03 janvier 2020

L'actualité sous le filtre de ma (presque) mauvaise foi. 3 janvier 2020

Un échantillon de points chauds ... sous l'éclairage universel, il y a le feu, au Brésil, en Australie, au Moyen-Orient, un peu partout. Pour l'hiver dans les maisons de retraites, ce sera comme d'habitude, atelier macron-cramé.



 Alors je lis en temps réel, et je note au fur et à mesure, et je suis quand même pantois.

Tu parles pas pantois toi ? En en toi ça t'arrive ? Moi je parle à toi, et à beaucoup de monde, mais pas à quelques-uns qui font rien qu'à énerver tout le monde.

Là, les nouvelles du jour sont assez chiantes en fait, parce que les évènements se précipitent un peu, enfin pas tous, pendant que ça s'agite un peu partout sur la planète, que les chefs s'énervent, le gouvernement lui, il tente de noyer le poisson, il tergiverse, il procastine ça fait un mois qu'on lui dit de retirer son projet de casse des caisses de retraites pour qu'on puisse essayer de trouver une meilleure solution, mais à part décorer des potes avec des médailles ... on n'a pas vu grand chose de réalisé.


Edouard Philippe, le 19 décembre 2019, à Paris
©MARTIN BUREAU / POOL / AFP
 
Où l'on nous dit que
  • Cet "état des lieux" entre membres du gouvernement n'était pas prévu à l'agenda officiel
  • "Il y a beaucoup de grain à moudre" (Sibeth Ndiaye)
  • En parallèle de cette réunion à Matignon, le gouvernement a occupé l'espace par l'intermédiaire du ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qui a rendu visite à des commerçants parisiens touchés par les grèves.
  • "Je souhaite que ces discussions soient les plus constructives possibles. Que toutes les organisations syndicales répondent à la main tendue par le Premier ministre. La grève perpétuelle n'est pas un avenir souhaitable pour les Français!" (Bruno Le Maire)
Pas si bête la porte-parole du gouvernement, une fois le grain moulu, ils vont pouvoir nous enfariner ? Bruno Le Maire tente, lui, de placer le concept de mouvement de grève perpétuel.

Le mouvement perpétuel désigne l'idée d'un mouvement, généralement périodique, au sein d'un système, capable de durer indéfiniment sans apport extérieur d'énergie ou de matière, ni transformation irréversible du système.

Pour l'instant, la grève n'a rien de perpétuel, il y a apport quotidien d'énergie en raison d'un groupe d'agitateurs dont l'état de stress et de tension grandit, et qui veulent transformer le système de manière irréversible.

Forcément, quand un ministre de premier plan, Le Maire, de France, dit des conneries, ça aide pas à redonner au gouvernement le soupçon d'autorité morale qui l'empêche d'être pris au sérieux.

Nono, non pas le petit robot, Nono ! Si tu nous écoutes, le mouvement perpétuel, il y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes ! Donc il faut oublier ça. Et par contre, pour arrêter les mouvements sociaux, je connais la recette. Là, vous, le gouvernement, vous avez tenté le pourrissement, nous on a la pâte à dent. Donc pour arrêter les grèves, faut pas chercher à faire avaler la pilule, ni la méthode ogino, c'est la technique du retrait, un point un trait.

La réforme, à la réforme !
BFM (3/1/2020) : Le Brésil critique Macron sur les incendies... en Australie 

Bolsonaro, par la voix de Onyx Lorenzoni, critique Macron sur les incendies en Australie. Il a raison. Macron avait ouvert son clapet sur les incendies au Brésil. Ceux d'Australie sont largement aussi dramatiques, moins lourds pour le bilan climatique à ce jour, mais quand même terriblement pesants. Le voile atmosphérique commence à poser question sur les effets secondaires que tous ces feux peuvent provoquer à distance.

