09 juin 2017

Tulle, 9 juin, Oradour 10 juin



Vous vous nommiez Charles Albert, Léon Armand, Camille Ballet, André Beaufils, Victor Antoine Blanchard, Paul Blondel, Yves Boissier, Jean Bonjour, Georges Bonnet, Léon Robert Bossavy, Pierre Élie Bouchetel, Albert Bouyssoux, François Bourg, Roger Briat, Maurice Roger Broustassoux, Julien Jean Louis Brudieux, Alexandre Buchmuller (dit Lambert), Benjamin François Buzy, Maurice Caquot, Georges Sébastien Cazin, Fortuné Chagnard, Antoine Chalaux, Albert Daniel Chastagnol, Roger Georges Chichard, Louis Jean Eugène Chièze (dit Loulou), Paul Marie François Communier, Marcel André Coutechier, Raymond Cueille, Jean Simon Curabet, Marcel Demaux, Louis Druliole, Jean Dumaitre, Maurice André Farge, Pierre Charles Faurie, Marcel Fioux, Georges Paul Fourquet, André Fernand Gamblin, Lucien Ganne, André Gay, Raphaël Gherchon, Gaston Girard, Jacques Girard, Henri Albert Paul Gladi, Georges Gloria, Charles Godillon, Lucien Guirande, Bernard Henriet, Paul Humbert, Joseph Edmond Albert Hurst, Léon Jougounoux, Lucien Juille, Henri Kekler écrit parfois Keckler, Lucien Kekler écrit parfois Keckler, Paul Labesse, Étienne Laborde, Henri Edmond Louis Lacour, André Raymond Lagarde, Jean Laguionie, Henri Antoine Lalitte, Michel Marcel Lamarre, Jean-Pierre Eugène Larchez, Alphonse Lasseron, Robert Hélen Laurent, René Michel Le Quillec, Raymond Le Souef, Aimé Charles Léandre Lefevre, Pierre Jean Édouard Lestrade, Lionel Manolesco, Armand Marcilloux, Marius Mari, Antoine Mas, Jean Maugein, Henri Maury, Adolphe Pierre Mestre, Ben Almed Mohamed, Henri Julien Mons, Alfred Moussours, Maurice Neyrat, Martin Joseph Nunez, Maurice Palatsi, Maxime Pastor, André Peuch, Guy Peuch, Jean Martial Picard, Auguste Ernest Pierre, Georges Reddon, Pierre Reginensi, Jean Marius Joseph Rochedix, Jacques Roussarie, Pierre Roussarie, Amédée Louis Roux, Jean-Pierre Souletie, Auguste Marcel Denis Soulier, François Teillé, Jean-Pierre Toulemont, Marcel René Tourneix, Jean-François Vieillefond, Pierre Louis Vitalis, un inconnu.

Un jour de 1944, un 9 juin, dans l'après-midi, vous avez été pendus, avec brutalité, à des cordes placées tout au long d'une place et d'une rue, après avoir été choisis plus ou moins au hasard, parmi tous les hommes que l'on put trouver en âge de 16 à 60 ans, dont on put extraire finalement les plus faibles, les plus fragiles, les plus seuls.

99 d'entre ceux qui devaient être sacrifiés, pour payer le prix demandé par un occupant sordide, en réparation d'une attaque de la résistance, sont morts par la corde, ou ont été achevés ensuite.

De toutes les époques, de toutes les cultures, de toutes les régions du Monde, des gens décident d'en massacrer d'autres, comme ça, pour un motif ou un autre, en théatralisant les choses, profitant de l'ignoble besogne pour laisser s'exprimer la barbarie qui peut surgir parfois dans l'esprit des gens lorsqu'ils ne maîtrisent plus leur humanité.

La tragédie des pendus de Tulle n'était pas un fait de guerre. C'était une vengeance des troupes d'occupation contre une population civile innocente, et finalement qualifiée de crime de guerre, si longtemps après les faits.




Le lendemain des pendaisons, 149 autres hommes furent emmenés de Tulle vers Poitiers, puis acheminés jusqu'à Dachau. 101 n'en reviendront pas vivants, morts pendant le voyage ou la déportation.


Le lendemain encore, la même division de soldats remontait de Tulle vers Oradour-sur-Glane où furent exécutées 642 personnes, de tous âges, hommes, femmes et enfants.

Lorsque nous voyons aujourd'hui, près de nous, des massacres de civils opérés par des djihadistes nous sommes partagés entre terreur et dégoût, nous sommes pris par l'immensité de la tristesse, de la douleur, et quand ce sont des massacres qui ont lieu bien loin, nos émotions ne sont pas les mêmes pour des gens que nous ne pouvons pas connaître. Pour des gens que, souvent, nous ne voulons pas connaître.

La violence petite ou grande est mère de la violence. Chacun peut le comprendre. Que faisons-nous pour empêcher que la spirale ne commence ?

Aujourd'hui 9 juin, il y aura une cérémonie à Tulle, en mémoire des 99 pendus de 1944.

Au moins pendant quelques instants la spirale s'interrompra. En mémoire de vous dont la vie s'est arrêtée, injustement, brutalement, trop tôt.

Pour chaque vie perdue, dont nous connaissons le nom, ou pas, nous devons faire l'effort de penser à tous ces moments qu'ils n'ont pas vécu, aux gens qui les connaissaient et auxquels ils auront manqué. Penser à la souffrance aussi, à la violence qui a été utilisée pour les mener aux cordes, puis à celle qui fut montrée pour achever ceux qui ne mourraient pas assez vite, et même encore après leur mort.

Le massacre de Tulle est une page tellement triste écrite par des hommes contre des hommes.

En mémoire de vous.

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