18 mai 2019

L'actualité sous le filtre de ma (presque) mauvaise foi. 17 mai 2019

En bandeau : sur fond d'Europe, la muse de l'élégie, le joueur de fifre pipeaute à mort, et la pléthore de candidats aux emmerdes vont avoir des problèmes de siège.

Joueur de fifre l'un, la musique des autres ...
 
LR risque bien de sortir du prochain scrutin électoral sans gloire précise, le score devrait être dans la plage de 12 à 15% à l'élection européenne, mais revigoré. A force de vouloir siphonner les voix de droite, les camps de l'extrême-droite et de l'extrême-macronie sont parvenus à fixer la limite qu'ils n'auraient pas dû atteindre, et il semble que nombre d'électrices et d'électeurs qui ne trouvent pas leur compte ni avec LREM ni avec le RN se remobilisent un peu autour de l'image et du crédo libéral conservateur de la droite plus traditionnelle.

Pour en arriver là, il aura fallu à Laurent Wauquiez pas mal de temps pour cesser de vouloir imposer une radicalisation de son camp face à celui de Macron. Mais devant le péril imminent pour LR de se voir réduit à l'état de particule, ces derniers jours ont permis de voir monter au créneau tout un tas de piliers de barre au centre ... pour en arriver avec une tête de liste marqué très à droite, à un consensuel discours accueillant, bienveillant, parfois assez social. Un truc qui réconcilierait la chrétienté avec les évangiles et l'œcuménisme politique avec la vie paisible des quartiers bourgeois.

LR ne va pas devenir le parti du peuple plus que ça, mais l'épouvantail Wauquiez s'est paré d'une certaine capacité à laisser les gens penser par eux-mêmes sans leur envoyer des scuds à chaque fois qu'il craignait de ne pas avoir le dernier mot.

Cette transformation soudaine n'est pas le succès de Wauquiez, c'est bien celui de François-Xavier Bellamy, qui montre plutôt bien qu'on peut-être philosophe avant d'être politique, et le titre de philosophe est mis ici pour ce qu'il vaut : ça désigne des personnes qui pensent avant de tenter de casser la baraque, attitude rare chez les politiques de premier plan.

Ça vous étonne de voir ici des compliments destinés à un versaillais aux idées que je ne partage pas du tout ? Ben tout arrive ... mais non, je ne lui fait pas vraiment de compliment, je constate qu'au moins chez LR les gens sont parvenus à être moins cons que dans d'autres coins de l'espace politique. LR existera encore, au moins quelques temps, parce qu'ils ont bien travaillé pour cette séquence des européennes, ils ont travaillé dans l'union entre eux, difficile, union que Macron tente de torpiller pour goinfrer des voix à droite, mais les dents de Macron sont moins solides que le dentier de Wauquiez. Et toc.

En tout cas, à voir le niveau de débat proposé par LR ces derniers jours, dans les meetings, on sent quand même que si les candidats de droite devaient être classés selon le contenu, Loiseau et Bardella sont tombés assez bas. Le débat entre ces deux têtes de listes était forcément inégal, une experte sans peps face à un novice sans vergogne. Polis, ou presque, ils nous ont fait un duel télévisé qui sentait le moisi, le cramoisi. Outre le fait que l'experte arrive tout de même à se planter quand elle parle de certains sujets européens, comme le SIS, Système d'Information de Schengen, ce qui montre bien qu'en choisissant ce qu'ils avaient de mieux sous la main pour la liste européenne d'En Marche, ils n'avaient pas la main grande.

Mais malgré tout, Nathalie Loiseau reste compétente sur pas mal de sujets, face à un Jordan Bardella qui a envoyé en quelques mots toute la solidité de l'ambition et du programme politique des frontistes.

Le projet du RN souhaite la disparition du Parlement Européen. Ben tiens ! Ce qui a permis aux sbires de Le Pen de bouffer pendant des années ... et ils voudraient le passer par dessus bord en revenant au Parlement d'antan, constitué de parlementaires issus des parlements nationaux, alors que nous avons un parlement dont les membres sont élus par le peuple !

