En bandeau d'illustration, montage de photos diverses prises dans l'actualité. Tout ce jaune, c'est fou non ?
Silence les agneaux
Tout est jauni avec le temps on dirait. L'ictère présidentiel est multi-cause, il va finir par nous faire une crise de foi. Ou de foie : on parlera peut-être alors d'Hannibal l'ictère ?
Pourtant il s'accroche bien bistouquet, il est partout, il a, bien entendu, toutes les propriétés d'un gaz. On apprend ça au collège je suppose encore de nos jours :
- propriétés de l'état gazeux : Une substance gazeuse ne possède ni volume propre ni forme propre: un gaz prend la forme du récipient qui le contient et occupe tout l'espace disponible. Le volume d'un gaz peut être diminué : un gaz est compressible. Le volume d'un gaz peut être augmenté : un gaz est expansible.
Tout est jauni avec le temps on dirait. L'ictère présidentiel est multi-cause, il va finir par nous faire une crise de foi. Ou de foie : on parlera peut-être alors d'Hannibal l'ictère ?
Pourtant il s'accroche bien bistouquet, il est partout, il a, bien entendu, toutes les propriétés d'un gaz. On apprend ça au collège je suppose encore de nos jours :
- propriétés de l'état gazeux : Une substance gazeuse ne possède ni volume propre ni forme propre: un gaz prend la forme du récipient qui le contient et occupe tout l'espace disponible. Le volume d'un gaz peut être diminué : un gaz est compressible. Le volume d'un gaz peut être augmenté : un gaz est expansible.
Son Emanation ne reçoit-elle pas cette définition avec justesse ?
En tout cas le puzzle, ... patchwork, enfin le grand bordel communément regroupé sous le sigle "Gilets jaunes" se diversifie, il se prépare de nouvelles activités, après la période "ronds-points" et la période "Champs-Elysées", on voit émerger la période "élections". Et les gilets jaunes qui ont tenté, en vain, de se montrer réunis en retirant toute appartenance politique de leurs intentions sont en phase 2 de récupération définitive par le "système". Les partis les moins horrifiés par les radicalisés du mouvement gilets jaunes font des pieds et des mains pour s’approprier une clientèle bon marché. LFI et le RN bavent d'envie et s'ouvrent l'appétit pour tenter de ne pas sombrer aux européennes.
Mais les plus éminents crânes d’œufs marchistes, Macron en tête? font des mains et des pieds, c'est à dire l'inverse, pour donner beaucoup de légitimité au mouvement, en faire sortir des leaders, mettre sur le compte des gilets jaunes cette "grande concertation démocratique" qu'est le grand débat béat version Macron-Philippe. Castacron côté Intérieur, Le Dracron côté affaires étrangères, de Rugron à l'écologie ou Blancron à l'éducation, sans oublier Bucron à la santé et Le Maicron à l'économie ou encore Grivron pour porter la bonne parole, tous les clones un peu foireux d'un modèle qui godille au lieu de piloter le navire France font un tapis rouge pour les gilets jaunes, pourvu que ça permette de dissoudre l'électorat des concurrents.
Les instituts de sondage sortent déjà les règles à calculs pour établir que les gilets jaunes pourraient à terme représenter la deuxième force politique lors des élections européennes, derrière En Marche, faut pas déconner quand même.
On sait qui finance et qui dirige les instituts de sondage, on a les noms, vous en faites pas.
Et avec tout ça, la France est bien servie. Enfin c'est pas l'avis de tout le monde, vu qu'il y a beaucoup de gens qui critiquent et autant qui sont pas contents question service.
Bon. On a eu une éclipse de Lune il y a deux matins. J'ai vu, elle était belle en rouge et or. Pour l'éclipse de Jupiter ... si vous aviez pensé à la question, je vais vous décevoir, certainement, il n'y a pas d'éclipse de Jupiter qu'on puisse espérer voir un jour en ayant les pieds posés sur Terre.
Le grand débat fait un peu recette, l'animateur en chef fait des grands oraux deux fois par semaine, les réunions publiques ont lieu, les cahiers institutionnalisés de doléances se remplissent un peu. On y trouve des trucs qui relèvent du "Macron rend le pognon", on y trouve aussi beaucoup de choses qui sont à mettre au chapitre de la France fracturée. Si la France était une mine d'or, on n'y pratiquerait pas l'orpaillage à la mimine avec la battée ou au racloir, mais la fracturation, la cyanuration, l'amalgamation ... enfin des trucs qui bousillent bien la nature et généralement y laissent des cicatrices pour longtemps.
Au chapitre de la France fracturée, j'entendais sur France Info un témoignage d'un maire qui citait une mention déposée sur un cahier des doléances. Un administré y décrivait son désarroi de devoir parcourir 80 kilomètres pour un examen médical, parcours qui incluait la vitesse limitée à 80km/h, 24 radars et un péage, le tout prenant un tour frustrant, ce que je comprends parfaitement. Et ça donne une image assez cohérente de ce qui rend les gens mécontents.
En parlant de mines d'or, je ne sais pas par quel surprenant concours de circonstances, je vous ai mis un journal un peu focalisé sur le jaune. Gilets, mines d'or ? Ca ne vous dit rien le rapprochement ? Ben ça vous parlera mieux si vous lisez tout. Oh, j'ai juste pris des trucs au hasard hein. Qu'on ne me taxe pas de mauvaises intentions, je suis seulement de mauvaise foi. Na.
Bon mais l'actualité c'est pas que ça. A propos de jaune, il y en a une qui doit rire de cette couleur là maintenant qu'elle a fait sa connerie, c'est Schiappa.
Schiappa pond pas grand chose, à part une ânerie de temps en temps. Elle réjouit le pays comme ça, en faisant une pitrerie ou une autre. Et donc là, elle voulait, voudrait, devenir une star à la télé avec Hanouna. Hanouna, ça pond, une émission dont j'avoue avoir peut-être 3 minutes d'écoute depuis qu'elle existe tellement j'apprécie ce qu'on en voit dans les nouvelles. Espérons que Cyril Hanouna ne fera pas le baptême de Schiappa avec le bizutage du slip farci aux nouilles, ça n'aiderait pas à rendre la ministre populaire pour son intelligence. Elle a beau confirmer régulièrement un statut de buse, qu'elle n'est peut-être pas, c'est quand même dommage de combiner l'exercice d'une haute fonction publique avec la prise de risque de devenir dinde farcie chez le plus beauf des animateurs télé. Surtout que l'intention est louable en quelques points : il s'agissant dans l'idée première de populariser le grand débat national. Preuve que tous les efforts de Macron ... finalement ça vaut pas tripette sans l'aide de quelques sbires un peu voyous sur les bords.
Et ce grand débat national oblige Macron à approcher de plus en plus de sbires un peu voyous sur les bords. Aujourd'hui il va à la rencontre de Wauquiez, à moins que ça ne soit le contraire ... ça se passe dans la Drôme, et ça va être un aéro-Drôme à coup sûr, m'étonnerait que ça vole haut intellectuellement. Face à face, les deux personnages, souvent considérés, et à tort, comme des QI très supérieurs, alors qu'en fait ce sont juste des cuicuis, mais pas à point du tout, nous feront un numéro d'équilibristes virtuels, on a déjà vu ce que donnait des rencontres, fortuites ou pas, avec celle de Macron et Mélenchon sur le port de Marseille ... et le port n'en fut pas bouché du tout.
L'actualité affichée dans la plupart des médias ne reflète pas tout à fait le vécu des "vrais gens". C'est un peu Point de Vue Images du Monde, en version modernisée et pseudo-républicaine : Brigitte Macron invite Carla Bruni-Sarkozy et Valérie Trierweiler à l'Elysée. Très modernisée même : Christian Estrosi à propos de Marlène Schiappa explique "Marlène Schiappa irait peut-être au Journal du hard" s'il "existait encore".
La sortie d'Estrosi est assez lourdingue et pas très maligne, en public. Mais il suffit d'écouter Estrosi parler pour comprendre qu'il n'est pas lui non plus aussi intelligent qu'il voudrait nous faire croire. Ces gens qui ont une grande gueule pleine de vide ça envoie toujours des bruits incongrus.
On apprend, dans les actualités, que le "shutdown" états-unien, toujours d'actualité depuis un mois, a déjà coûté aussi cher au pays que le montant demandé par Trump pour construire son mur. C'est con non ?
De deux choses, l'une aurait pu être de ne pas tenter d'obtenir son mur, l'autre de ne pas l'empêcher de le faire. Mais ça montre une chose, aux États-Unis, même le Président de la fédération ne peut pas signer des chèques sans passer par les institutions. On aurait ça chez nous ça pourrait aider à améliorer les choses ou pas ?
Et puis, dans l'actualité, il y a cette information, importante je n'en disconvient pas, mais singulièrement étonnante : l'ANSES, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, ... oui c'est pour ça qu'on préfère dire ANSES, déclare qu'il y a un problème avec les couches pour bébés. Elles peuvent contenir des produits dont on soupçonne qu'ils puissent représenter un danger à terme, induisant des risques de cancers plus tard pour les bébés qui en auraient été équipés.
