux entreprises sans que cet argent ne soit préalablement déposé, ou épargné. Avant, les économies nationales utilisaient l'inflation par exemple, mais ça a posé des problèmes, et dans le cadre de la zone euro ça n'est pas jouable de faire de l'inflation. De nos jours on ne créé pas de la monnaie comme avant, on autorise les banques privées à ouvrir du crédit aux entreprises et aux particuliers. Pas d'inflation, et si les emprunteurs remboursent tant mieux, si ils remboursent pas, il suffit de prêter contre des garanties suffisantes et la banque ne perd pas ou pas souvent d'argent.

Ce système fonctionne assez bien jusqu'à présent. On ne sait pas si ce sera toujours le cas, en particulier si un nouveau coup de sang se produit sur les marchés financiers comme en 2008-2009. Ce qu'on peut dire, c'est que ce système présente un risque ... si il y a de gros soucis sur les marchés financiers et que les banques d'un seul coup dysfonctionnent, tout s'écroule.

- Ce qui veut dire qu'il fait bon d'avoir des bouteilles de Pomerol Le Pin en réserve au cas où !

- Ce qui veut dire qu'on n'est pas très bien dirigés, représentés, et que si le revenu universel d'existence doit exister un jour, on n'est pas vraiment aidés pour l'instant. Effectivement, vu sous cet angle là, le coup du Pomerol doit correspondre à une déclinaison du ruissellement pour les possesseurs de chaussures de marche.

Et on n'a pas tellement de possibilité de trouver des alternatives politiques ces temps-ci.

Le futur ex-PS va finir sa course cométaire dans un ravin, dans pas très longtemps. Hollande vient d'appeler à soutenir la liste conduite par Glucksmann. Normalement ça devrait faire baisser les intentions de vote pour eux. On n'a jamais vu une recommandation donnée par Hollande se traduire par un succès.

Avec Mélenchon qui se prend gamelle sur gamelle et Jadot qui rêve encore de faire 15% aux européennes, ce qui devrait donner sans doute à peu près la moitié en vrai ... ils vont arriver à cumuler, avec ou sans la liste Glucksmann, une vingtaine de sièges sur 79. Et on dira que c'est la gauche au parlement de Strasbourg.

Enfin ils diront ce qu'ils veulent, mais une chose est sûre, c'est que la gauche comme ça, on ne s'y retrouvera pas.

- Tu as reçu un appel de Mélenchon pour voter pour sa liste ?

- Oui ! Il a appelé à la maison. Enfin c'était un message enregistré. Il n'en n'est pas encore réduit à passer les appels en direct, pour l'instant, il crame la trésorerie en tentant de faire la retape par téléphone, y compris le client en liste rouge.

La CNIL a reçu des milliers de plaintes. En plus ça peut leur coûter des amendes bonbon ce genre de truc. Et puis pour l'image d'un parti, ça fait pas très sérieux d'utiliser les mêmes recettes que les opérateurs téléphoniques, les vendeurs d'électricité ou le marabout-voyant Ibrahim de La Courneuve. Le téléphone était déjà largement encombré par les charlatans de tous poils, on pourra y ajouter le besogneux Mélenchon, ses proches grassement payés, moins tous les gens qui se barrent de LFI vu comment c'est compliqué chez eux.

- Ah, en période électorale, tout est bon pour attirer le chaland. On a vu les appels à dons ces derniers temps, ça a pris un peu la tournure marchande des appels à investisseurs ... on sent que les partis politiques sont animés de l'envie de fonctionner comme les entreprises commerciales de nos jours. Bientôt, on nous proposera des bons de souscription avec des avantages à obtenir en cas de victoire.

- C'est une idée ça ?! Mais en fait c'est un peu déjà le cas. Quand tu vois le discours façon populiste, que ce soit à gauche, à droite, au centre ... votez pour moi et je vous assure que vous serez pas déçus. Et au bout du compte, ils assurent comme les compagnies d'assurances. Une fois que t'as commencé à casquer, ils te relancent, et si tu fais la fine bouche ils deviennent moins agréables, plus tenaces, et à la fin quand ils sont aux affaires, ils allument l'aspirateur à pognon pour financer les promesses ... qu'ils ont du mal à tenir quand ils les mettent pas directement à la corbeille. Sans oublier qu'un assureur assure, surtout les gens qui n'ont pas de problème, dès qu'il y a des problèmes réels à prendre en charge c'est nettement plus compliqué.