Revenir à l'ancienne méthode, avec des parlementaires européens qui n'auraient pas l'initiative des lois, mettrait le parlement à la botte complète du Conseil, des chefs d'états ... dont on sait ce qu'ils font aujourd'hui de nuisible à l'Europe en bloquant à peu près tout ce qu'ils peuvent parce qu'ils ne sont pas foutus de s'entendre entre eux.

Et dire que Bardella + Loiseau ça va faire dans les pas loin de 50% des voix exprimées au scrutin, et plus des deux tiers des sièges ... et en plus les sièges détenus par des RN ne serviront à rien qu'à tenter de bloquer des textes qui passeront forcément sans eux. Le bilan du FN / RN au parlement européen, on sait ce que c'est, des postes d'assistants parlementaires pour des potes. Les Le Pen ont toujours craché sur l'Europe tout en se trouvant fort bien nourris d'en vivre.

Enfin ce débat au sommet à fini par être un d'un lénifiant débit ... c'était nul, ennuyeux, épais comme un ciel d'orage qui veut pas crever les nuages, sûr que le peuple français va avoir des représentants de choc dans quelques jours. Le poids des veaux, le toc des photos.

Est-ce la jeunesse de Bardella qui en fait un candidat aussi nul, ou la jeunesse de LREM qui envoie une candidate aussi peu politique en tête de liste ?

Me vient l'envie de dire : il faut bien que jeunesse se casse !

En parlant de jeunesse, même avec un tout petit peu d'expérience, il y en a un qui est indécrottable ... ben oui ... bistouquet à encore montré son talent à dire des bêtises. Pour lui le mouvement des gilets jaunes n'a plus de débouché politique. C'est ce qu'il déclare à Biarritz le 17 mai.

"Je considère que j'ai apporté les réponses aux Françaises et aux Français sur ce qui avait conduit à ce mouvement, le 10 décembre et dans la conférence de presse que j'ai donné. Je crois que celles et ceux qui continuent aujourd'hui à faire cela, il n'y a plus de débouché politique", a-t-il justifié.

"Nous avons fait notre part du travail, je pense que maintenant, chacun doit aller voter aux élections, quand il porte des idées, se présenter aux élections et c'est beaucoup plus difficile de proposer un projet pour que d'être contre tout le reste. On avance pas en étant contre. Aujourd'hui, je vois beaucoup de gens qui sont contre", a poursuivi Emmanuel Macron. "Que celles et ceux qui ont une autre vision de ce que doit devenir le pays, la dessine politiquement, lui donne forme et se présente aux élections. La démocratie, ça ne se joue pas le samedi après-midi".

Oui mais voilà ! Sauf que : sauf que comme il fait les demandes et les réponses dans son explication, il faut pas trop espérer que tout le monde soit d'accord avec lui. Il y a des gens qui trouvent que ses réponses aux questions qu'il aborde lui-même ... ça vaut pas tripette.

Pour tout dire, moi, à titre personnel, j'ai une autre vision de ce que doit devenir le pays, que je partage avec un certain nombre de gens, je ne vois pas la démocratie seulement le samedi, ça se joue en 24/7. C'est vrai qu'on peut pas diriger le pays depuis des ronds-points, mais on peut pas le faire bien non plus en prenant les institutions d'assaut et en expliquant aux gens que désormais on se revoit dans cinq ans pour le bilan.

C'est tout bistouquet ça. Enfin il n'est pas le seul à commettre cette erreur funeste de penser que dès lors qu'il est président il est à la fois la France, les français, et tout le tralala. Les gens qui ont une vision de la France et qui se présentent aux élections ont pour certains tendance à penser que l’État c'est leur pomme, avant même d'être élu dans certains cas.

On a Sarkozy aussi ces jours-ci, dans l'éternel recours. Beau film. Mauvais acteur, mais scénario impeccable.