Jusque-là ... normal. Il y a un soupçon, sans preuve scientifique, mais le principe de précaution, on peut toujours ergoter sur le principe de précaution, n'empêche que c'est bien de prendre les devants.Donc l'ANSES informe le public, et surtout les industriels qui ont un délai très court pour expliquer les mesures qu'ils comptent prendre pour retirer certains intrants chimiques dans leurs productions.
L'ANSES précise qu'on ne connaîtra pas les noms des fabricants. Le public on lui explique juste que c'est la merde dans certaines couches, mais on lui dit pas lesquelles. Et puis c'est la merde, mais on n'a pas la preuve, donc c'est principe de précaution, alors de toutes manières ... les industriels pourront toujours ensuite jouer aux cons pour utiliser des produits non classés dangereux à la place de produits non classés dangereux ... ça changera peut-être pas grand chose.
Là où je trouve la potion un peu amère, c'est que pour le glyphosate ou d'autres petits cadeaux empoisonnés du genre, on a les preuves, que certains ne veulent pas accepter comme preuves, mais quand on est con, n'est-ce pas ... enfin bref, on sait que tel ou tel produit est un danger, mortel éventuellement, on connait le nom de l'industriel qui le fabrique, Monsanto, ... mais là c'est différent, l'ANSES ne peut pas utiliser le principe de précaution, ne peut pas se tourner vers Monsanto en lui disant de changer ses recettes immédiatement, et le public est obligé de bouffer du poison, d'en pisser même quand on ne l'a pas couvert directement de ce poison, mais là ... non ! On attend encore un petit délai, quelques années, pour voir si on pouvrait faire kekchoz.
J't'en foutra moi !
Alors ce regain d'intérêt pour les couches culottes, je me suis demandé d'où ça pouvait émaner. C'est une émanation de quoi en fait ? C'est parce que c'est des bébés qu'il s'agit ?
Là, d'un coup, pour les bébés de monsieur et madame tout le monde, le gouvernement se sort les doigts du derche et bouscule des industriels cotés en bourse en intimant, des ordres ?
Mmmmm, ça le fait pas ça. A mon avis, il doit y avoir un truc qui fait que la couche culotte doit être un produit inoffensif mais c'est pas pour respecter le public, on nous a pas habitué à ça. Faut croire qu'il y a des utilisateurs de couches-culottes qu'on doit pas connaître dans le catalogue des trucs normaux.
Ou alors il y a une question de beurre, et d'argent du beurre, qui fait qu'on peut pas taper dans la tronche à Monsanto alors qu'on peut le faire avec les fabricants de couches-culottes ? Le beurre, bien jaune aussi.
Ah, et puis dans l'actualité, il y a un autre grand débat dans le débat avec cette mode des gendarmes et des policiers qui jouent à la baballe. Et ils ne sont pas très respectueux dans leurs jeux, il y a des spectateurs qui s'en prennent dans la tronche, qui se retrouvent aux urgences, avec des blessures graves. Du coup, le pays s'interroge pour savoir si on peut confier des jouets à des personnels de sécurité. La réponse du plus grand nombre des gens est de dire que si les lanceurs de balles font des blessés graves, il est mieux de se dispenser de les utiliser, sauf à imposer que les balles ne visent jamais des endroits fragiles, comme la tête par exemple.
La réponse d'une autre partie des gens consiste à proposer des caméras piétonnes pour résoudre les choses. La c'est le grand Cricri national qui s'y colle. Lui ne démord pas de l'idée qu'il faut écharper du manifestant. L'ancien socialiste, mais vraiment ancien, a eu un mal fou à convenir que toute violence est condamnable. Il doit avoir la tête qui n'a pas la même fragilité que les gens normaux.
Toute violence est condamnable. Un point un trait. Ce qui, pour être équilibré, devrait conduire toute personne raisonnable à dire aux forces de l'ordre de poser les armes la prochaine fois qu'on leur donne des ordres imbéciles. Parce que si il y a des dégâts dans les manifestations, c'est pas mal de la faute à des "casseurs", ou des gens qui se contrôlent pas assez eux-mêmes, mais c'est aussi parce qu'il y a eu une escalade de violences policières, qui sont bien réelles, et qui ne peuvent pas déboucher sur autre chose qu'une escalade de violence. Escalade de violence qui n'est pas étrangère sans aucun doute possible aux ordres reçus, les policiers ou gendarmes en service ont généralement très peu d'imagination et de créativité personnelle. Et si on tient compte du fait que la population est sensiblement plus nombreuse que les effectifs des forces de l'ordre, il ne faudrait pas qu'un encadrement incompétent, ou un ministre limité dans son raisonnement, soient les instigateurs de choses qui seraient les pires qu'on puisse imaginer dans un pays démocratique et en paix.
C'est à se demander si cette escalade de violence n'a pas commencé précisément le jour où Alexandre Benalla a commis l'irréparable, en commettant abus de pouvoir, usurpation de fonction, tabassage, sous couvert à minima d'une bienveillante relation protectrice avec le chef de l'Etat ? Mais bon, on va laisser le bénéfice du doute et ne pas se ruer sur quelques petits défauts et une entorse faite à notre république démocratique. Les ruées, vers l'or, c'est bien connu, n'ont jamais mieux rapporté qu'aux vendeurs de pelles et de pioches.
Voilà, la température est basse sur la carte de Météo France, donc on a plus que des pensées pour celles et ceux qui passent la nuit sans être sous un toit solide et bien au chaud. Et c'est pas parce qu'on nous dit que Macron va mieux dans les sondages qu'il faut le croire.
Il paraît, mais c'est pas scientifiquement prouvé non plus, qu'il a la banane. Bien jaune aussi la banane. Et y a pas d'os dedans, c'est bien connu.
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franceinfo (22/1/2019) : Alexandre Benalla : pour le président de la commission d'enquête sénatoriale, soit il ment, soit il protège un "comparse"
Alexandre Benalla auditionné par les sénateurs, à Paris, le 21 janvier 2019. (MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY / AFP) |
"Maintenant on va faire un gros travail qui consiste à voir les invraisemblances, les incohérences et les éventuels mensonges", a expliqué, mardi sur Cnews, le sénateur des Républicains.
L'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron Alexandre Benalla a été entendu par les sénateurs, lundi 21 janvier. Au lendemain de cette audition, le président de la commission d'enquête sénatoriale, Philippe Bas, a estimé qu'Alexandre Benalla avait menti ou qu'il protégeait "un comparse" à propos des passeports diplomatiques qui lui auraient été, assure-t-il, restitués.
"Maintenant on va faire un gros travail qui consiste à voir les invraisemblances, les incohérences et les éventuels mensonges", a expliqué sur Cnews le sénateur des Républicains. "Il nous dit : 'On m'a rendu les passeports'. Qui vous a rendu les passeports ? Il nous dit : 'Je ne veux pas vous le dire car c'est couvert par la justice' alors que ça n'est pas le cas. On se demande s'il refuse de dénoncer un comparse, si au contraire il ne peut pas le dire parce qu'il ment", a analysé Philippe Bas, qui juge que "les prétextes qu'il a utilisés pour ne pas répondre ne sont pas valides".
"Il y a plusieurs hypothèses : soit il ment et les passeports diplomatiques, il les avait depuis le début et ils n'ont pas fait cet aller-retour à l'Élysée ; soit effectivement il protège quelqu'un ; soit il y a de sa part la volonté de nous égarer", a-t-il ajouté.
Je crois, ce n'est que mon avis, que Philippe Bas se trompe sur un point. Mon point de vue est que Alexandre Benalla ment, et qu'il protège quelqu'un. Lorsqu'il affirme que les passeports qu'il avait rendu lui ont été remis dans la rue, par une personne qu'il ne peut pas citer en raison du fait qu'une instruction judiciaire est en cours, il est probable qu'il a rencontré une personne dans la rue qui lui aura peut-être remis un ou des passeports, mais jusqu'à présent l'instruction judiciaire ne portait pas sur les passeports, et il est donc en train de raconter un bobard d'une manière ou d'une autre.
On espère simplement que les passeports lui auront été confiés, que ce soit récemment ou il y a longtemps par des sous-fifres, ce serait bêtement crétin si il les avait reçu directement de la main du président, ce qui expliquerait qu'il protège l'identité du facteur, mais quand même !
Et on se demande bien pourquoi il dispose de tant d'attributs spéciaux pour des voyages d'affaires privées ... si il voyage bien dans le cadre d'affaires privées ?
Quoi qu'il en soit, le bras de fer entre l’Élysée et le Sénat va être prochainement très violent, on ne doit pas en douter. Parce que Benalla ment, et que cela démontre que d'autres personnes mentent ... aux parlementaires, et à la France entière.
L'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron Alexandre Benalla a été entendu par les sénateurs, lundi 21 janvier. Au lendemain de cette audition, le président de la commission d'enquête sénatoriale, Philippe Bas, a estimé qu'Alexandre Benalla avait menti ou qu'il protégeait "un comparse" à propos des passeports diplomatiques qui lui auraient été, assure-t-il, restitués.