Ce que Bolsonaro n'a pas compris, c'est que dans ces affaires-là, les dirigeants politiques, lui compris, ne critiquent pas la fumée, ça ils connaissent et ils pratiquent. Un feu de forêt en Amazonie c'est plus critiquable qu'un feu en Australie, à fumée égale, même si dans les deux cas, à bien regarder les choses de plus près, les gouvernements de ces pays sont largement responsables d'avoir négligé les risques, ou pire encore de les avoir volontairement multiplié. Mais un pyromane facho brésilien est plus dégueulasse qu'un pyromane vaguement démocrate et surtout libéral en Australie. C'est comme ça, Bolsonaro, il avait qu'à naître au pays des kangourous et pas celui des piranhas.

Jair, si tu nous écoutes, tu dois comprendre que ton attitude est largement responsable du manque d'amour que te témoigne Macron. Il est comme ça, il n'aime pas les dictateurs en puissance. On espère qu'il n'aime pas les miroirs non plus ... sinon ça doit lui poser des problèmes quand il se rase le matin devant la glace.

Oui, dictateur ... je sens poindre des envies de débat ?

Dictateur, au sens moderne, il s'agit d'un chef d’État qui exerce le pouvoir politique sans séparation des pouvoirs ... les pouvoirs législatif, exécutif, ... il s'agit donc d'un potentat qui peut arriver au pouvoir d'une manière plus ou moins consensuelle, mais qui, une fois qu'il y est, n'écoute plus personne et peut décider des choses sans aucun débat, scrutin ou contre-pouvoir efficace. Un chef d’État qui impose des changements législatifs sans écouter les instances habituelles du pays qu'il dirige est donc un potentat potentiellement poseur de diktats, ce qui caractérise assez bien un dictateur.

Si vous manquez d'imagination, un président qui dicte les textes de lois à mettre en place, fut-ce par Premier ministre interposé, et qui n'a plus qu'à attendre que la chambre d'enregistrement bêlante les valide, jusque-là c'est pas le plus critiquable, mais qui, en plus, déconsidère toute prise de parole des corps intermédiaires et de l'opinion publique, ben c'est comme qui dirait ... un d ... ? Hein ? Un sourd ? Nooon, sourd je sais ce que c'est, ça rend pas con. Laisse tomber.

L'affaire Carlos Ghosn est le sujet fort du moment, tout le monde en parle et des choses se passent un peu partout pour tenter de démontrer que l'évadé a triché pour s'évader et arriver jusqu'à Achrafieh. On continue de lire qu'on ne sait pas où se trouve Carlos Ghosn dans certains médias, pendant que d'autres montrent des photos de la façade de son logement local. Il y a sans doute une chose que Carlos Ghosn n'avait pas prévu, c'est qu'il pouvait soulever l'indignation d'autant d'exécutifs, jusqu'à mobiliser le pouvoir turc pour tenter de le cramer, il n'est pas certain que même le pouvoir libanais puisse le protéger indéfiniment ... sauf si Carlos Ghosn devait tenter un coup d'éclat en devenant lui-même un homme de pleins pouvoirs au Liban. Auquel cas ça mettrait un joyeux bordel supplémentaire dans pas mal de salons cossus.

Donc l'affaire Ghosn est le sujet fort, m'enfin ça peut tomber rapidement dans les pages moins visibles. On a aussi l'affaire Matzneff maintenant, dans un tout autre domaine d'insanités humaines. J'ai quand même été attristé de voir qu'on cherche à expliquer, à justifier parfois, de nos jours, des égarements intellectuels d'il y a quarante ans, et surtout, de ce fait, qu'on s'interroge sur les raisons qui ont poussé des "intellectuels" à penser que Matzneff était fréquentable. J'ai des doutes sur la fonction sociale des intellectuels qui sont maintenant bien emmerdés de devoir s'afficher avec morale aussi souple, mais je reviendrai sûrement là-dessus dans l'avenir. L'urgence est sans doute, et c'est semble t-il enfin rentré dans les crânes, de faciliter, si possible intelligemment, le droit des victimes à s'exprimer, et tant pis pour le prix Renaudot si longtemps assez protégé. Son prix Renaudot, Matzneff ne l'a pas eu pour ses écrits louant la pédophilie, mais pour un autre ouvrage. Cependant vu que pas mal de gens savaient qu'il détournait des mineur.e.s à tour de bras, on aurait préféré que ça se sache à l'époque. Pour ma part, le fait, les faits avaient échappés à ma curiosité, et ce que je peux lire aujourd'hui, dans la presse, me sidère beaucoup. Je ne peux que considérer, avec tristesse pour la souffrance subie, et sympathie pour le courage et la méthode, que  Vanessa Springora a choisi, ce qui est assurément la plus juste des choses possibles, d'ancrer son témoignage sur "Le consentement". Quelle lucidité aussi.