Le Conseil constitutionnel a estimé vendredi que rien ne s'opposait à ce que Nicolas Sarkozy soit jugé dans l'affaire Bygmalion, de financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, un pas en avant vers un procès en correctionnelle.

L'ancien chef de l’État avait soulevé une question préalable de constitutionnalité (QPC), arguant du fait qu'il ne pouvait être sanctionné deux fois pour les mêmes faits, le Conseil constitutionnel lui ayant infligé en 2013 une pénalité de plus de 360 000 euros après invalidation de ses comptes de campagne.

Le problème c'est que là il s'agit pas de trois cent mille balles, mais du dépassement du plafond de dépenses, qui était de vingt millions d'euros, et le dépassement est sensiblement supérieur au plafond lui-même ! Plus de quarante millions dépensés, pour la partie visible, ça fait quand même cher pour un seul candidat.

Donc si on peut être sanctionné deux fois pour des faits qui ne sont pas les mêmes, il faut pas pousser grand-mère dans les orties, on ne fait pas de démocratie en cramant le pognon sans faire gaffe. Hein Nico ? Bon, j'en fait même pas une question de principe, t'es excusé de ma part, il y en a d'autres qui ont aussi leurs petits excès et leurs gros défauts.

Mais quand même arriver à des montants pareils alors que c'est pas autorisé, c'est pas bien.

Faire péter les millions à ce point, c'est carrément pas respectueux pour les gens qui tirent la langue.

C'est comme Balkany. On peut pas lui reprocher d'être un mauvais maire, de pas avoir le sens du bon mot, l'amitié persistante, il a toutes les qualités du bon politique, clientéliste, paternaliste, adorable avec les gens du moment qu'on lui cire les pompes. Mais il finit par tomber, alors que ça fait trente ans que certains lui courent après, pour avoir entubé le fisc.

Bon c'est juste de quelques millions. Pas grave. Même pas vingt. Ou alors, si il y en a pour vingt, c'est qu'on a pas trouvé la trace de toutes les combines.

Les Balkany ... pauvres gens. Passer entre les gouttes pendant si longtemps, et se faire serrer sur le tard quand on peut moins bien se défendre ! C'est pas très sympa.

En fait, si on avait l'esprit tordu, on pourrait penser qu'ils ont été protégés pendant longtemps par un solide réseau d'amis utiles et que là ils se seraient fâchés avec ? Ou que les amis sont plus en poste ? Ah. Faudrait gratter un peu pour y voir plus clair.

Ce qui est marrant c'est que Balkany, Sarkozy, ce sont les héritiers d'une époque bénie qui a vu toute une clique de politiques trouver des ressources à foison avec les grands chantiers de la région parisienne. En particulier tout ce qui a permis au 92, les Hauts-de-Seine, de devenir ce département très chic.

Levallois, avant, il y a longtemps, c'était le bled de la deux-chpette. Du temps où les usines Citroën tournaient à Levallois, on logeait le migrant sur les bidonvilles et les quartiers de misère de Nanterre ... Et puis un jour Balkany est arrivé.

C'était vers l'époque où montaient les tours de la Défense, après avoir viré tous les ouvriers et les miséreux.

Tout ce vilain coin de banlieue, sale, où les populations crasseuses faisaient peur aux bourgeois du 16ème et du 17ème arrondissements, ça a été remplacé par du béton. Béton les bruyères.

Et mieux encore, à Levallois, les gensses te diront que de ce côté-ci de la frontière on peut manger par terre, alors que si on passe la limite de Paris, on n'ose pas poser le pied, même avec des pataugas. Levallois c'est propre, c'est sûr, c'est veillé, c'est surveillé, c'est éclairé la nuit pour être certain de pas avoir d'embrouille quand on rentre chez soi à trois heures du mat, et on peut prendre un verre avec le maire à son bistrot préféré.

Et ben, il paraitrait que le maire en question il serait pas été honnête ? Donc on va suivre cette affaire de prêt, de près, enfin bref ... que justice soit fête.