"Maintenant on va faire un gros travail qui consiste à voir les invraisemblances, les incohérences et les éventuels mensonges", a expliqué sur Cnews le sénateur des Républicains. "Il nous dit : 'On m'a rendu les passeports'. Qui vous a rendu les passeports ? Il nous dit : 'Je ne veux pas vous le dire car c'est couvert par la justice' alors que ça n'est pas le cas. On se demande s'il refuse de dénoncer un comparse, si au contraire il ne peut pas le dire parce qu'il ment", a analysé Philippe Bas, qui juge que "les prétextes qu'il a utilisés pour ne pas répondre ne sont pas valides".
"Il y a plusieurs hypothèses : soit il ment et les passeports diplomatiques, il les avait depuis le début et ils n'ont pas fait cet aller-retour à l'Élysée ; soit effectivement il protège quelqu'un ; soit il y a de sa part la volonté de nous égarer", a-t-il ajouté.
Je crois, ce n'est que mon avis, que Philippe Bas se trompe sur un point. Mon point de vue est que Alexandre Benalla ment, et qu'il protège quelqu'un. Lorsqu'il affirme que les passeports qu'il avait rendu lui ont été remis dans la rue, par une personne qu'il ne peut pas citer en raison du fait qu'une instruction judiciaire est en cours, il est probable qu'il a rencontré une personne dans la rue qui lui aura peut-être remis un ou des passeports, mais jusqu'à présent l'instruction judiciaire ne portait pas sur les passeports, et il est donc en train de raconter un bobard d'une manière ou d'une autre.
On espère simplement que les passeports lui auront été confiés, que ce soit récemment ou il y a longtemps par des sous-fifres, ce serait bêtement crétin si il les avait reçu directement de la main du président, ce qui expliquerait qu'il protège l'identité du facteur, mais quand même !
Et on se demande bien pourquoi il dispose de tant d'attributs spéciaux pour des voyages d'affaires privées ... si il voyage bien dans le cadre d'affaires privées ?
Quoi qu'il en soit, le bras de fer entre l’Élysée et le Sénat va être prochainement très violent, on ne doit pas en douter. Parce que Benalla ment, et que cela démontre que d'autres personnes mentent ... aux parlementaires, et à la France entière.
Libération (8/10/2018) : Pour tout l’or du Sahara
Célian Macé, Carte Dario IngiustoAprès un boom en 2012 au Soudan, l’orpaillage artisanal s’est étendu vers l’Ouest, jusqu’en Mauritanie. Parfois conflictuelle et difficile à réguler, la prospection permet toutefois de dynamiser l’économie.
Autrefois, l’or ne faisait que franchir le Sahara. Depuis cinq ans, on l’extrait au cœur même du désert. En 1324, quand le roi de l’Empire du Mali, Kankou Moussa, le traversa en route pour La Mecque, avec «un immense cortège» de milliers de porteurs, il marqua l’esprit des chroniqueurs arabes de l’époque par sa magnificence. Kankou Moussa transportait avec lui plusieurs tonnes d’or. «Cet homme a répandu sur Le Caire les flots de sa générosité ; il n’a laissé personne, officier de la cour ou titulaire d’une fonction subalterne quelconque, qui n’ait reçu de lui une somme en or, écrit l’écrivain syrien Al-Umari (1). Il répandit si bien l’or au Caire qu’il en abaissa le taux et qu’il en avilit le cours.» Depuis le Moyen Age et jusqu’à l’époque coloniale, le précieux métal provenant des royaumes africains a fait fantasmer les Européens. Il est aujourd’hui l’objet d’une quête effrénée, mais quasi invisible, dans les replis du plus grand désert du monde.
Anarchie
Les grandes compagnies minières ne sont pas concernées - trop peu rentable et trop instable. L’extraction se fait de manière artisanale, avec de simples pioches sur certains sites. Les filons ont attiré des dizaines de milliers d’orpailleurs dans des zones inhabitées, parfois en l’espace de quelques jours. Personne ne sait plus exactement comment et pourquoi la ruée a commencé. Est-ce l’envolée du cours de l’or, multiplié par quatre entre 2003 et 2013 ? La commercialisation des détecteurs de métaux chinois bon marché, qui a rendu la prospection abordable ? Qui fut le premier à déterrer une pépite, celui dont l’histoire répétée et amplifiée a appâté des cohortes d’aventuriers ?
Le boom a commencé au Soudan en 2012, avant de gagner le Tchad puis le Niger, et enfin la Mauritanie. «Il semble en réalité que ce mouvement constitue une seule et même ruée à l’échelle sahelo-saharienne», estime Laurent Gagnol, géographe à l’Université d’Artois. Les pionniers du secteur, désormais expérimentés, se déplacent au gré des nouvelles opportunités, des épisodes de violences ou des fermetures de mines décidées par les autorités.
Les Etats du Sahara ont dans l’ensemble échoué à tirer des revenus de ce boom de l’orpaillage. L’isolement des sites miniers, l’anarchie qui y règne, la corruption de l’administration et la vivacité des réseaux de revente clandestine ont eu raison des tentatives de taxation ou de régulation. L’or du désert afflue dans les comptoirs des Emirats, de Turquie ou d’Inde, sans remplir pour autant les caisses de l’Etat tchadien ou nigérien.
«Don de dieu»
Cependant, «le bilan est globalement positif», juge le chercheur indépendant Jérôme Tubiana. «Certains individus ont fait fortune et réinvestissent leur argent dans le pays : il y a un effet d’entraînement économique. Surtout, l’orpaillage détourne les habitants d’autres activités potentiellement déstabilisatrices pour les gouvernements.» Dans le désert, la jeunesse désœuvrée a en effet une fâcheuse tendance à s’orienter vers la contrebande, le trafic de migrants, la rébellion armée, voire le jihad… «L’or est un don de Dieu pour les Etats, affirme Emmanuel Grégoire, directeur de recherche émérite à l’Institut de recherche et de développement (IRD). L’orpaillage occupe la population et crée des emplois indirects. Pour approvisionner les villes-champignons nées de la ruée, il faut du transport, du commerce, etc. Au Sahara, les mines sont devenues une soupape.»
(1) Shihab al-Umari (1300-1349). Extrait de «Kankou Moussa, le roi pèlerin», dans Charlie Hebdo du 18 juillet.
En Mauritanie l’état garde la main
C’est le dernier front connu de la ruée. En 2016, des prospecteurs avisés ont sondé les alentours de la mine de Tasiast, exploitée par le géant canadien Kinross Gold. La nouvelle de la découverte de filons prometteurs s’est répandue en un éclair. «Malgré la frénésie, le marché s’est tou t de suite organisé, des boutiques spécialisées ont ouvert à Nouakchott, puis à proximité du site, des milliers de détecteurs de métaux ont été vendus. Des étrangers sont venus des pays voisins de la Mauritanie, et même du Soudan, décrit le géographe Laurent Gagnol, qui est allé observer le phénomène sur place. La mine se trouve en plein désert. Mais par chance, Chami, une ville nouvelle construite en 2012, est située à proximité des gisements.» Pratiquement inhabitée jusqu’à l’arrivée des mineurs, la cité fantôme est devenue en quelques semaines la capitale de l’or mauritanien.
A la fin de l’année dernière, un autre site s’est formé autour de la ville minière de Zouerate, plus au nord. Nouakchott a choisi de s’inspirer du modèle soudanais pour réguler les activités aurifères. «L’Etat délivre des permis d’exploitation, il a mis en place des centres de traitement de la roche dans des parcelles réservées. L’armée mauritanienne est très présente dans la zone», explique l’universitaire. Le gouvernement a aussi caressé l’idée d’installer des comptoirs d’achat étatiques. Pour l’instant, l’or se fraye un chemin vers Dubaï, Beyrouth ou Bombay via des chaînes de commerçants. Les premiers acheteurs attendent les pépites à Chami, mais comme partout dans le Sahara, plus l’or s’éloigne de la mine, plus son prix augmente.
Au Niger, côté toubou et côté touareg
La course vers l’or progressant d’Est en Ouest, le Niger a connu son boom de l’orpaillage en 2014. «La vallée fossile du Djado, au Niger, présentait des caractéristiques proches des sites aurifères tchadiens», explique Emmanuel Grégoire, de l’Institut de recherche pour le développement. Des prospecteurs ont fait venir des détecteurs et ont tenté leur chance dans cette zone sous contrôle de la minorité touboue. «Dès qu’ils sonnent, ils procèdent à l’extraction de l’or en décapant et en creusant les surfaces prometteuses sur une profondeur ne dépassant guère 60 cm, à l’aide d’outils rudimentaires, le terrain étant meuble. Aucun traitement chimique des roches n’est nécessaire. […] L’or extrait, de jour comme de nuit, est de type alluvionnaire, massif et de qualité supérieure, car révélant une teneur de 22 carats», décrit une étude sur l’or du Niger publiée en 2017 (1). En moins de deux semaines, le filon du Djado attire plus de 10 000 hommes. «Outre les orpailleurs, des vendeurs de nourriture, d’eau, d’essence, de charbon, d’outillage, d’animaux, de véhicules 4×4, de matériels et d’outillage s’installèrent à proximité du site principal, créant ex nihilo le marché le plus important au nord-est d’Agadez. Des restaurants, des salons climatisés équipés de téléviseurs et des centres de santé ont été créés grâce aux groupes électrogènes.» Mais l’or attire aussi des bandits, des officiers, des hommes politiques ou des chefs traditionnels qui tentent de prélever une part du gâteau. «C’était sans foi ni loi, il y avait un racket généralisé. Les orpailleurs eux-mêmes le disaient, témoigne Emmanuel Grégoire. L’armée a fini par évacuer tout le monde.»