Ça met de la distance entre le projet politique, quel qu'il soit, et la manière de pratiquer ensuite. Et à chaque fois c'est la même chose. Au départ on discute de la manière de partager, et à la sortie c'est l'auberge espagnole, tu bouffes avec ce que tu amènes toi-même, et c'est un peu chacun pour soi.

- Dans une auberge espagnole, le coup du Pomerol ça doit pas arriver facilement c'est sûr !

L'auberge espagnole, c'est le contraire d'une loterie. Là, avec le gouvernement ça commence à ressembler quand même un peu beaucoup aux jeux de hasard. Je te mets une réforme, je la retire, j'en fais une autre ... On avait déjà un avant goût avec les trucs sur le patrimoine, Stéphane Bern fait la retape pour un jeu de grattage, quand même.

 

François de Rugy est ministre de la Transition
écologique et solidaire depuis septembre 2017.
— CELINE BREGAND/SIPA
- Ben là, c'est parti pour être un cran au-dessus. C'est Rugy qui estime, au sujet de la taxe carbone, que ce sera aux citoyens tirés au sort de définir son avenir ! Donc la taxe carbone on l'aura peut-être au tirage, à moins que ce ne soit au grattage, tout dépend si ça nous chatouille.

20 Minutes (19/5/2019) : Ce sera aux citoyens tirés au sort de définir son avenir, pour François de Rugy

En fait la taxe carbone, qu'on finisse par en voir une qui tienne debout ou pas, il faut pas qu'on soit inquiet sur le fait qu'on payera le prix qu'il faut pour respirer mieux, ou crever proprement. Mais revu à la sauce timorée d'un gouvernement qui ose plus trop se lancer en politique et qui a pas d'idée pour faire quelque chose de sérieux, ça se fera au tirage. Soit on payera les pots cassés, soit on cassera les pots payés. Dans un sens comme dans l'autre on se demande pourquoi on a des ministres parfois.

- En Autriche, ils ont des ministres aussi, et ça leur sert aussi à se défouler de temps en temps. Le vice premier ministre se fait sortir après le scandale de l' "Ibiza-gate". Pris sur le fait, à tenter de magouiller avec des russes. Bon c'est un peu un coup monté, et qui date en plus, mais la révélation de la tentative de compromission lui a été fatale. Le truc intéressant, outre le fait qu'un facho dégagiste se fasse dégager, c'est que ça remet le couvert sur les tentatives d'ingérence russe dans les affaires européennes. Et ça douche froid la fête des fachos.

- Ce qu'il faut retenir là-dedans, c'est pas que l'histoire soit fondée sur un supposé montage avec des russes. La chose importante c'est que l'histoire est fondée sur un montage avec des gens qui baignent dans le fric, et que le politique, ici il s'agit d'un vilain garçon d'extrême droite, mais bon, ben le politique il est pas contre les manips avantageuses. Tu crois que les politiciens d'extrême-droite sont plus avides que les autres ? Moi pas.

- Le truc marrant, c'est que ça tombe pile au moment où les partis d'extrême-droite européens tentent de faire jonction pour construire une force européenne à Strasbourg. Et la réunion qu'ils ont eu ce week-end a montré qu'ils sont loin de pouvoir s'unir.

Du coup la Marine nationale est un peu ennuyée avec tout ça. Elle voudrait pas que ça pèse sur l'opinion française cette histoire de pots de vin. Ça lui est totalement étranger les magouilles à elle.

- Tu crois que ça aurait été du bon, le vin, le pot, si ça avait été jusqu'au bout leur histoire d'arrangements avec des russes ?

- Ça serait intéressant de connaître le détail des ventes de Pomerol. Si les russes achètent du Pomerol ces temps-ci, il y a de quoi s'inquiéter. Si ça se trouve l'employée qui s'est trompée de bouteille est un agent venu foutre le bordel dans les élections ?

- Il faut se méfier des petits détails. Il suffit d'un rien pour déclencher des grands quelque chose. Et c'est pas parce qu'il y a des crânes d’œuf qui ont des problèmes avec les riens qu'il faut fermer sa gueule.

Bon allez, c'est pas tout, là il faut quand même boucler.

Donc aujourd'hui c'est la Saint-Yves ! Bonne fête à tous les Yves, même les autres que je connais pas. C'est le jour de la fête de la Bretagne, donc ça marche pour Yves, pour Erwan et pour les dragons.

Les dictons nous disent :

« À la Saint-Yves, le beau temps arrive. »
« À la Saint-Yves, le beau temps ôte au laboureur ses dents. »

Ben pour les dents c'est réglé, mais pour le beau temps : bernique.



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Au café du commerce, il n'y a que les godets pleins qui rapportent sans ficelle

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