Mais quand même, ces affaires de fric qui traînent pendant des années, des décennies, et qui voient des gens ne pas arriver à se faire juger une fois pour toutes avant la retraite des vieux ... à ce train il faudrait reculer son âge à la retraite d'encore pas mal d'années, et l'âge du trépas aussi tant qu'on y est.

En voilà une idée. Tiens ... Manu, là j'ai une vision pour l'avenir du pays ! Je m'présente ? Non, je m'présente pas, j'ai pas l'temps et j'aime pas les prétentieux.

Enfin, avec tout ça, le jour des élections européennes approche vraiment. Il ne reste pas beaucoup de temps pour choisir. Moi j'ai déjà choisi, et je vais vraiment voter, je fais pas semblant. Par contre je crois que je dois faire une croix sur une chance de candidat, mais bon, c'est une autre histoire.

Je ferai partie des 84% des électeurs qui ne seront pas correctement représentés dans l'assemblée européenne. C'est quand même bizarre comme truc ça, non ?

J'essplique ? Tu vas avoir 40% de participation, et deux listes vont tartiner entre 40 et 50% des suffrages exprimés.

C'est bon là ? Hein, c'est bizarre. Déjà avec l'élection de Macron on avait bien vu le truc un peu dans le même genre.

A la différence près que Macron on se le mange entre nous, mais là en plus personne veut bosser avec lui au niveau européen. Et comme à côté de ça les gens du RN veulent bosser avec personne au niveau européen non plus, sauf pour dézinguer l'Europe et faire péter la Communauté, l'Euro et tout le toutim ... ben ça va faire une belle représentation française qui servira à rien du tout et 34 listes ... 34 listes de 79 membres qui se présentent pour rendre le tout plus simple à gérer !

2.686 candidats (article du politologue) à éplucher si t'es pas sûre de ton coup Bérangère. En plus court tu peux aller voir les têtes de liste : CNews (17/5/2019) : Elections européennes : qui sont les 34 têtes de liste en France ?

Si, pour un truc qui va être totalement inopérant à la sortie, tu mets en chiffres le pognon, le volume de papier, les mégawatts d'énergie consommée, tu te dis que quand même il y a des progrès à faire.

Ça coûte combien une élection européenne dont le seul but pour Macron est de tenter de démontrer qu'il a un avenir politique ? Son avenir, en fait c'est tête d'affiche ! Il remplace la tête de liste sur les affiches. Exit Loiseau, on vous présente notre champion !

Ce truc m'a heurté. L'équipe de communication de LREM fait réimprimer des affiches de campagne en occultant Loiseau et en foutant Macron à sa place. Bouffons ! Enfin non, on bouffe pas Loiseau hein.

Bon, d'accord, elle est pas à la hauteur, mais Macron est président de la République, pas candidat à un mandat de député européen. Ça te met pas un peu les neurones en point d'interrogation ?

Ce n'est pas interdit qu'un président de la République fasse de la petite politique aux heures creuses. Mais ça pose beaucoup de problèmes. Parce que les dépenses de campagne que ça induit sont compliquées à imputer, parce que le président est en principe à l'écoute du peuple qui l'a élu, et pas au service d'un parti ... parce que de voir Macron s'investir ainsi montre à quel point il ne sait pas comment s'occuper vraiment de son mandat. Il devrait se contenter de monter la reine plutôt que de descendre dans l'arène.

Et vu que tout laisse penser que LREM ne sera pas en tête lors du scrutin, en plus le chef de l’État prend le risque de s'entendre dire par des gens mal intentionnés : barre-toi pauv ... ah non ça c'était avant. Enfin il y a des gens qui peuvent en déduire que si LREM n'arrive pas en tête, Macron pourrait inférer en lui-même et de bonne foi qu'il peut proposer de prendre la tangente.

En quelque sorte.

Si par accident LREM repasse devant les zythologues, je m'engage à écrire un commentaire précisant que Macron n'est pas obligé de démissionner, et même si d'aventure LREM se prend une bâche, c'est lycée de Versailles, chou vert et vert chou, etc pantoufle. En principe un président ça préside, et idéalement ça se conforme à l'expression majoritaire exprimée par le peuple.