Le long de la frontière avec l’Algérie, le site de Tchibarakaten fonctionne, lui, à plein régime. Là-bas, l’or n’y affleure pas, il faut creuser des puits à plusieurs dizaines de mètres et concasser la roche. Le gisement s’étire sur le sol algérien, que les orpailleurs viennent en catimini gratter la nuit (ils remplissent leurs véhicules de résidus abandonnés dans d’anciennes mines) avant de rapporter la roche le plus discrètement possible côté nigérien. Elle est ensuite traitée par «des gens expérimentés venus du Burkina Faso ou du Mali», des Etats qui ont une activité minière historique. Le site de Tchibarakaten est étroitement contrôlé par les Touaregs, «dont beaucoup d’ex-rebelles reconvertis». Ce qui explique sans doute pourquoi Niamey a maintenu le site ouvert jusqu’à aujourd’hui.
(1) «Ruées vers l’or au Sahara : l’orpaillage dans le désert du Ténéré et le massif de l’Aïr».
Au Tchad, des sites hors de contrôle
Trois sites majeurs ont vu affluer les orpailleurs au Tchad : Miski (en 2012), dans le massif du Tibesti ; Kouri Bougoudi (en 2012), près de la Libye ; puis le Batha (en 2016), dans le centre du pays. «Des villes nouvelles de plusieurs milliers d’habitants ont surgi en plein désert, des deux côtés de la frontière, décrit un rapport de l’institut Small Arms Survey (1). L’eau nécessaire était acheminée au moyen de camions citernes depuis la Libye ; les vivres, groupes électrogènes, détecteurs de métaux et autres appareils utilisés pour l’orpaillage ainsi que le mercure ont essentiellement été importés.»
Les techniques apprises au Darfour sont répliquées dans le Tibesti. D’abord, l’extraction de la roche, le plus souvent dans des puits des deux à trois mètres de diamètre, qui peuvent dépasser les 50 mètres de profondeur. Puis le concassage, et le broyage à l’aide de «moulins chinois». Ensuite, la décantation du sable dans des bassins de mercure. Enfin, la combustion du mercure pour en détacher l’or. «Les Soudanais ont la réputation d’être les meilleurs nettoyeurs, explique Raphaëlle Chevrillon-Guibert, chercheuse à l’Institut de recherche pour le développement. Leur expertise est prisée dans tout le Sahara.»
A la différence du Soudan, le Tchad a vu d’un mauvais œil le développement de cette activité qui échappe totalement à son contrôle, dans une zone historiquement rebelle. Les tensions entre les populations touboues du Tibesti et les orpailleurs zaghawas (l’ethnie du président tchadien, Idriss Déby) ont à plusieurs reprises dégénéré en affrontements armés. Le gouvernement a officiellement interdit l’exploitation, mais celle-ci se poursuit de manière clandestine. En août, des hélicoptères et des avions de l’armée tchadienne ont bombardé les zones aurifères de Miski et Kouri Bougoudi.
(1) «Les Toubous dans la tourmente : présence et absence de l’Etat dans le triangle Tchad-Soudan-Libye», 2017.
Au Soudan, les origines du boom
C’est dans le nord du Darfour que la première ruée vers l’or a été localisée, entre 2011 et 2012. «L’orpaillage existait depuis des années, mais il y a soudain eu un moment de folie, raconte Raphaëlle Chevrillon-Guibert, chercheuse à l’Institut de recherche pour le développement. Au même moment, d’autres régions soudanaises ont aussi connu un boom, les Etats du Nord, du Nil et de la mer Rouge, mais c’était essentiellement de l’orpaillage nomade.» L’exploitation aurifère est à l’époque encouragée par le gouvernement soudanais, «qui comptait beaucoup sur l’or au moment de la partition [le Soudan du Sud est devenu indépendant en 2011, ndlr] pour remplacer la rente pétrolière», explique le chercheur indépendant Jérôme Tubiana : «Khartoum y voyait une source potentielle de devises et a commencé à mettre en place un système d’achat centralisé.»
Le gisement de Jebel Amir a été «le premier épicentre de l’orpaillage», décrit Jérôme Tubiana. En janvier 2013, des miliciens janjawids que Khartoum a armés et utilisés pour écraser les rebelles du Darfour ont affronté des combattants locaux issus d’autres tribus arabes pour le contrôle de cette «énorme mine» où travaillaient «une centaine de milliers d’orpailleurs». L’extrême violence des combats, qui ont fait des centaines de morts, a provoqué une vague de départs. Parmi les déplacés, des prospecteurs qui iront tenter leur chance au Tchad voisin.
Le Soudan est l’Etat de la région qui a poussé le plus loin son projet aurifère : il est notamment le seul à avoir inauguré une raffinerie - qui permet d’exporter l’or selon des normes internationales standardisées - et a décrété un monopole étatique sur les ventes à l’étranger. Le pays tente d’attirer les investisseurs en réformant son code minier. Sans vraiment y parvenir, jusqu’à présent. Aujourd’hui, «Khartoum entre dans la phase de l’industrialisation», estime Raphaëlle Chevrillon-Guibert. En moins de dix ans, le Soudan est devenu le troisième producteur du continent. Mais 90 % de son or est extrait de façon artisanale.
Cet article, d'octobre 2018 est une bonne synthèse de situation concernant le sujet de l'orpaillage dans toute la région occidentale de l'Afrique. Je l'ai trouvé intéressant. Si si, je ne sais pas encore quoi en faire, mais il faut le lire quand même. On ne sait jamais.
Voice of America Afrique (30/11/2018) : L’exploitation de l'or au centre d’une dispute au Tchad
André Kodmadjingar
André Kodmadjingar
Soldats tchadiens dans la région du Tibesti, le 28 mars 1999. |
Les cadres de la province du Tibesti en proie à la violence accusent le gouvernement de profiter de la menace des rebelles dans cette région du nord pour faire taire ceux qui s’opposent à toute exploitation clandestine de l’or.
Le nouveau découpage administratif et l’exploitation anarchique de l’or créent des mécontentements dans le nord du Tchad.
La population de la zone de Tibesti est entre le marteau des rebelles qui menacent le fauteuil du président Déby et l’enclume des individus se réclamant du régime au pouvoir qui exploitent l’or de façon clandestine.
Un nouveau découpage administratif rattache la zone productrice de l’or à une autre province.
Pour se faire entendre, les habitants de la localité se sont constitués en groupe d’autodéfense afin de contrecarrer l’exploitation illégale de ce noble métal.
Le nouveau découpage administratif et l’exploitation anarchique de l’or créent des mécontentements dans le nord du Tchad.
La population de la zone de Tibesti est entre le marteau des rebelles qui menacent le fauteuil du président Déby et l’enclume des individus se réclamant du régime au pouvoir qui exploitent l’or de façon clandestine.
Un nouveau découpage administratif rattache la zone productrice de l’or à une autre province.
Pour se faire entendre, les habitants de la localité se sont constitués en groupe d’autodéfense afin de contrecarrer l’exploitation illégale de ce noble métal.
L'ex
sous-préfet de Yébibou Molly Sougui, actuel porte-parole d'un groupe d'autodéfense à Miski, le 30/11/2018. (André Kodmadjingar) |
"Depuis l’apparition de l’or à Miski, M. Déby et ses proches voudraient à tout prix exploiter cette richesse. C’est ce que nous n’acceptons pas. Le comité d’autodéfense dont je suis le porte-parole n’a pas de revendications spécifiques, sinon l’exploitation dans un cadre légal de l’Etat avec le respect de code minier. Nous n’avons aucun lien avec quelque groupe que ce soit. Nous sommes une population civile. Nous défendons notre honneur et notre dignité", se plaint l’ex-sous-préfet de Yébibou, Molly Sougui, qui a démissionné de son poste et qui dirige aujourd’hui le comité d’autodéfense.
Pour Djiddi Allahi Mahamat, député du département de Tibesti Ouest, ce problème ne peut être réglé que si le gouvernement reconsidère sa position et applique le code minier.
"C’est le département d’Emi Koussi qui a été rattaché à la province du Borkou qui a posé ce problème. Donc, nous souhaitons régler le problème d’une manière légale. Parce qu’il faut tenir compte de l’éloignement du lieu. On a adopté il y a quelques mois le coder minier. Je pense que si nous respectons les termes, le problème sera réglé de manière définitive", affirme M. Mahamat.
Ce qui se passe dans le Tibesti ressemble à la guerre de David contre Goliath, estime Ahmat Ramadan, un jeune cadre de la localité.
"Le seul responsable de ces hostilités, c’est le gouvernement. Là, je le dis très sincèrement. Avant la découverte de l’or, le gouvernement tchadien les ignorait. Vous partez à Miski, il n’y a aucune structure éducative et sanitaire. Il n’y a rien du tout. Comme les gens s’opposent à la volonté du régime au pouvoir, on débarque avec une colonne de plus de cent véhicules pour nettoyer la population. C’est vraiment honteux qu'un gouvernement responsable aille bombarder sa propre population", s’indigne le jeune Ramadan.