Pour rester encore un peu sur le thème des grands prédateurs sexuels, l'Agent Orange,  a trouvé son point d'orgue pour montrer une virilité retrouvée, devenue un peu ébranlée ces derniers temps. Trump a fait dézinguer un personnage phare de l'Iran illuminé, enfin un qu'allumait pas vraiment la paix, le général Qassem Soleimani a été tué dans un raid aérien porté par les USA. Soleimani est remplacé par Esmaïl Qaani comme nouveau chef de la force al-Qods.

L'unité d'élite des Gardiens de la Révolution est l'organisation de guerre "non conventionnelle" de l'Iran : renseignement, opex les plus discrètes qui peuvent aller jusqu'à des interventions de barbouzes, barbues ou pas, mais dont la capacité de nuisance est certaine si on leur dégomme leur papa. Qassem Soleimani était le père fondateur de cette unité d'élite.

Il est à noter que al-Qods a été de longue date un soutien inconditionnel des kurdes, en Irak, en particulier, et que les justifications américaines sur l'assassinat du général peuvent laisser une drôle d'impression ... al-Qods était aussi, à l'origine un des rares soutiens du commandant Massoud en Afghanistan. Il est vrai qu'il y a eu plus récemment un positionnement contre les options défendues par les États-Unis et l'ONU, au bénéfice des talibans locaux en Irak.

al-Qods est-elle vraiment derrière les évènements récents contre l'ambassade des États-Unis à Bagdad, c'est plausible, mais zigouiller la tête de cette unité pour montrer qu'on a la plus grosse n'est probablement pas une opération rentable du tout, il va y avoir du QRN sur Bretzelburg dans les semaines et les mois qui viennent et peut-être bien une recrudescence d'actions dures contre les intérêts américains un peu partout, accessoirement contre tout ce que les américains comptent comme potes plus ou moins inconditionnels. De là à penser que des forces iraniennes pourraient être épaulées par d'obscurs commandos russes ... il faudrait fou pour y penser plus ... quoi que vu les festivités sino-russo-iranienne dans l'Océan Indien, ces derniers jours, pour montrer que l'US-Navy est un peu à la ramasse ... et rame.

Bêtement, mais c'est vraiment très bête, al-Qods étant particulièrement préparée à bouffer du régime israélien à tous les repas, les appétits de faire péter des trucs dans la sous-région Israël-Palestine-Liban doivent être devenus ogresques. Petit clin d’œil, le nom de l'unité d'élite, al-Qods, est un hommage appuyé à Jérusalem, dont le nom prononcé par des iraniens peut se dire précisément de cette façon-là.

On ne fera pas le lien avec le fugitif Ghosn, qui a vraiment pas choisi la bonne période de l'année pour prendre du repos du côté de Beyrouth. Ca sent le sapin un peu partout dans ce coin.

C'est justement aujourd'hui qu'un décérébré, un de plus, attente à la vie de passants à Villejuif, aux portes de Paris, le jour de l'annonce du décès du général machin tué par un raid américain, à trois jours jours de la date anniversaire des attentats de 2015 ... sans y mettre de réserve, je suis toujours Charlie, et un peu plus que jamais favorable à l'arrêt des conneries.

Quelle sera la prochaine étincelle qui augmentera la poudre en feu dans le monde ... à quand les incendies de gorets ailleurs qu'au Brésil et en Australie ?  Vous le saurez peut-être en écoutant le 87.234ème épisode de notre grand feuilleton qui dure déjà depuis bien plus longtemps que la famille Duraton.


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