Enfin bref. Ces élections occupent quand même bien les esprits, et même si beaucoup de gens se disent qu'ils ont pas besoin de se déplacer pour voter, vu le résultat promis par le jeu de la loi électorale, il y aura du monde pour regarder les résultats.

Idéalement ce serait bien quand même d'être plus d'un électeur sur quatre à se déplacer.

Allez, tout de même il n'y a pas que les élections proches dans l'actualité. On trouve plein de choses.

J'ai trouvé ça en avalant les journaux : Jean-Pierre Tuquoi de Reporterre propose une critique intéressante de l'ouvrage de Philippe Bihouix, « Le Bonheur était pour demain » 

Le livre est plein de bon sens. La critique permet d'en comprendre le contenu, et de trouver en quelques lignes des idées essentielles sur le devenir de l'humanité et de la planète.

Pour résumer les choses, il n'y a pas de vraies bonnes raisons d'espérer qu'une forme d'organisation sociale apporte une meilleure solution qu'une autre, au vu de la densité de population dans le Monde. En simple, si on doit continuer de voir l'humanité croître et se multiplier tout en offrant en moyenne à chaque humain toujours plus de technologies nouvelles, ça part en vrille.

Un truc amusant, pour changer, trouvé sur Le Monde diplomatique. Réquisitions de Frédéric Lordon est la transcription d'un tribunal imaginaire qui a pris place le 7 mai à la Bourse du Travail. On y faisait le "procès de Macron"

Le texte est repiqué de l'oral de ce jour-là, c'est une transcription, dans laquelle il y a quelques jolies formules.

Et la conclusion, la condamnation du coupable est admirable ! Trouver pire que la déportation à Sainte-Hélène n'était pas gagné d'avance, mais ça existe ^^

L'actualité c'est aussi, et c'est bien moins facile d'en rire, l'international. Il s'en passe de bien inquiétantes ces jours-ci.

Un jeu de dupes s'est mis en place entre chefs d'états incapables de conduire une politique soigneuse de la planète et des êtres qui vivent dessus. Après une longue période d'observation, le couple sino-américain est passé des invectives aux menaces concrètes. Trump pour tenter d'exister fait également les gros bras avec l'Iran. Le tout au moment même où la pression constante et conjointe exercée par l'Arabie Saoudite et les USA sur la zone commence à provoquer des réactions de plus en plus vives.

Risquent de s'ensuivre des mouvements armés concrets. Le stade de la guerre en Syrie ou au Yémen peuvent sortir de leur cadre intérieur. On a vu des actions menées contre les saoudiens, qui voient menacés leurs navires pétroliers. Et c'est grave. Suffisamment grave pour mettre sous tension les marchés financiers, qui ces derniers jours ont fait un petit yoyo caractéristique, une sorte de frémissement annonciateur de grosses claques.

Ce qui serait un déclencheur de conflits. Si l'économie mondiale était déstabilisée pour de bon, il ne faut pas s'attendre à des réactions paisibles et réfléchies de la part de dirigeant faisant face à des difficultés intérieures. Dans le contexte présent, un risque de gamelle économique importante pourrait ne trouver de meilleure solution qu'une montée en puissance des conflits armés.

On peut avoir une sorte de vision très abstraite de ce que signifie la hausse des droits de douane sur cinq cent milliards de dollars de marchandises chinoises. D'une façon ou d'une autre, c'est imposer une sorte de pénalité à toute importateur de produits chinois aux USA. Mais c'est, de ce fait, un risque évident, et important, de manque à gagner pour l'économie chinoise qui a toutes les chances de vendre moins de marchandises aux USA. Et ce manque à gagner, c'est de la croissance économique négative, des emplois en moins, un coup de frein dans le développement économique et social.