Pour Djiddi Allahi Mahamat, député du département de Tibesti Ouest, ce problème ne peut être réglé que si le gouvernement reconsidère sa position et applique le code minier.
"C’est le département d’Emi Koussi qui a été rattaché à la province du Borkou qui a posé ce problème. Donc, nous souhaitons régler le problème d’une manière légale. Parce qu’il faut tenir compte de l’éloignement du lieu. On a adopté il y a quelques mois le coder minier. Je pense que si nous respectons les termes, le problème sera réglé de manière définitive", affirme M. Mahamat.
Ce qui se passe dans le Tibesti ressemble à la guerre de David contre Goliath, estime Ahmat Ramadan, un jeune cadre de la localité.
"Le seul responsable de ces hostilités, c’est le gouvernement. Là, je le dis très sincèrement. Avant la découverte de l’or, le gouvernement tchadien les ignorait. Vous partez à Miski, il n’y a aucune structure éducative et sanitaire. Il n’y a rien du tout. Comme les gens s’opposent à la volonté du régime au pouvoir, on débarque avec une colonne de plus de cent véhicules pour nettoyer la population. C’est vraiment honteux qu'un gouvernement responsable aille bombarder sa propre population", s’indigne le jeune Ramadan.
Djiddi Allahi Mahamat, député du département du Tibesti, le 30/11/2018. (André Kodmadjingar) |
Ahmat Mahamat Bachir, ministre en charge du Commerce, des mines et du développement industriel, affirme à VOA Afrique que le code minier ne sera appliqué que lorsque le gouvernement aura maîtrisé la situation dans cette partie du pays.
"Le gouvernement a fait un découpage sur l’ensemble du territoire national. Si le problème ne s’est pas posé ailleurs, je me demande bien pourquoi il se pose à Miski? Le code minier, c’est une loi qui est là. Quand la sécurité sera assurée à 100% dans les zones où se trouvent les mines d’or, c’est le code minier qui sera mis devant pour réglementer cette activité", justifie le ministre Mahamat Bachir.
Trois chefs de cantons de la sous-préfecture de Yébibou qui ont contesté le morcèlement de leur localité sont non seulement révoqués de leur fonction mais leurs circonscription ont été dissoutes par un décret présidentiel.
Amusant quand même de constater qu'en plein milieu du Sahara il y a des territoires qui se plaignent pour des questions relatives à l'aménagement du territoire et tout ça. En fait, c'est un peu comme si on pouvait constater que chaque coin du Monde a ses gilets jaunes.
Deutsche Welle (3/12/2018) : La bataille pour les mines d’or continue au nord du Tchad
"Le gouvernement a fait un découpage sur l’ensemble du territoire national. Si le problème ne s’est pas posé ailleurs, je me demande bien pourquoi il se pose à Miski? Le code minier, c’est une loi qui est là. Quand la sécurité sera assurée à 100% dans les zones où se trouvent les mines d’or, c’est le code minier qui sera mis devant pour réglementer cette activité", justifie le ministre Mahamat Bachir.
Trois chefs de cantons de la sous-préfecture de Yébibou qui ont contesté le morcèlement de leur localité sont non seulement révoqués de leur fonction mais leurs circonscription ont été dissoutes par un décret présidentiel.
Amusant quand même de constater qu'en plein milieu du Sahara il y a des territoires qui se plaignent pour des questions relatives à l'aménagement du territoire et tout ça. En fait, c'est un peu comme si on pouvait constater que chaque coin du Monde a ses gilets jaunes.
Deutsche Welle (3/12/2018) : La bataille pour les mines d’or continue au nord du Tchad
"Nous sommes obligés de nous cacher"... (Comité d'auto défense) Vidéo accessible sur la page de l'article |
Le pouvoir est accusé d'intensifier sa lutte et de chasser par la force les habitants dans une zone aurifère de la région de Tibesti.
Des photos publiés sur le compte twitter du Comité d'auto-défense de Miski montrent des hélicoptères de l'armée tchadienne pour prouver que les attaques aériennes se poursuivent.
Des photos publiés sur le compte twitter du Comité d'auto-défense de Miski montrent des hélicoptères de l'armée tchadienne pour prouver que les attaques aériennes se poursuivent.
Contacté par la DW, le porte parole du gouvernement tchadien Oumar Yaya Hissein, a néanmoins démenti ce type d’attaque.
Au coeur du conflit se trouvent des mines d'or découvertes dans la région de Tibesti, au nord du pays. Ceux qui soutiennent le peuple de Miski affirment que le pouvoir de N'Djamena chercherait à établir un contrôle total sur ces mines.
Pour le Colonel Rozi Lasso, ancien officier de l'armée tchadienne et désormais un des chefs du comité d'auto-défense, « le gouvernement ne veut pas que les habitants de Miski exploitent l'or. Ils ont donc tué beaucoup de personnes civiles. Les survivants se sont cachés dans des grottes. Pourtant, nous ne sommes pas des rebelles, pas des fuyards. Nous ne faisons que de nous défendre. Toute la région est minée. Nous sommes obligés de nous cacher sur place. »
De son côté, le gouvernement reconnaît avoir fait usage de "l'exercice de la puissance publique" pour déloger les habitants de ces mines.
Cet usage de la force est contre productif, selon Charfadine Galmache, porte-parole du Comité d'auto-défense de Miski. « Si le gouvernement veut exploiter l'or, explique M. Galmache, il ne faut pas envoyer l'armée. On ne chasse pas les gens, on ne les déplace pas. Cela se passe dans un cadre juridique, environnemental et politique qui doit entourer cette exploitation. On ne ferme aucune porte. Le dialogue, c'est la meilleure alternative. La guerre ne résout rien. Les gens sont prêts à descendre du maquis. Si le gouvernement est dans cette optique, les gens sont prêts à négocier dès demain. »
Le conflit dans la province du Tibesti devient de plus en plus complexe. Les forces gouvernementales sont désormais contraintes d'affronter deux groupes à la fois : le Comité d'auto-défense de Miski, mais aussi la rébellion dite Conseil du commandement militaire pour le salut de la République (CCSMR).
Il faut diversifier nos sources pour avoir plus, et de bonnes infos. La Deutsche Welle, allemande comme son nom l'indique, a l'avantage de fournir une information neutre sur le terrain des actualités en zone africaine francophone. Donc on nous explique ici que le porte parole du gouvernement tchadien dément les attaques visant des populations civiles paisibles. Ce qu'on sait pourtant être une réalité.
Ce qui rend l'affaire un peu singulière, puisque les populations locales veulent bien travailler, gagner leur vie, fort modestement quand on sait ce que gagnent les orpailleurs artisanaux, mais plutôt que de leur proposer un encadrement qui favoriserait une économie minière productrice de richesses à partager avec l'économie nationale, il semble que le gouvernement tchadien agisse pour exclure tout acteur local. On se demande bien dans quel but ? Il existerait des exécutifs dans certains pays qui n'ont pas toutes les bonnes intentions d'agir pour leur peuple ?
Libération (21/1/2019) : Alexandre Benalla, pour tout l’or du Tchad
Thomas Dietrich
Au coeur du conflit se trouvent des mines d'or découvertes dans la région de Tibesti, au nord du pays. Ceux qui soutiennent le peuple de Miski affirment que le pouvoir de N'Djamena chercherait à établir un contrôle total sur ces mines.
Pour le Colonel Rozi Lasso, ancien officier de l'armée tchadienne et désormais un des chefs du comité d'auto-défense, « le gouvernement ne veut pas que les habitants de Miski exploitent l'or. Ils ont donc tué beaucoup de personnes civiles. Les survivants se sont cachés dans des grottes. Pourtant, nous ne sommes pas des rebelles, pas des fuyards. Nous ne faisons que de nous défendre. Toute la région est minée. Nous sommes obligés de nous cacher sur place. »
De son côté, le gouvernement reconnaît avoir fait usage de "l'exercice de la puissance publique" pour déloger les habitants de ces mines.
Cet usage de la force est contre productif, selon Charfadine Galmache, porte-parole du Comité d'auto-défense de Miski. « Si le gouvernement veut exploiter l'or, explique M. Galmache, il ne faut pas envoyer l'armée. On ne chasse pas les gens, on ne les déplace pas. Cela se passe dans un cadre juridique, environnemental et politique qui doit entourer cette exploitation. On ne ferme aucune porte. Le dialogue, c'est la meilleure alternative. La guerre ne résout rien. Les gens sont prêts à descendre du maquis. Si le gouvernement est dans cette optique, les gens sont prêts à négocier dès demain. »
Le conflit dans la province du Tibesti devient de plus en plus complexe. Les forces gouvernementales sont désormais contraintes d'affronter deux groupes à la fois : le Comité d'auto-défense de Miski, mais aussi la rébellion dite Conseil du commandement militaire pour le salut de la République (CCSMR).
Il faut diversifier nos sources pour avoir plus, et de bonnes infos. La Deutsche Welle, allemande comme son nom l'indique, a l'avantage de fournir une information neutre sur le terrain des actualités en zone africaine francophone. Donc on nous explique ici que le porte parole du gouvernement tchadien dément les attaques visant des populations civiles paisibles. Ce qu'on sait pourtant être une réalité.
Ce qui rend l'affaire un peu singulière, puisque les populations locales veulent bien travailler, gagner leur vie, fort modestement quand on sait ce que gagnent les orpailleurs artisanaux, mais plutôt que de leur proposer un encadrement qui favoriserait une économie minière productrice de richesses à partager avec l'économie nationale, il semble que le gouvernement tchadien agisse pour exclure tout acteur local. On se demande bien dans quel but ? Il existerait des exécutifs dans certains pays qui n'ont pas toutes les bonnes intentions d'agir pour leur peuple ?
Libération (21/1/2019) : Alexandre Benalla, pour tout l’or du Tchad
Thomas Dietrich
Seconde audition d'Alexandre Benalla au Sénat, à Paris ce lundi. Photo Albert Facelly pour Libération |
Quel était le véritable objet du voyage de l'ancien garde du corps du président Macron au Tchad ? La question reste entière, malgré l’audition de l’intéressé devant une commission sénatoriale ce lundi. C’est peut-être en direction de la nouvelle manne du pays, l’or du Tibesti, qu’il faut chercher la raison de cette mission qui a suscité le scandale.
Tribune. Ils s’appelaient Galmaye Derdimi et Hassan Kelle Lony. Ce n’était pas des enfants de chœur, loin de là. Il y a une dizaine d’années, ils avaient participé aux grandes rébellions qui, de l’est du Tchad, avaient fondu sur la capitale, N’Djamena. Leur rêve de gloire et de richesse s’était brisé à 300 mètres du palais présidentiel, sous le feu de l’armée française venue à la rescousse du potentat local, Idriss Déby. Après l’éparpillement de la rébellion, ils s’étaient retrouvés comme deux joueurs plumés au arbatachar, le poker tchadien. Alors, quand ils avaient appris l’existence de gisements d’or au Tibesti, cette immense région désertique et montagneuse de l’extrême-nord, ils n’avaient pas hésité. Avec leurs dernières économies, ils avaient acheté un peu de matériel artisanal, pas grand-chose, juste de quoi extraire quelques pépites. Comme des centaines d’autres, ils s’étaient installés à Kouri Bougoudi, une ville minière non loin de la frontière tchado-libyenne. Les conditions de vie y sont rudes. Le vent souffle en rafales et le sable griffe les visages. Le matin, un froid mordant engourdit les corps, avant que ne tombe une insoutenable chaleur, comme un couvercle sur une casserole en fonte.
Il n’y a pas d’eau à Kouri Bougoudi, l’or bleu est convoyé par citernes et certains jours, quand le ravitaillement n’arrive pas, il se négocie presque plus cher que l’or jaune. Mais tout de même, pour les deux comparses, c’était le Pérou. Les pépites se trouvaient là, à portée de main, il ne fallait pas creuser bien profond pour les dénicher et les vendre une petite fortune. Et puis, il y eut cette aube terrible du 13 septembre. Les orpailleurs entendirent d’abord un bruit au loin, un brassement d’air saccadé et hypnotique, et quand ils comprirent enfin que c’était des pales d’hélicoptères, c’était déjà trop tard, les aéronefs étaient entrés en action, ils mitraillaient le camp des orpailleurs, on les avait envoyés pour tuer. Quand enfin les deux hélicoptères s’éloignèrent, les survivants relevèrent les corps sans vie de Galmaye Derdimi et de Hassan Kelle Lony. Ils avaient succombé à une attaque surprise de l’armée tchadienne.
Au bord de la faillite
Pour comprendre le bombardement de Kouri Bougoudi mais aussi la visite d’Alexandre Benalla au Tchad, il faut revenir bien en arrière. Le président tchadien Idriss Déby est arrivé au pouvoir en 1990, avec l’appui opérationnel de la DGSE. Déby, ancien élève de l’Ecole de guerre à Paris, s’est vite découvert des talents d’autocrate, à tel point que le magazine The Economist le considère comme le pire dictateur du continent africain. Pourtant, le militaire aurait pu être une sorte de Kadhafi sahélien et offrir à son pays une prospérité que l’exploitation des champs pétrolifères de Doba permet, en théorie. Il n’en fut rien. Déby et son entourage, principalement composé de Soudanais issus du même clan zaghawa que lui, ont fait main basse sur l’or noir, comme le souligne un rapport de Swissaid de 2017. La population, quant à elle, continue de végéter dans la misère. Le Tchad est actuellement classé 186e sur 189 à l’indice de développement humain des Nations unies.
Mais ce qui stupéfie encore davantage, c’est qu’à l’heure actuelle, le régime tchadien ne tire pratiquement plus aucun bénéfice de l’exploitation de son pétrole, qui se monte pourtant à 170 000 barils par jour. La faute à un colossal imbroglio qui oppose l’Etat à Glencore, sulfureux négociant anglo-suisse en matières premières. En 2014, Déby entend racheter les parts de l’américain Chevron dans le consortium qui exploite le pétrole tchadien. Il emprunte alors 1,36 milliard de dollars (1,12 milliard d’euros) à Glencore, qui doit se rembourser «en nature», en prélevant une part du pétrole exploité. Problème : le prix du baril chute drastiquement dans les mois qui suivent et les hydrocarbures extraits ne suffisent plus à couvrir les échéances de remboursement ; d’autant que les caisses publiques demeurent désespérément vides.
Selon les Panama Papers, le clan au pouvoir aurait détourné 10,76 milliards de dollars pour les placer dans des paradis fiscaux. Début 2018, le Tchad est au bord de la faillite. Déby sabre le salaire des fonctionnaires d’un tiers, mais il ne récolte rien d’autre qu’une grève générale. Glencore ne desserre pas l’étau, réclamant un remboursement immédiat de l’argent prêté. C’est alors que la France vole encore une fois au secours de Déby. Il faut dire que Paris a de tout temps considéré le Tchad comme sa chasse gardée. N’Djamena est le siège de l’opération Barkhane et Déby a rendu de bons et loyaux services dans la lutte contre les jihadistes au Mali. L’ancien employeur d’Emmanuel Macron, la banque Rothschild, est missionné pour appuyer l’Etat tchadien dans les négociations avec Glencore. Le 23 février, au plus fort de la contestation sociale, un accord est trouvé. Le soldat Déby est sauvé. Mais le coup est passé près.
Impitoyable répression
Dès lors, l’homme fort du Tchad se met en quête d’autres sources de revenus. Et un rapport du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) va éveiller son intérêt. Pendant trois ans, les experts de cet organisme public français ont cartographié les ressources minières de l’ensemble du territoire. Dans la région du Tibesti, ils ont découvert des quantités incommensurables d’or. Certes, depuis 2012, des orpailleurs creusaient de manière artisanale les premières couches du sous-sol mais personne ne pouvait s’imaginer les trésors que la terre aride du Tibesti contient en son sein. Dès lors, la fièvre de l’or ne quitte plus le Palais rose, la présidence tchadienne. Mais avant que des multinationales ne s’installent dans les zones aurifères et ne puissent exploiter de manière industrielle le précieux métal, il faut chasser les orpailleurs qui s’y sont installés. C’est précisément à ce moment-là, en août, que les bombardements de l’aviation tchadienne commencent. Mais les orpailleurs ne s’en laissent pas compter et prennent les armes, s’alliant avec les rebelles du CCMSR (Conseil de commandement militaire pour le salut de la République). La population Toubou, elle aussi, se soulève, se fédérant en comités d’autodéfense.
Des villes comme Yebbibou ou Miski chassent l’armée régulière de leurs murs. Il faut dire que le Tibesti, malgré sa faible population (environ 30 000 habitants), est coutumier des insurrections. Et les Toubou ne veulent pas être les grands oubliés de la ruée vers l’or, réclamant leur part du butin, mais aussi des routes, des centres de santé, des écoles, tout ce dont le pouvoir central les a toujours privés. En face, le régime répond par une impitoyable répression. Au cours des mois de novembre et décembre, l’aviation tchadienne bombarde à de multiples reprises la ville de Miski, ôtant indistinctement la vie à des insurgés du comité d’autodéfense mais aussi à des femmes et des enfants. Un convoi de mariage est même attaqué. Le 12 janvier, des mercenaires soudanais sont envoyés par le régime pour anéantir les derniers orpailleurs de Kouri Bougoudi. Pour Déby, il ne s’agit pas seulement de faire taire des doléances économiques, mais bien de procéder à ce que d’aucuns, sur place, n’hésitent plus à qualifier d’épuration ethnique. Quoi qu’il en soit, le régime tchadien tente désespérément de reprendre pied dans une région qui l’inquiète de par ses velléités insurrectionnelles et sa proximité avec la frontière libyenne, un véritable triangle des Bermudes en plein désert où se croisent trafiquants, mercenaires et rebelles.