La Chine n'est pas un état particulièrement solide, et une crise de développement peut avoir des conséquences en matière de paix sociale. Et si la Chine devient instable sur le plan intérieur, elle n'aura pas beaucoup d'autre choix que de trouver à exprimer son unité à l'extérieur ... par exemple.

C'est souvent comme ça que naissent les grandes guerres. Et c'est très bête, parce que ça relève, au départ, plutôt d'une histoire de bites. Mais bon, c'est pas nouveau, on n'apprend rien, et il n'est pas encore écrit que ça arrivera demain.

Par contre, et pour faire patienter tout le monde, l'agitation dans le golfe persique est un risque plus immédiat de tensions, dans lesquelles l'antagonisme russo-américain ne demande qu'à s'exprimer. Et ça, ça peut donner du fil à retordre à l'unité européenne.

Ce qui renvoie à l'élection des parlementaires de ces jours-ci. Nous nous apprêtons à choisir des députés, enfin plus exactement, nous, les électeurs, on choisit des listes, avec des députés sur lesquels d'une manière ou d'une autre on n'a pas exactement la possibilité de choisir. Mais peu importe.

Il se trouve que pour la France, nous sommes à nouveau, comme pour les élections présidentielles et législatives, devant ce qu'on peut appeler des non choix. On peut choisir entre la peste et le choléra, ou si on choisit autre chose on ne sera pas entendu puisque pas représenté.

La voix de la France est promise à être inaudible au sein de l'Europe, tout autant qu'elle l'est devenue en bien des endroits dans le concert des nations. Et si il semble qu'il y ait un certain succès commercial dans la politique extérieure de la France, les clients sont nombreux et satisfaits de nos productions d'armement en particulier, il apparaît aussi que la voix de la France ne se fait plus entendre sur grand chose. En tout cas pas sur les questions d'organisation de la société en Europe.

De ce fait, et puisque la majorité des européens veulent l'Europe, sous réserve qu'elle se montre plus sociale, c'est une chose particulièrement sensible pour les français, les deux principaux cortèges de députés français au parlement européen, marcheurs et frontistes, seront incapables de défendre des valeurs sociales dans l'intérêt général. Les frontistes parce qu'ils votent même contre des textes dont-ils défendent les idées, les marcheurs parce qu'ils ont choisi de ne pas adhérer au groupe majoritaire dans le parlement (PPE).

Une erreur stratégique pour le parti présidentiel français, qui s'exclut de pouvoir ainsi négocier quoi que ce soit de solide face aux allemands qui sont les poids lourds de ce groupe majoritaire. Positionné résolument à droite en politique intérieure, Macron cherchait sans doute un ancrage de centre gauche qu'il n'a pu réaliser pour la liste LREM. C'est un échec de la posture ni-ni, de-de. Le centre de gravité actuel du parlement européen est porté par le PPE, lui-même fortement influencé par la CDU et le CSU (droite démocrate-chrétienne).

Soit Macron a pu être tenté par un pari qu'il a raté, soit il n'entend pas grand chose aux affaires européennes, mais il est certain que la législature à venir sera sous influence allemande dans une vision de droite, et sans aucune influence sérieuse possible de la France.

Donc il a déjà perdu les élections européennes de ce point de vue, et si le score de LREM est inférieur à celui du RN dans quelques jours, il va être de mauvaise humeur. Et comme les électeurs qui votent pour LREM obtiennent des représentants qui ne les écoutent pas ensuite, ça promet de joyeux moments de démocratie.
 
On aura au moins appris une chose aujourd'hui, le "on avance pas en étant contre" chez Macron,  signifie que si on n'est pas d'accord avec ce qu'il fait ou dit, on recule. C'est lui qui le dit, pas moi. Et d'ailleurs je suis pas contre ce qu'il dit, mais je suis pas plus avancé. Je vais peut-être essayer d'avancer en faisant demi-tour pour voir si je l'ai dans le dos ou pas ... mais je suis pas convaincu.

Avec tout ça, le futur est encore loin d'être désirable, et c'est bien dommage, il va falloir tenir sur le temps long comme disait ...



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