Diplomatie de l’ombre
Dans ce conflit secret, l’armée française n’est jamais loin. Ses drones fournissent aux forces tchadiennes de précieux renseignements sur les mouvements des comités d’autodéfense dans une région qui ne compte pas un seul jihadiste. La France approvisionne en carburant l’armée tchadienne, à hauteur de 4 millions d’euros par an. C’est une information officielle, connue. Ce qui est moins rendu public, c’est que ce carburant alimente certainement les hélicoptères qui s’en vont massacrer des civils dans le Tibesti. A Faya-Largeau, à un peu moins de 500 kilomètres de la ligne de front, un hôpital de campagne est tenu par des médecins tricolores et les blessés des forces régulières s’y font soigner. Et l’on ne peut s’empêcher d’établir un parallèle avec les heures les plus sombres de la Françafrique, lorsque Paris appuyait la répression des insurgés camerounais de l’UPC ou le génocide des Tutsis au Rwanda, quand Paris oubliait d’être, selon la formule de Clemenceau, «un soldat de l’humanité» pour fermer les yeux sur des crimes contre cette même humanité. Car l’Elysée sait ce qui se passe au Tibesti, il n’ignore rien de cette sordide guerre de l’or auquel Alexandre Benalla va se retrouver également mêlé.
Dans ce pan de l’affaire, l’homme-clé n’est pas l’ancien garde du corps de Macron mais bien son nouveau mentor, Philippe Hababou Solomon. L’homme d’affaires israélien est un habitué du Palais rose, où Déby le reçoit en ami. Et Hababou Solomon le lui rend bien : il a récemment joué les missi dominici pour réconcilier le Tchad avec deux Etats. Le Qatar tout d’abord, pour qui Hababou Solomon travaille en tant que consultant, cultivant sa proximité avec la famille de l’émir Tamim al-Thani. Israël, ensuite. Même si des mercenaires liés au Mossad travaillent depuis 2006 au Palais rose où ils sont affectés à la cellule d’écoutes téléphoniques, les relations diplomatiques entre le Tchad et l’Etat hébreu étaient rompues depuis 1972. Le lien s’est reconstitué à la faveur d’un séjour de Déby à Tel-Aviv, fin novembre. A cette occasion, le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a consenti d’importantes ventes d’armes au président tchadien, notamment des véhicules blindés RAM MK, indispensables à la «pacification» du Tibesti.
Fin novembre, moins d’une semaine après le retour du président tchadien en provenance d’Israël, c’est au tour d’Hababou Solomon d’atterrir à N’Djamena, en compagnie d’Alexandre Benalla. La visite est aussi courtoise qu’intéressée. Hababou Solomon vient chercher sa rétribution pour ses bons offices, sa diplomatie de l’ombre au Qatar et en Israël. La délégation de dirigeants de la société turque Sur International qui les accompagne et qui vient vendre des uniformes militaires est un leurre, une couverture. Hababou Solomon et Benalla ont des ambitions de Rockfeller plutôt que de fripiers. Au soir du 3 décembre, Hababou Solomon annonce à Déby que des investisseurs qataris proches de l’émir sont prêts à se lancer dans l’extraction de l’or du Tibesti.
Les Qataris ne sont pas des néophytes en la matière. En 2014, ils avaient déjà participé à l’exploitation de l’or du Batha, une région du centre du pays. Là, l’affaire promet d’être encore plus juteuse. Le montage est simple : une joint-venture domiciliée en Turquie mais à capitaux qataris, Barer Holding, doit discrètement prendre le contrôle d’une société fantôme, Sogem SA, qui dispose déjà d’un agrément étatique pour exploiter l’or depuis le 11 avril. Il faut dire que la Sogem SA est contrôlée en sous-main par des proches de Déby, notamment son neveu et grand argentier, Abderrahmane Mahamat Itno, alias «Bedey». En échange, Barer Holding s’engage à apporter la mise de fonds pour démarrer l’exploitation aurifère. La joint-venture pourra ensuite s’approprier 65 % des bénéfices, 35 % allant au clan Déby.
Atout maître
Dans la négociation, l’ancien garde du corps d’Emmanuel Macron a été plus qu’un intermédiaire. Il s’est révélé atout maître. Car Déby en est persuadé : en s’adressant à Benalla, il parle à l’oreille d’Emmanuel Macron. Est-ce réellement le cas ? Emmanuel Macron a-t-il fait de son ancien garde du corps l’instrument d’une diplomatie parallèle ? Pourtant, l’Elysée a toujours affirmé tout ignorer de l’équipée de Benalla en terre tchadienne, passeports diplomatiques en poche. Quoi qu’il en soit, les 22 et 23 décembre, le président français s’est rendu à N’Djamena et a affiché un soutien indéfectible à Déby. Sans un mot bien entendu pour la tragédie qui se déroule dans le nord, loin des caméras. Pendant ce temps, la ville de Miski n’a pas cessé d’être assiégée, Kouri Bougoudi d’être un théâtre d’affrontements et chaque matin sur les montagnes acérées d’un Tibesti-martyr, d’une région bientôt envahie par les pelleteuses des multinationales de l’or, se lève une aube encore plus rouge que la veille.
Contactés par Libération, Alexandre Benalla et Philippe Hababou Solomon n’ont pas donné suite.
Ah ... je me demande ce que peut bien vouloir dire Thomas Dietrich dans sa tribune. Je ne comprends pas tous les tenants et aboutissants de cette histoire abracadabrantesque.
Et donc, Alexandre Benalla, toujours plus talentueux serait partie prenante dans tous ces trucs ? Bon c'est pas clair tout ça.
J'adore cette phrase "en s’adressant à Benalla, il parle à l’oreille d’Emmanuel Macron". Il aurait pas dû s'appeler Alexandre, mais Louis ?
Tribune. Ils s’appelaient Galmaye Derdimi et Hassan Kelle Lony. Ce n’était pas des enfants de chœur, loin de là. Il y a une dizaine d’années, ils avaient participé aux grandes rébellions qui, de l’est du Tchad, avaient fondu sur la capitale, N’Djamena. Leur rêve de gloire et de richesse s’était brisé à 300 mètres du palais présidentiel, sous le feu de l’armée française venue à la rescousse du potentat local, Idriss Déby. Après l’éparpillement de la rébellion, ils s’étaient retrouvés comme deux joueurs plumés au arbatachar, le poker tchadien. Alors, quand ils avaient appris l’existence de gisements d’or au Tibesti, cette immense région désertique et montagneuse de l’extrême-nord, ils n’avaient pas hésité. Avec leurs dernières économies, ils avaient acheté un peu de matériel artisanal, pas grand-chose, juste de quoi extraire quelques pépites. Comme des centaines d’autres, ils s’étaient installés à Kouri Bougoudi, une ville minière non loin de la frontière tchado-libyenne. Les conditions de vie y sont rudes. Le vent souffle en rafales et le sable griffe les visages. Le matin, un froid mordant engourdit les corps, avant que ne tombe une insoutenable chaleur, comme un couvercle sur une casserole en fonte.
Il n’y a pas d’eau à Kouri Bougoudi, l’or bleu est convoyé par citernes et certains jours, quand le ravitaillement n’arrive pas, il se négocie presque plus cher que l’or jaune. Mais tout de même, pour les deux comparses, c’était le Pérou. Les pépites se trouvaient là, à portée de main, il ne fallait pas creuser bien profond pour les dénicher et les vendre une petite fortune. Et puis, il y eut cette aube terrible du 13 septembre. Les orpailleurs entendirent d’abord un bruit au loin, un brassement d’air saccadé et hypnotique, et quand ils comprirent enfin que c’était des pales d’hélicoptères, c’était déjà trop tard, les aéronefs étaient entrés en action, ils mitraillaient le camp des orpailleurs, on les avait envoyés pour tuer. Quand enfin les deux hélicoptères s’éloignèrent, les survivants relevèrent les corps sans vie de Galmaye Derdimi et de Hassan Kelle Lony. Ils avaient succombé à une attaque surprise de l’armée tchadienne.
Au bord de la faillite
Pour comprendre le bombardement de Kouri Bougoudi mais aussi la visite d’Alexandre Benalla au Tchad, il faut revenir bien en arrière. Le président tchadien Idriss Déby est arrivé au pouvoir en 1990, avec l’appui opérationnel de la DGSE. Déby, ancien élève de l’Ecole de guerre à Paris, s’est vite découvert des talents d’autocrate, à tel point que le magazine The Economist le considère comme le pire dictateur du continent africain. Pourtant, le militaire aurait pu être une sorte de Kadhafi sahélien et offrir à son pays une prospérité que l’exploitation des champs pétrolifères de Doba permet, en théorie. Il n’en fut rien. Déby et son entourage, principalement composé de Soudanais issus du même clan zaghawa que lui, ont fait main basse sur l’or noir, comme le souligne un rapport de Swissaid de 2017. La population, quant à elle, continue de végéter dans la misère. Le Tchad est actuellement classé 186e sur 189 à l’indice de développement humain des Nations unies.
Mais ce qui stupéfie encore davantage, c’est qu’à l’heure actuelle, le régime tchadien ne tire pratiquement plus aucun bénéfice de l’exploitation de son pétrole, qui se monte pourtant à 170 000 barils par jour. La faute à un colossal imbroglio qui oppose l’Etat à Glencore, sulfureux négociant anglo-suisse en matières premières. En 2014, Déby entend racheter les parts de l’américain Chevron dans le consortium qui exploite le pétrole tchadien. Il emprunte alors 1,36 milliard de dollars (1,12 milliard d’euros) à Glencore, qui doit se rembourser «en nature», en prélevant une part du pétrole exploité. Problème : le prix du baril chute drastiquement dans les mois qui suivent et les hydrocarbures extraits ne suffisent plus à couvrir les échéances de remboursement ; d’autant que les caisses publiques demeurent désespérément vides.
Selon les Panama Papers, le clan au pouvoir aurait détourné 10,76 milliards de dollars pour les placer dans des paradis fiscaux. Début 2018, le Tchad est au bord de la faillite. Déby sabre le salaire des fonctionnaires d’un tiers, mais il ne récolte rien d’autre qu’une grève générale. Glencore ne desserre pas l’étau, réclamant un remboursement immédiat de l’argent prêté. C’est alors que la France vole encore une fois au secours de Déby. Il faut dire que Paris a de tout temps considéré le Tchad comme sa chasse gardée. N’Djamena est le siège de l’opération Barkhane et Déby a rendu de bons et loyaux services dans la lutte contre les jihadistes au Mali. L’ancien employeur d’Emmanuel Macron, la banque Rothschild, est missionné pour appuyer l’Etat tchadien dans les négociations avec Glencore. Le 23 février, au plus fort de la contestation sociale, un accord est trouvé. Le soldat Déby est sauvé. Mais le coup est passé près.
Impitoyable répression
Dès lors, l’homme fort du Tchad se met en quête d’autres sources de revenus. Et un rapport du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) va éveiller son intérêt. Pendant trois ans, les experts de cet organisme public français ont cartographié les ressources minières de l’ensemble du territoire. Dans la région du Tibesti, ils ont découvert des quantités incommensurables d’or. Certes, depuis 2012, des orpailleurs creusaient de manière artisanale les premières couches du sous-sol mais personne ne pouvait s’imaginer les trésors que la terre aride du Tibesti contient en son sein. Dès lors, la fièvre de l’or ne quitte plus le Palais rose, la présidence tchadienne. Mais avant que des multinationales ne s’installent dans les zones aurifères et ne puissent exploiter de manière industrielle le précieux métal, il faut chasser les orpailleurs qui s’y sont installés. C’est précisément à ce moment-là, en août, que les bombardements de l’aviation tchadienne commencent. Mais les orpailleurs ne s’en laissent pas compter et prennent les armes, s’alliant avec les rebelles du CCMSR (Conseil de commandement militaire pour le salut de la République). La population Toubou, elle aussi, se soulève, se fédérant en comités d’autodéfense.
Des villes comme Yebbibou ou Miski chassent l’armée régulière de leurs murs. Il faut dire que le Tibesti, malgré sa faible population (environ 30 000 habitants), est coutumier des insurrections. Et les Toubou ne veulent pas être les grands oubliés de la ruée vers l’or, réclamant leur part du butin, mais aussi des routes, des centres de santé, des écoles, tout ce dont le pouvoir central les a toujours privés. En face, le régime répond par une impitoyable répression. Au cours des mois de novembre et décembre, l’aviation tchadienne bombarde à de multiples reprises la ville de Miski, ôtant indistinctement la vie à des insurgés du comité d’autodéfense mais aussi à des femmes et des enfants. Un convoi de mariage est même attaqué. Le 12 janvier, des mercenaires soudanais sont envoyés par le régime pour anéantir les derniers orpailleurs de Kouri Bougoudi. Pour Déby, il ne s’agit pas seulement de faire taire des doléances économiques, mais bien de procéder à ce que d’aucuns, sur place, n’hésitent plus à qualifier d’épuration ethnique. Quoi qu’il en soit, le régime tchadien tente désespérément de reprendre pied dans une région qui l’inquiète de par ses velléités insurrectionnelles et sa proximité avec la frontière libyenne, un véritable triangle des Bermudes en plein désert où se croisent trafiquants, mercenaires et rebelles.
Diplomatie de l’ombre
Dans ce conflit secret, l’armée française n’est jamais loin. Ses drones fournissent aux forces tchadiennes de précieux renseignements sur les mouvements des comités d’autodéfense dans une région qui ne compte pas un seul jihadiste. La France approvisionne en carburant l’armée tchadienne, à hauteur de 4 millions d’euros par an. C’est une information officielle, connue. Ce qui est moins rendu public, c’est que ce carburant alimente certainement les hélicoptères qui s’en vont massacrer des civils dans le Tibesti. A Faya-Largeau, à un peu moins de 500 kilomètres de la ligne de front, un hôpital de campagne est tenu par des médecins tricolores et les blessés des forces régulières s’y font soigner. Et l’on ne peut s’empêcher d’établir un parallèle avec les heures les plus sombres de la Françafrique, lorsque Paris appuyait la répression des insurgés camerounais de l’UPC ou le génocide des Tutsis au Rwanda, quand Paris oubliait d’être, selon la formule de Clemenceau, «un soldat de l’humanité» pour fermer les yeux sur des crimes contre cette même humanité. Car l’Elysée sait ce qui se passe au Tibesti, il n’ignore rien de cette sordide guerre de l’or auquel Alexandre Benalla va se retrouver également mêlé.
Dans ce pan de l’affaire, l’homme-clé n’est pas l’ancien garde du corps de Macron mais bien son nouveau mentor, Philippe Hababou Solomon. L’homme d’affaires israélien est un habitué du Palais rose, où Déby le reçoit en ami. Et Hababou Solomon le lui rend bien : il a récemment joué les missi dominici pour réconcilier le Tchad avec deux Etats. Le Qatar tout d’abord, pour qui Hababou Solomon travaille en tant que consultant, cultivant sa proximité avec la famille de l’émir Tamim al-Thani. Israël, ensuite. Même si des mercenaires liés au Mossad travaillent depuis 2006 au Palais rose où ils sont affectés à la cellule d’écoutes téléphoniques, les relations diplomatiques entre le Tchad et l’Etat hébreu étaient rompues depuis 1972. Le lien s’est reconstitué à la faveur d’un séjour de Déby à Tel-Aviv, fin novembre. A cette occasion, le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a consenti d’importantes ventes d’armes au président tchadien, notamment des véhicules blindés RAM MK, indispensables à la «pacification» du Tibesti.
Fin novembre, moins d’une semaine après le retour du président tchadien en provenance d’Israël, c’est au tour d’Hababou Solomon d’atterrir à N’Djamena, en compagnie d’Alexandre Benalla. La visite est aussi courtoise qu’intéressée. Hababou Solomon vient chercher sa rétribution pour ses bons offices, sa diplomatie de l’ombre au Qatar et en Israël. La délégation de dirigeants de la société turque Sur International qui les accompagne et qui vient vendre des uniformes militaires est un leurre, une couverture. Hababou Solomon et Benalla ont des ambitions de Rockfeller plutôt que de fripiers. Au soir du 3 décembre, Hababou Solomon annonce à Déby que des investisseurs qataris proches de l’émir sont prêts à se lancer dans l’extraction de l’or du Tibesti.
Les Qataris ne sont pas des néophytes en la matière. En 2014, ils avaient déjà participé à l’exploitation de l’or du Batha, une région du centre du pays. Là, l’affaire promet d’être encore plus juteuse. Le montage est simple : une joint-venture domiciliée en Turquie mais à capitaux qataris, Barer Holding, doit discrètement prendre le contrôle d’une société fantôme, Sogem SA, qui dispose déjà d’un agrément étatique pour exploiter l’or depuis le 11 avril. Il faut dire que la Sogem SA est contrôlée en sous-main par des proches de Déby, notamment son neveu et grand argentier, Abderrahmane Mahamat Itno, alias «Bedey». En échange, Barer Holding s’engage à apporter la mise de fonds pour démarrer l’exploitation aurifère. La joint-venture pourra ensuite s’approprier 65 % des bénéfices, 35 % allant au clan Déby.
Atout maître
Dans la négociation, l’ancien garde du corps d’Emmanuel Macron a été plus qu’un intermédiaire. Il s’est révélé atout maître. Car Déby en est persuadé : en s’adressant à Benalla, il parle à l’oreille d’Emmanuel Macron. Est-ce réellement le cas ? Emmanuel Macron a-t-il fait de son ancien garde du corps l’instrument d’une diplomatie parallèle ? Pourtant, l’Elysée a toujours affirmé tout ignorer de l’équipée de Benalla en terre tchadienne, passeports diplomatiques en poche. Quoi qu’il en soit, les 22 et 23 décembre, le président français s’est rendu à N’Djamena et a affiché un soutien indéfectible à Déby. Sans un mot bien entendu pour la tragédie qui se déroule dans le nord, loin des caméras. Pendant ce temps, la ville de Miski n’a pas cessé d’être assiégée, Kouri Bougoudi d’être un théâtre d’affrontements et chaque matin sur les montagnes acérées d’un Tibesti-martyr, d’une région bientôt envahie par les pelleteuses des multinationales de l’or, se lève une aube encore plus rouge que la veille.
Contactés par Libération, Alexandre Benalla et Philippe Hababou Solomon n’ont pas donné suite.
Ah ... je me demande ce que peut bien vouloir dire Thomas Dietrich dans sa tribune. Je ne comprends pas tous les tenants et aboutissants de cette histoire abracadabrantesque.
Et donc, Alexandre Benalla, toujours plus talentueux serait partie prenante dans tous ces trucs ? Bon c'est pas clair tout ça.
J'adore cette phrase "en s’adressant à Benalla, il parle à l’oreille d’Emmanuel Macron". Il aurait pas dû s'appeler Alexandre, mais Louis ?
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